Le Cinéma je le vis avec un grand C.
Je l'ai étudié, écrit, tourné, visionné, incarné, vécu et la rupture n'aura jamais été totale quand j'ai choisi de faire des choix versant dans le familial à l'aube des années 2000.
Ce qui m'a aussi rendu moins tolérant quand je vois des films mal travaillés. Rien ne m'impressionne plus qu'une bonne histoire. Ce qui ne m'empêche pas de m'extasier devant des films comme
Sin City. Mais qui m'éloigne de tout Besson, qui tourne peut-être pas si mal mais écrit comme un ado de 14 ans.Je consomme encore aujourd'hui, depuis 2009 je dirais, beaucoup beaucoup de films. La plupart du temps seul. Et à des moments où je choisis de voyager dans la tête d'un auteur, d'un univers, d'une texture mentale, où je choisis de me prêter pendant 90, 100, 120 ou 160 minutes dans une proposition qui me transportera ailleurs ou me passera 100 pieds au dessus de la tête.
Je plonge avec bonheur dans les univers d'auteurs.
J'aime les histoires.J'aimes les images.
J'aime les idées.
Les trois ensemble ça donne du Cinéma.
Une fois par mois, en ouverture de celui-ci et jusqu'à la fin de l'année, je vous propose 10 films, pas obligatoirement les meilleurs, qui m'ont parlé quand je les ai visionnés. Il est possible que les films semblent concentrés sur des productions d'Amérique, mais étant américain, il ne faudra pas trop m'en tenir rigueur.
Je n'ai aussi pas tout vu quand même...
Voici 10 films des années 80 qui m'ont nourri de manière enrichissante.
Remake actualisé du film d'Howard Hawks de 1932, Oliver Stone, luttant contre une lourde dépendance à la cocaïne, scénarise cette arrivée aux États-Unis d'un exilé cubain, Tony Montana (Clin d'oeil de Stone à son sport préféré), sa montée dans le monde interlope et sa descente aux enfers. Spielberg aide son ami DePalma à tourner la brutale scène finale. Avec Al Pacino, une très jeune Michelle Pfeiffer, Steven Bauer, Mary Elizabeth Mastrantonio, Robbert Loggia et F.Murray Abraham. Très violent. Culte.
Do The Right Thing. 1989.
Spike Lee écrit son scénario en deux semaines sur la co-habitation entre un père et son fils, propriétaires d'une populaire pizzeria et la jeune et grouillante communauté noire, qui sont ses principaux clients. L'action se déroule le jour le plus chaud de New York et la tension entre Afro-américain et italo-américain prend de l'ampleur dans toute cette chaleur. Fight the power. Toujours très actuel comme sujet. Hot.
Un oenologue doit composer avec une maitresse insistante sur des plans d'avenir commun et un documentariste doit filmer une biographie d'un réalisateur qu'il méprise à tous les niveaux. L'habile écriture de Woody Allen suggère une relecture de Crimes & Châtiments de Dostoïevsky, avec une conclusion nettement différente. La scène de réunion entre Martin Landau et Woody Allen à la toute fin est un délice. Landau sera recompensé d'un Oscar pour ce film et Allen salué de deux nominations. Du rire au noir et vice-versa. Excellent,
Dead Poets Society. 1989.
Mes 17 ans semblent avoir été marquants au niveau des films, troisième film de suite issu de cette année 1989. Robin Williams donne vie à ce superbe John Keating, enseignant dans un collège pour garçon, qui vient révolutionner la vie d'adolescent et bouleverser les dogmes adultes, Difficile de ne pas être séduits par ses personnages qui avaient nos âges et par cet enseignant que nous souhaitions tous avoir. Inspirant.
Blue Velvet. 1986.
David Lynch est un homme très intelligent. Il se négocie un petit budget de seulement 6 millions (le plus petit du producteur Dino de Laurentiis) en échange d'une totale liberté artistique. Il tourne donc sans supervision, un projet 100% sien. Le premier montage dure à peu près 4 heures (!). Bien entendu, il est refusé. Film noir nous transposant dans le secrets des banlieues et ses habitants pleins de déséquilibres, Blue Velvet touche au complexe d'Oedipe. Le film introduit aussi des choses qui feront la signature Lynch pour les années à venir, les symboles, les éclairages qui suggèrent le passage de la réalité au rêve et vice-versa, les rideaux rouges, les gens cachés qui voient ou découvre quelque chose, l'étrangeté du moment, le mal psychotique, le voyeurisme, la musique. Fameusement Freudien.
