Pour mon second billet de ma nouvelle rubrique spécialisée sur les comédies romantiques, une semaine après celui de la semaine qui a plutôt bien marché, j'ai eu envie de m'interesser à "Un peu, beaucoup, aveuglèment" sorti en DVD chez Orange Studio depuis le 15 septembre dernier.
J'avais très envie de voir ce premierpassage de Clovis Cornillac derrière la camèra d'autant plus que ce premier long métrage a connu un beau petit succès en salles à sa sortie le 6 mai dernier ( plus de 500000 entrées, alors que le film est sorti juste avant le festival de Cannes, autrement dit pas le moment idéal pour déployer ses ailes), ainsi que plus étonnament un beau succès critique, la presse étant particulièrement bienvaillante avec le premier long de l'ami Clovis.
Il faut dire que le projet est assez surprenant, voir le lyonnais Clovis Cornillac - qui garde une belle cote sur Lyon, malgré la concurrence d'Alexandre Astier dans ce domaine, qui s’est fait plus rare ces dernières années, se lancer donc aujourd’hui dans la réalisation, dans un genre où on ne l'attendait pas forcément, à savoir la comédie romantique.
Et le film m'intriguait d'autant plus que d'après ce qu'il en a dit un peu partout en promo, Cornillac avait visiblement opté pour des choix de mise en scène interessants et totalement assumés pour signer une comédie fraîche et pétillante, loin des standarts de la comédie française lambda, cheap et sans idées.
A la vision de ce Un peau beaucoup aveuglement, je dois dire que mes attentes n'ont pas forcément été comblées : certes, le film bénéficie d'une belle idée de départ ( ces deux personnes obligées de cohabiter dans deux appartements parisiens séparés par une cloison qui ne filtre pratiquement aucun élément sonore.) et d'une image et d'une lumière soignéée, mais malheureusement le film laisse un peu sur sa faim.
Cette idée originale n'est malheureusement pas autant exploitée qu'on ne l'aimerait, sauf en de rares occasions, comme cette scène de diner à l'aveugle vraiment ingénieuse une idée qu'on aurait aimé voir décliner à foison dans ce scénario qui se contente de rester dans un huis clos théatral un peu paresseux.
On aurait aimé plus d'inventivité, un ton un peu plus décalé, au lieu de cette histoire qui devient assez vite répétitive d'autant plus que les personnages ont du mal à sortir de leurs stéréotypes de départ, que ce soit l'ours mal léché joué par Cornillac ou la jeune femme un peu rigide qui va peu à peu apprendre à se décoincer. Ces personnages pourraient être très interessants à suivre vu qu'ils ne suivent pas les rails des conventions sociales, et cultivent un point commun pour la culture, mais hélas, ils souffrent d'une écriture un peu trop superficielle pour toucher vraiment .
Heureusement, ce personnage de jeune fille coincée est jouée par la ravissante Mélanie Bernier qui illumine de son charme ce film, qui bénéficie également d'un bon casting pour les seconds roles, dont le deschien Philippe DUQUENNE, le bon pote un peu bonne poire, ou Lilou FOGLI ( compagne à la ville de Cornillac et qui a co scénarisé le film) en bourgeoise dévergondée et légèrement nymphomane sur les bords, même si là encore, leurs personnages auraient gagné à être plus nuancé.
Bref ce "un peu beaucoup auveuglement" reste éminement plaisante à regarder, mais ne méritait sans doute pas autant d'éloges. à moins que dans le marasme ambiant de la production cinématographique française, le degrès d'exigence de tout un chacun ait diminué... la question reste en suspens.
"Un peu, beaucoup, aveuglement" de Clovis Cornillac