Tobie Nathan, une passion égyptienne
Par Eglal Errera
Au Proche-Orient, le destin des langues est souvent plus heureux que celui des êtres. Il en va ainsi de l’arabe et du français tels qu’ils furent autrefois parlés en Egypte, notamment, et tels qu’ils permettent encore de raconter une histoire commune. De part et d’autre de la Méditerranée, ceux qui sont restés et ceux qui sont partis écrivent des romans qui se font écho, dans la vitalité comme dans la mélancolie. « Si j’ai quitté l’Egypte, l’Egypte ne m’a jamais quitté. Quelquefois je pense que c’est seulement mon ombre qui est partie, alors que moi je suis resté là-bas, seul, errant, comme durant ma jeunesse », écrit Tobie Nathan, né au Caire en 1948, exilé neuf ans plustard, dans son magnifique nouveau roman, Ce pays qui te ressemble. Rejoignant Alaa El-Aswany, Albert Cossery, Andrée Chédid ou encore Paula Jacques, expulsée du pays, comme lui, à l’apogée du nassérisme, Tobie Nathan se fait la voix du petit peuple du Caire. L’histoire commence au bord du…