The Shining. 1980.
Après avoir été déçu par le peu d'impact que son film Barry Lyndon avait eu, Stanley Kubrick (et surtout son producteur) voulait un succès public. Kubrick achète le livre d'un jeune auteur et le change à son goût. Ce film d'horreur faisant de multiples références à "l'homme sur la lune", au soeurs Burns et dont le script était souvent largement changé tout juste avant le tournage, est un bijou technique et Jack Nicholson, Shelley Duvall et Danny Lloyd, sont tout simplement brillant dans leur cauchemar. Hantant. Afin d'obtenir le bon ton pour son film, Kubrick avait visionné Eraserhead de David Lynch, peu de temps avant de tourner son film.
Blade Runner. 1982.
Visuellement parfait, l'adaptation de Ridley Scott d'une nouvelle de Phillip K. Dick est un chef d'oeuvre pour l'oeil. Film noir, autant que film d'action, drame et film de science-fiction, il opère sur des thèmes dystopiens qui étaient chers à J.G.Ballard dont je suis un très grand fan. La subtilité de l'impact de la technologie sur l'environnement était nettement en avance sur son époque. L'intelligence du traitement en fait une oeuvre immortelle, l'immortalité étant aussi un thème du film. Cyberpunk.
Reds. 1981.
Fasciné par la vie de John Reed, Warren Beatty offre une première version de son film (Originalement appelé Comrades) en 1969. Retravaillé de multiples fois, le documentaire, parsemé de moments incarnés dans la fiction, raflera l'Oscar de la meilleure réalisation (Beatty). Diane Keaton, dans la peau de Louise Bryant, y est absolument extraordinaire, jouant des scènes très difficiles qui la font passer de l'intellectuelle à l'hystérique, à la victime; de la femme forte, à la femme brisée, ce qu'elle a probablement aussi été pour vrai, son couple avec Beatty ne survivant pas le tournage. Mais à l'image, il s'agit d'un couple mythique. La scène de la gare me fait craquer chaque fois. Obsessivement politiquement engagé.
Cinema Paradiso. 1988.
Un jeune enfant Sicilien, Toto, se trouve une figure paternelle, une victime de ses coups pendables et un modèle en Alfredo, projectionniste du cinéma local de Bagheria en Sicile. Témoignage d'amour de Giusseppe Tornatore sur la naissance de son amour pour le cinéma et sur son apprentissage de la vie et chronique de la jungle qui peuplait le cinéma local du village. Le film alterne entre comédie et drame pour nous transporter sur une trame sonore fameuse de Morricone (père et fils). Oscar du meilleur film étranger. Philippe Noiret et le petit Salvatore Cascio crèvent l'écran. La scène finale nous arrachent une larme. Nostalgie postmoderniste.
The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover. 1989.
La production anglo-française se penche sur un restaurant supposé chic, mais qui tient une clientèle de truands agressive et tout à fait brutale, dont le leader tient sa femme en otage dans un mariage violent. Celle-ci se trouve un amant dans ce même restaurant et les rendez-vous alimentaires deviennent aussi des rendez-vous doux entre amants, avec la complicité du chef cuisinier, dont les employés sont torturés par le gangster en chef. Violence, scènes de nudité, cinématographie lascive, travelling langoureux, trame sonore parfaite de Micheal Nyman, jeux de couleurs fameux, jeune présence de Tim Roth et Ciaran Hinds, splendide Helen Mirren, Peter Greenaway nous préparait aux années à venir. Sensuel et sensationnel.
Mentions honorables: The Breakfast Club, Less Than Zero, Ferris Bueller's Day Off, Mad Max Beyond Thuderdome, Poltergeist, The Naked Gun, The Umbearable Lightness of Being, Platoon, Wall Street, When Harry Met Sally.