La Commission des normes du travail australienne a récemment déterminé que le fait de retirer un collègue de sa liste d’amis Facebook pouvait contribuer à une campagne d’intimidation.
La Fair Work Commission, un tribunal spécialisé à la fois dans l’application des lois liées à l’emploi et des relations de travail en Australie, s’est prononcée la semaine dernière l’affaire de Rachæl Roberts, une agente immobilière qui alléguait avoir été la cible d’une campagne d’intimidation par ses collègues de travail, Lisa Bird, responsable aux ventes, et son mari James Bird, propriétaire de l’agence.
Avoir retiré la poursuite de la liste d’amis Facebook de l’accusée a pesé dans la balance aux yeux de la Fair Work Commission.
Parmi la vingtaine d’incidents rapportés par Roberts, dont des attaques et des insultes directes de la part du couple Bird, un geste posé par l’accusée a contribué à la détresse de la poursuite : Lisa Bird a retiré Rachæl Roberts de ses amis Facebook.
On aurait été en droit à s’attendre à ce que la Commission fasse abstraction de cet aspect dans son jugement. Néanmoins, l’incident a pesé dans la balance de la décision rendue par la Fair Work Commission.
«Ce geste posé par Mme Bird témoigne d’un manque de maturité émotionnelle et est une indication d’un comportement déraisonnable, similaire à ceux sur lesquels j’ai déjà tiré des conclusions», a déclaré Nicole Wells, vice-présidente de la Fair Work Commission qui jugeait l’affaire.
«Je suis d’avis que Mme Bird a pris la première occasion de tirer un trait sur sa relation avec Mme Roberts le 29 janvier 2015, lorsqu’elle l’a retirée de sa liste d’amis Facebook, puisqu’elle n’aimait pas Mme Roberts et préférait ne pas avoir à faire avec elle.»
Mise en situation
Le plus étrange demeure le contexte dans lequel l’incident est survenu. En effet, selon ce que rapporte le média australien News, Roberts a raconté que Lisa Bird l’aurait traitée de «vilaine petite écolière rapporteuse» dans le cadre d’une réunion de travail après que Roberts lui ait demandé pourquoi aucune de ses propriétés n’était affichée dans la vitrine de l’entreprise.
À la fin de la réunion, James Bird aurait ordonné à ce que Roberts demeure assise dans la salle alors que la victime s’apprêtait à quitter les lieux.
Une fois dans sa voiture et dans un état très affligé suite à cette réunion, Roberts a voulu vérifier si Lisa Bird avait commenté l’événement sur Facebook, avant de s’apercevoir qu’elle avait été éjectée des amis de la harceleuse.
Essentiellement, le fait que Lisa Bird n’ait pas laissé la porte ouverte à de potentiels nouveaux statuts ciblant Roberts a joué contre elle. Par conséquent, il aurait été préférable pour elle de laisser cette relation amicale fictive subsister, tout en cessant (évidemment) les insultes à l’endroit de la plaignante.
Un précédent?
Bien entendu, l’intimidation est un sujet très délicat, et l’on ignore à quel point cet aspect de la décision pourrait être utilisé comme un précédent dans le cadre de prochaines plaintes déposées devant la Commission des normes du travail australienne.
Si le geste à lui seul ne semble pas être suffisant pour constituer une forme d’intimidation, les échos de cette nouvelle pourraient inciter certains Australiens à ne pas accepter leurs collègues de travail sur Facebook, au risque de devoir composer avec de potentielles plaintes à leur endroit, qu’elles soient fondées ou non.