Un enfant de parents » inquiets » sur 2 développe une anxiété. Les parents anxieux risquent de projeter leur anxiété sur leurs enfants. Le principe d’une intervention familiale pour aider les parents à élever leurs enfants dans le calme, est confirmé comme efficace par cette étude de l’Université du Connecticut (UConn). Il reste à inciter ces parents anxieux à chercher de l’aide auprès des professionnels et à disposer des services de soutien nécessaires.
Deux études récentes ont confirmé le risque de développement de l’anxiété voire de troubles anxieux chez les enfants de parents eux-mêmes anxieux. La première étude, publiée également dans l’American Journal of Psychiatry a montré, sur des jumeaux, que les parents peuvent transmettre leur anxiété à leurs enfants jusqu’à affecter leur comportement, en écartant globalement les facteurs génétiques. La seconde étude, publiée dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS) a documenté, chez les familles de singes rhésus mais aussi chez leurs cousins humains, que des parents anxieux sont plus susceptibles d’avoir des enfants anxieux. Cette dernière étude accorde pour 35% la responsabilité de cette » transmission » parents-enfants de l’anxiété à l’histoire familiale et aux relations parents-enfants.
Ici, Golda Ginsburg, psychiatre à l’UConn confirme que sa pratique clinique lui a permis de constater que les enfants de parents inquiets sont à risque accru de développer eux-mêmes une anxiété. Avec ses collègues de l’Université Johns Hopkins, elle a testé une intervention de thérapie familiale d’une durée d’1 an dans le cadre d’une étude, portant au total sur 136 familles comportant au moins un parent atteint d’anxiété et au moins un enfant âgé de 6 à 13 ans.
ØL’expérience est concluante : seuls 9% des enfants des familles prises en charge ont développé l’anxiété, à un an, vs 21% des enfants du groupe témoin (ayant reçu des recommandations écrites) et vs 31% des enfants de familles non aidées, du tout.
La vulnérabilité des enfants de parents inquiets est donc bien une réalité, mais elle peut être prise en charge, explique l’auteur, à condition de pouvoir détecter les familles à risque. Les auteurs évaluent à 50% l’incidence de l’anxiété et des troubles anxieux chez les enfants de parents stressés ou inquiets. Cette anxiété chez l’enfant va se traduire par une difficulté de communication et de rencontre avec ses pairs, ou encore une réticence à essayer quelque chose de nouveau, comme goûter par exemple pour la première fois à un nouvel aliment. L’enfant peut développer un comportement d’évitement permanent, face à tout ce qui lui est inconnu ou de retrait dans la vie sociale. Bref, l’anxiété réduit considérablement ses facultés d’adaptation.
De l’exemple des parents : Les expériences qui façonnent l’équilibre de l’enfant, influent aussi sur ce risque de développement de l’anxiété chez l’enfant. Les expériences négatives, durant l’enfance, augmentent le risque de troubles anxieux. Mais ici les chercheurs insistent sur la composante » apprise » ou enseignée par inadvertance par des parents qui modélisent ce comportement. Bref, ces comportements appris et ces modes de pensée peuvent être modifiés par des interventions familiales.
Dans cette étude, les familles ont pu participer à 8 séances d’une heure, sur 2 mois, avec un thérapeute formé. Les familles qui ont participé à ces sessions ont appris à identifier les signes d’anxiété et les façons de les réduire. Notamment en apprenant à reconnaître quand une crainte est fondée et mérite l’attention.
Source: American Journal of Psychiatry 25 Sept, 2015 DOI:10.1176/appi.ajp.2015.14091178
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