Jean-Daniel Lévy : - 4 points pour le Premier ministre depuis mai, - 7 pour le Président de la République au cours de la même période, la confiance à l'égard de l'exécutif s'inscrit dans un cycle quasi-continu de baisse. En cette période de rentrée, si le niveau mesuré s'avère être plus élevé que l'an dernier à la même époque, la baisse apparait être particulièrement nette par rapport à la vague précédente auprès de trois populations lorsque l'on s'intéresse au Président de la République : les sympathisants socialistes (76%, -7 points), ceux du Front de Gauche (- 17, avec 24% à leur niveau le plus bas depuis 2012) ainsi que les catégories populaires (22%, - 13 points). Le Premier ministre, quant à lui, fait également face à une défection à Gauche (74%, -8 au PS, 30% - 10 au Front de Gauche). On le voit, la conférence de presse de François Hollande, qui avait reçu un accueil mesuré de la part des Français, n'a pas produit d'effets positifs en termes d'opinion. Rappelons que les annonces et prises de position n'ont pas été fortement restituées de la part des Français et que, lorsqu'ils les avaient en mémoire, celles-ci n'ont pas suscité de soutien.
2. Peut-on voir d'autres éléments d'explication ?Jean-Daniel Lévy : On peut remarquer que, dans le contexte actuel, les sujets marquants pour les Français ne sont pas tout à fait à l'avantage de la Gauche. Lorsqu'il est question de l'Islam, des migrants, des impôts, de l'insécurité, du chômage... l'exécutif s'avère - aux yeux des Français - plus subir l'actualité que la créer. Plus globalement ces sujets sont, généralement, plus favorables à la Droite qu'à la Gauche. Ajoutons à cela que les débats actuels sont souvent... internes à Gauche. Entre celui sur le temps de travail, les alliances à Gauche, les tensions au sein d'Europe-Ecologie Les Verts, les thèmes identifiés par les Français ne relèvent pas d'une conflictualité entre deux bords politiques. Tout ceci participe de la fragilisation de l'exécutif tant on sait que si les Français ne réfutent pas le débat, ils attendent déjà une action politique cohérente et entrainante.
3. Emmanuel Macron at-il bien fait de prendre des positions iconoclastes ?Jean-Daniel Lévy : Avec 4 points de progression et la confiance recueillie par 43% des Français, Emmanuel Macron est le 4ème ministre le plus apprécié (et le 11ème chez les sympathisants socialistes). Il atteint un niveau inégalé depuis janvier dernier. Reste que cette évolution est le fait des personnes... se situant à Droite sur l'échiquier politique : +11 points chez Les Républicains (52%) alors qu'il en perd 16 au Parti Socialiste (48%) et qu'il reste toujours un repoussoir parmi les proches du Front de Gauche (15% seulement). Le Ministre de l'économie a ainsi la particularité d'être le seul ministre à générer plus de confiance à Droite (57%) qu'à Gauche (42%).
4. Cela veut-il dire que nous assistons à une repolarisation Gauche/Droite ?Jean-Daniel Lévy : Pas tout à fait. On peut ainsi observer que, dans la liste des personnalités préférées des personnes se situant à Gauche sur l'échiquier politique, deux relèvent de la Droite (Alain Juppé) ou du centre (François Bayrou). Et que la personnalité dans laquelle la confiance est la plus grande (Martine Aubry) adopte des positions pour le moins tranchées. En revanche, à Droite, point de salut pour les personnalités de Gauche. La première personne de Gauche en qui les personnes de ce côté de l'échiquier accordent leur confiance est Anne Hidalgo avec 15%, seulement, d'accueil favorable.
On observe donc des proches de la Gauche plus enclins à accorder leur confiance à des personnalités de Droite et du Centre que le contraire.