[Autour d'un café ...] - Auteur, blogueur, éditeur, part.1

Par Nyxshadow @Lectures_Nyx

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L'idée a mijoté quelques temps sous mon crâne avant que je ne me décide à écrire. J'ai d'abord réfléchis dans mon coin avant d'avoir l'envie de vous partager mes réflexions pour également connaître vos opinions. Même si vous êtes en total désaccord avec moi, je trouve que ça pourrait être une discussion très intéressante.
J’ai demandé à des blogueurs et des auteurs de me donner leur opinion sur un certain nombre de points qui m’intriguaient. Autant pour satisfaire ma curiosité que la vôtre et même la leur ! En effet, ce sont rarement des sujets dont on parle librement (on n’y pense peu également) et du coup il y a des inconnus des deux côtés. Si jamais d’autres questions, d’autres sujets vous intéressent de la même manière, je serai ravie de renouveler l’expérience. Pas tout de suite (cela prend un peu de temps ^^) mais je le referai.
D’abord je me suis intéressée aux avis en général. Comment se positionne-t-on face aux avis publiés sur internet lorsque l’on est auteur, éditeur ou blogueur ; qu’ils soient positifs ou négatifs, quels sont nos motivations, nos buts, nos ressentis ? Comment servent-ils ?Petite précision, je ne parle pas ici des SPs, je reviendrai sur ce point un peu plus tard. 
J’ai trouvé intéressant de constater qu’au premier abord un auteur et un chroniqueur ne se positionnaient pas du tout de la même manière face aux avis internet (quels qu’ils soient). En effet, ce qui ressort en premier de vos retours c’est que vous chroniquez avant tout pour vous, pour garder une trace de vos lectures et de vos ressentis, puis pour les autres – partager ses impressions pour aider d’autres personnes à trouver des romans à lire. Jamais n’est évoquée l’envie de promouvoir un roman. Je ne doute pas que cela arrive parfois – face à un roman qui a peu de visibilité et que l’on a tout particulièrement apprécié, au-delà des volontés exprimées précédemment, on partage son avis également dans l’espoir d’augmenter la visibilité de ce titre (de cet auteur, de cette maison d’édition, de cette série, etc.). Mais quand vous réfléchissez à ce qui vous pousse à partager vos avis sur la toile, cela ne vous vient pas à l’esprit, alors qu’un auteur prend les avis comme un retour sur son travail (ce qui est normal me direz-vous !).
Globalement, les blogueurs partagent leur avis pour garder un souvenir de leur lecture (savoir où on en est dans une série ou garder une trace de notre ressenti) avec un goût prononcé pour la littérature en général : on parle de plusieurs livres et non plus d’un livre en particulier. Même les sites et forums qui avaient émergés en se spécialisant sur une série (ou un auteur) ont fini par se développer et à parler de bien d’autres livres – dans un genre similaire ou non. Le goût de l’échange – même avec des personnes d’avis contraires - prédomine largement sur l’envie de faire découvrir. Les blogueurs semblent vraiment être dans une mouvance de partage, de passion, plus que de publicité.Les avis (et c’est vrai pour des avis « amateurs » comme professionnels) permettent de savoir à quoi s’en tenir par rapport aux romans. Tant pour leur contenu que pour leur forme, on va consulter les avis de gens ayant lu le livre afin de savoir si ce dernier a des chances de nous satisfaire. Ils sont par nature subjectif, par conséquent, un blogueur ne s’imagine pas détenir la « vérité absolue ». On ne prétend pas connaître les intentions de l’auteur, mais on émet des hypothèses, des opinions. Cela n’engage que nous et on en est parfaitement conscient (je pense n’avoir jamais constaté qu’un blogueur, quel que soit sa renommée, se positionnait comme ayant le seul avis valable).D’une personne à l’autre, les visions et les attentes diffèrent. Par conséquent, les avis sur un titre seront différents, ainsi que les impressions et les réactions face aux avis des autres. Si on sait que l’on est proche d’un blogueur, par les goûts ou les attentes, on se fiera peut-être uniquement à son avis, mais rien n’est moins sûr. Il est déjà délicat de fixer de manière précise quels sont nos propres goûts et nos propres attentes, par conséquent il est encore plus délicat de trouver une personne avec les mêmes que nous. Néanmoins, ce « jeu des affinités » permet de faire déjà un premier affinage littéraire. On partage ainsi nos avis afin, entre autre, d’aider d’autre personnes à sélectionner des lectures.
Par la suite, on se fiera à cet unique avis, ou, plus vraisemblablement, on en consultera plusieurs afin de se faire une meilleure idée du livre. En effet, de par la diversité des goûts et des opinions, l’image que l’on se fera de la lecture sera plus précise. Que ces avis soient négatifs ou positifs, on sait alors à quoi s’attendre, de quel autre roman on pourra rapprocher cette (peut-être) future lecture. En contrepartie de la lecture de ces avis, on perd grandement la découverte, ce « saut dans l’inconnu » qui est toujours (pour moi) une part importante du bonheur de la lecture. On l’échange contre une certaine sécurité qui, en nous permettant de plus sélectionner nos prochains livres, augmente nos chances de faire une « bonne » lecture. 
