Et non pas pigeonner qui, je vous le rappelle, peut autant signifier la mise en valeur d’une poitrine via un balconnet que le fait de duper quelqu’un. En même temps, avoir une poitrine pigeonnante résulte souvent d’un mécanisme qui cherche aussi à embobiner un éventuel soupirant. On reste donc dans le domaine de la tromperie.
Petite mise au point faite, revenons alors à nos pigeons, euh moutons.
Vigeonner. Un verbe donc. Et avant de vous en donner la définition, sachez que sur les 57 mots du mercredi que j’ai traité jusqu’ici, celui-ci risque fort d’être « le » mot dont vous aurez le moins l’utilité. Il va falloir être un champion du monde pour le placer à bon escient dans une conversation. Mais il a le mérite d’exister.
« Quand les patates seront à point et comme, d’outils, nous ne possédons point, nous vigeonnerons, avec nos poings ! » C’est ce qu’ont du se dire beaucoup de gens (enfin je suppose) vers la fin du XIXe siècle car le verbe fait son entrée dans le Littré dès 1872. Et même si ce terme n’est aujourd’hui plus employé, c’est là qu’on se rend (encore plus) compte que la langue française est très riche. Car avec ce simple vigeonner, on veut quand même juste dire « déraciner les patates avec les doigts« . Rien que ça.
J’ai cherché un éventuel lien avec le mot vigeon, mais ce dernier ne désigne qu’une espèce de canard d’Amérique. Donc, pas de rapport car le canard à l’orange, je dis oui, le canard aux olives, je suis d’accord, mais le canard aux patates, alors là, surement pas ! A la limite, on pourrait éventuellement en faire un manteau de ce vigeon…