Les ordinateurs ont remplacé le dialogue entre les gens, lesquels, d’ailleurs, se font de plus en plus rares à savoir lire et écrire. D’où la renaissance d’un métier oublié : scribe. C’est celui qu’exerce Anel, jeune femme qui semble être la protagoniste du roman. Enfin, on n’en est pas très sûr. Parmi les autres personnages : un nécrophage, nouvelle spécialité qui consiste à voler, sur les cadavres qui ont refait surface à la fonte des dernières glaces, les objets de valeur qui sont susceptibles d’être revendus ; un vieux berger qui illustre, à lui tout seul, à la fois le rajeunissement naturel et médicamenté des français, la fin des relations de couple au profit d’une consommation charnelle sans complexes, et le retour à la terre et à l’élevage dans la vallée de Chamonix ; un vieux clochard amateur obsessionnel de pigeons et un mystérieux Viktor Laszlo (excusez du peu !) dont on ne comprend pas bien quel est le but précis dans l’histoire.
L’histoire ? Impossible de vous l’expliquer, étant donné que je ne l’ai absolument pas comprise. Un micmac entre des manuscrits volés, un physicien amoureux des pigeons et les expériences scientifiques menées par des moines. On nous fait comprendre au fil des pages que, attention, il va y avoir une intrigue… et on l’attend. Longtemps. Quand, enfin, aux ¾ du livre, il se passe quelque chose, ce n’est tellement pas clair qu’on sombre dans la confusion la plus totale. On essaie de se raccrocher à ce qu’on peut pour rester suspendu au fil ténu qui nous relie à l’idée de l’auteur, mais, lorsqu’on croit être au seuil d’une résolution de l’intrigue, tout finit en eau de boudin. Du coup, l’enthousiasme qu’on a pu avoir au début du roman et qui nous avait fait dire que, bien joué, bien trouvé cet angle d’attaque, se transforme soudain en déception qui nous fait refermer le livre et le ranger au rayon brouillons des ouvrages de la bibliothèque. Il échappera à la poubelle parce qu’il contient des pages captivantes sur ce que pourrait être Chamonix en 2094 et parce qu’il se passe au pied du Mont Blanc, région toujours envoûtante. Cependant, l’arrière-goût de super idée mal exploitée nous laisse pantois.