Si on se penche sur les avis négatifs exclusivement, on remarque une certaine uniformité des réponses. Plusieurs raisons sont à l’origine de tels avis : on n’apprécie pas le livre en lui-même, on tente un genre qu’on n’aime pas ou peu, on n’adhère pas au message transmis, malgré une histoire ou des personnages attrayants, ou encore le livre est lu à une mauvaise période (cela m’arrive parfois, et ce n’est jamais facile à identifier ou à faire passer). Majoritairement, on reste dans notre cercle habituel dans le but d’éviter les avis négatifs (et de ne pas être déçu). Pas par peur des réactions (quoi que dans certaines périodes on puisse s’interroger sur ce point) mais parce qu’il n’est jamais facile ou plaisant de dire que l’on n’a pas aimé un livre. 
Outre le fait qu’il faut (parfois) ménager les susceptibilités, il faut identifier ce qui n’a pas fonctionné dans la lecture afin de conseiller au mieux en partageant son avis. N’oublions pas que, plus d’une fois, j’ai pu lire « tu n’as pas aimé, mais ton avis m’intrigue alors je vais essayer ce livre ». Du point de vue du blogueur, un avis négatif n’empêche pas (et ne doit pas empêcher) d’autres personnes de lire le livre. Personnellement, même s’il m’arrive d’écrire que je ne vous « recommande pas un titre », cela reste une opinion personnelle. Je ne vous force à rien, et libre à vous d’essayer et de ne pas être d’accord avec mon impression finale. Au contraire, j’aime parler avec vous de pourquoi nos opinions divergent.
Néanmoins, un point intéressant est qu’un avis négatif est parfois plus intéressant qu’un avis positif. Il peut même être un élément déterminant pour l’achat car il va mettre en avant des arguments et des attentes qui nous correspondent même si ce n’était pas le cas pour la personne qui fait la chronique. Alors qu’un avis positif sera plus vague, plus généraliste, un avis négatif rentrera plus facilement dans le détail et sera donc ainsi plus précieux pour le lecteur. L’important est de bien expliquer en quoi le livre n’a pas convaincu (dans la construction ou le ressenti) même si c’est parfois un exercice difficile. Il faut en effet essayer d’être le plus impartial et objectif possible, choses que l’on n’exige pas d’un avis positif ! Ne pas se laisser influencer par d’autres opinions ou a priori et garder l’esprit ouvert lorsqu’on s’aventure dans un genre nouveau/différent sont des difficultés supplémentaires pour le blogueurs. Il est évident que « je n’aime pas » est un bien mauvais point de départ pour une lecture, quelle qu’elle soit ! Bien sûr cela n’empêche pas quelques bonnes surprises, mais elles seront bien plus rares avec un tel état d’esprit.
Du côté des auteurs, évidemment, les choses sont un peu différentes. Là où nous lirons l’avis afin d’échanger et d’éventuellement déterminer si nous lirons ou pas le titre, l’auteur et l’éditeur vont eux avoir un retour sur ce qu’ils ont produits. La première chose qui est ressortie est qu’un avis, positif ou négatif, est toujours utile. Ils sont devenus incontournables sur internet, et prennent autant de « place » qu’un avis de la presse traditionnelle. Avec l’état actuel de la technologie, le partage se fait à une échelle toujours plus importante ce qui devient une vraie opportunité pour les auteurs et les éditeurs (ce qu’on appelle avec une certaine mauvaise foi de la « publicité gratuite ») : parler d’une œuvre lui apporte de la visibilité, même si la parole est « négative ». Comme dirait Jack Sparrow « au moins on vous a parlé de moi ».En plus d’être une aide pour les lecteurs, les avis que l’on trouve sur la toile permettent aux auteurs de s’écarter des retours « officiels » de la famille et des amis. Il est normal d’avoir des retours de tous types et tous sont intéressants à leur manière : un avis positif soulignera ce qui fonctionne dans le texte là où un avis plus mitigé pourra ouvrir une piste de réflexion sur un élément qui sera (peut-être) à revoir.
Intéressons-nous plus particulièrement à ces avis mitigé, un peu (voire beaucoup pour certains) négatifs. Ces avis se déclinent sous plusieurs formes, et l’une de ces catégories en particulier doit être tout de suite mise de côté. 
Certains sont, purement et simplement, ignorés par les auteurs même s’ils sont blessants et atteignent durement les artistes et parfois leurs éditeurs. Un avis négatif « pour le plaisir » (de blesser), manquant d’arguments (ou avec des arguments ridicules) va bien plus desservir son auteur que le livre. Le lecteur ne s’y trompera pas. Ce genre d’avis se trouve sur la toile (même s’ils ont peu de visibilité) et font du mal plus au moral qu’à la réputation du livre. Il est donc normal, à mon sens, que les acteurs du livre les ignorent. 
