Une précédente étude, publiée dans la revue Nature, avait affecté un type de neurones spécifique aux décisions quotidiennes sur l’opportunité d’y « aller ou non ». Les chercheurs du Cold Spring Harbor Laboratory montraient alors en effet sur la souris, que l’activation de ces 2 types distincts de neurones inhibiteurs, dits » neurones à somatostatine » et » neurones à parvalbumine » est étroitement corrélée avec le début et la fin d’un comportement de recherche alimentaire. Cette nouvelle étude, menée par une équipe de l’Inserm révèle un tout autre mécanisme, ancré dans la mémoire qui nous apporte une sécurité basée sur des souvenirs déterminants pour la survie.
Face à un danger, chaque individu doit faire un choix décisif. Ce type de décision » simple » peut déterminer son destin, rappelle le Communiqué de l’Inserm. Parmi les mécanismes neurologiques qui contribuent à nous aider à choisir le bon comportement, qui va s’inspirer des expériences passées en particulier des souvenirs aversifs, fréquemment accompagnés de réponses physiologiques telles que la peur ou la fuite.
L’habénula, une zone centrale du cerveau, de la taille d’un petit pois, a déjà été documentée comme la zone qui » héberge » le pressentiment ou la peur de l’avenir. Son rôle crucial dans la prise de décision a également déjà été suggéré. Ici, les chercheurs de l’Inserm font la lumière sur le système endocannabinoïde des neurones de l’habénula, qui met en jeu les récepteurs cannabinoïdes de type 1, cible des composants psychoactifs principaux du cannabis.
Lorsque les chercheurs conditionnent des souris pour qu’elles réagissent à certains signaux de danger, les souris ayant un déficit en récepteurs cannabinoïdes dans l’habénula semblent vaccinées contre la peur qui envahit des souris normales. En cause, un dysfonctionnement de l’habénula causé par un déséquilibre dans la neurotransmission lié aux niveaux d’une molécule, l’acétylcholine.
C’est donc la démonstration du rôle du système endocannabinoïde dans l’habénula, qui en modulant sélectivement l’acétylcholine dans les circuits neuronaux impliqués, contrôle l’influence des souvenirs douloureux ou aversifs. Un processus de contrôle impliqué dans l’ensemble des troubles anxieux ou les addictions.
Une nouvelle cible thérapeutique en puissance donc, dans la prise en charge de ces pathologies.
Source: Communiqué Inserm Should I stay or should I go?* De l’importance des souvenirs aversifs et du système endocannabinoïdeet Neuron Sept 2015 DOI : 10.1016/j.neuron.2015.08.035 Habenular CB1 Receptors Control the Expression of Aversive Memories