Mais au-delà de ces avis volontairement blessants, il y a d’autres chroniques qui peuvent parfois atteindre durement l’auteur sans que ce ne soit une volonté du blogueur. Certains auteurs, surtout lorsqu’ils débutent dans la diffusion de leurs œuvres pensent que ces avis sont une mauvaise chose, qu’ils discréditent le roman auprès de potentiels lecteurs. Avec le recul, eux aussi reconnaissent que c’est une réaction un peu naïve, normale mais naïve : on ne peut pas plaire à tout le monde ! S’il y a des personnes qui n’apprécient pas un livre, il y en a toujours pour aimer. Et d’expérience, il y a toujours plus d’avis positifs que d’avis négatifs.De plus, les avis négatifs peuvent ouvrir des pistes de réflexions pour l’auteur. 
Il faut savoir prendre du recul par rapport aux avis internet et ne pas les « mettre sous le tapis ». Ces chroniques peuvent apporter plus pour les futurs travaux de l’auteur qu’un avis positif, même si tous les auteurs sont d’accord pour dire que les avis positifs boostent un maximum. Ce sont ces avis qui ouvrent une période de remise en question : faut-il continuer dans la même voie ou au contraire changer de direction ?Car s’il y a une chose que l’on peut rapidement perdre de vue lorsque l’on chronique un livre, c’est que derrière le texte, il y a un auteur, un être humain. Il y a plusieurs heures de travail, parfois même des mois de recherches et de réflexions, sans compter les relectures et les corrections. Les auteurs qui m’ont répondus m’ont confié qu’ils s’interrogeaient beaucoup tant sur le fond que la forme de leur texte (par exemple : est-ce que le vocabulaire choisi permet de bien rendre l’ambiance voulue ?). Leur œuvre est intime, c’est un mélange de leurs envies, de leur vécu, parfois même de leur croyance et de leurs peurs. Par conséquent, à chaque fois que l’on chronique un texte, on critique aussi cette partie de l’auteur qu’il a versé dans le livre. C’est un point que l’on oublie peut-être un peu trop facilement lorsque l’on n’apprécie pas un livre. Quoi qu’il en soit, un blogueur ne pourra – au travers de sa chronique – que suggérer une piste de réflexion. En effet, c’est toujours à l’auteur d’avoir le dernier mot (et c’est bien normal !) mais surtout il n’a pas à justifier un choix scénaristique ou de personnage. Il a fait ce choix après réflexions en estimant que cela servait ce qu’il voulait faire ressortir dans son texte. Ce n’est donc pas au lecteur à remettre cette décision en question, mais il peut en revanche pointer du doigt une maladresse dans la forme – ou du moins suggérer que pour lui cela ne fonctionne pas.
On n’est parfois déçu lorsque l’on s’aventure à lire un genre que l’on n’apprécie pas (ou peu), mais les auteurs aussi s’essaient à ce genre de choses, ce qui rend leurs questionnements plus longs et difficiles ; je peux alors comprendre qu’ils se braquent face à un avis négatif.
Je souhaiterais évoquer une dernière chose : les débats (parfois très virulents) qui peuvent fleurir sur la toile après un avis négatif. Si un auteur n’a pas à justifier ses choix (même s’il peut en discuter avec ses fans s’il le souhaite) il devrait rester en retrait de ces discussions, oublier son « droit de réponse ». C’est difficile, mais intervenir peut faire beaucoup de tort à un auteur à qui l’on reprochera rapidement un manque de recul et d’humilité. C’est d’autant plus injuste que n’importe qui peut écrire n’importe quoi à propos d’un livre et être déplacé (ou méprisant/bas/blessant/inutile rayez la mention inutile).
Je pense – et cela n’engage que moi – qu’il est déjà délicat pour un blogueur d’intervenir dans un débat de ce type. Quand bien même on ne parle « qu’entre amis », internet est un lieu public où tout le monde peut intervenir, même des inconnus. Rapidement, une discussion peut « gagner » une aura plus large que prévue et donc dériver. On peut se retrouver avec des gens qui avancent des arguments non valables ou qui sont juste insultants. Dans ce cas-là, je crois qu’il faut tout simplement couper court à la discussion. Cela ne peut que s’aggraver et donc la discussion ne pourra plus évoluer. Ainsi, si je pousse mon raisonnement, s’il est déjà délicat pour un lecteur lambda de participer à ces débat, autant éviter à l’auteur de s’y embourber. Lui, et éventuellement son cercle proche, devraient alors prendre du recul et regarder ça de loin. Ce ne sont que des discussions qui finiront de toute façon par être oubliées, qui n’ont vocation qu’à brasser du vent, alors autant ne pas attiser les choses, non ?
Merci à Laetitia Constant et à Julie Nicey pour leur aide (relecture, avis, discussions).Merci également à Evenusia, Dana B. Chalys, Les Lectures de Mylène, Melisande, Stephane Soutoul et Juliette Di Cen pour leur aide inestimable :)Sans vous, rien n'aurait été possible ;)(et je pourrai ajouter merci à Chaton pour les critiques, Pierre pour m'avoir laissé le temps d'écrire et Deezer pour l'environnement ^^)