Nous en entendons de plus en plus souvent parler : premièrement télémédecine, télésanté, désormais e-santé… mais qu’en est-il vraiment ?
Nous vous proposons un petit tour d’horizon, un voyage dans le temps sur une pratique médicale qui n’est pas si nouvelle que ça mais qui depuis quelques années déjà se développe de manière importante. Quand à débuter la pratique de la télésanté ? Quelles sont les inventions d’aujourd’hui qui occuperont le quotidien de demain ?
L’histoire de la télémédecine un lien direct avec les télécommunications
Avant même de rentrer dans le vif de notre sujet, il faut commencer par le définir plus clairement. Pour ce faire voici la définition de l’OMS datant de 1997 :
« La télémédecine est la partie de la médecine qui utilise la transmission par télécommunication d’informations médicales (images, comptes-rendus, enregistrements, etc.), en vue d’obtenir à distance un diagnostic, un avis spécialisé, une surveillance continue d’un malade, une décision thérapeutique ».
Une autre définition, cette fois-ci de la Commission Européenne, peut également nous être utile :
« L’expression «télésanté» recouvre les différents instruments qui s’appuient sur les technologies de l’information et de la communication pour faciliter et améliorer la prévention, le diagnostic, le traitement et le suivi médicaux ainsi que la gestion de la santé et du mode de vie. »
Ces deux définitions mettent donc l’accent sur un aspect fondamental de la télémédecine c’est-à-dire la télécommunication. Dans ces deux termes nous retrouvons également le même suffixe « télé » qui nous vient du grec et signifie « loin ».
Ces deux définitions nous permettent par conséquent de situer la première expérience de télémédecine avec l’invention du téléphone en 1876. Plus officiellement, il faudra attendre 1905 et la transmission d’une électrocardiographie (ECG) par Willem Einthoven, physiologiste néerlandais qui fut prix Nobel de physiologie ou médecine en 1924.
Les expériences vont ensuite se multiplier de plus en plus et pour ne citer que l’unes d’entre elles nous pouvons nommer la transmission d’images radio grâce à une ligne téléphonique en 1948, suivie en 1959 par la première consultation psychiatrique à l’aide d’un réseau vidéo spécialisé. Enfin, l’une des plus emblématiques expériences du XXI Siècle : l’ « Opération Lindbergh ». Il s’agit d’une opération chirurgicale (cholecystectomie : ablation de la vésicule biliaire) réalisée par un chirurgien français (le professeur Jacques Marescaux) se trouvant à New York sur une patiente présente dans l’Hôpital civil de Strasbourg. Première mondiale en télé-chirurgie.
Les domaines d’application de la télémédecine
La télémédecine ou télésanté concerne de nombreux domaines d’application : cette nouvelle approche de la médecine est en train de révolutionner considérablement la relation de tous les acteurs concernés aussi bien les médecins que les patients eux-mêmes ou encore les institutions. En effet, avec la télémédecine c’est l’information qui se déplace et qui est disponible où et quand on le souhaite et non plus l’inverse.
La télémédecine est utilisée aujourd’hui sous forme de téléassistance pour fournir des conseils thérapeutiques par exemple, sous forme de télésurveillance pour surveiller à distance divers aspects santé d’un patient, sous forme de télédiagnostique et téléchirurgie pour une pratique totale d’un acte médical ou chirurgical.
La télésanté permet également aux professionnels d’échanger des informations entre eux, d’organiser la circulation de données médicales dans un cyber-réseau dédié à la santé tout comme de permettre aux patients d’avoir accès à leur dossier de santé directement.
L’e-santé bientôt au quotidien ?
La suite logique de la télémédecine grâce à l’invention d’internet et sa popularisation a donné naissance à une nouvelle façon de prendre soin de soi : l’e-santé traduction du terme anglais « e-Health ». Cette dénomination serait apparue pour la première fois en 1999 durant le septième Congrès International de Télémédecine. Pour la définir simplement on pourrait dire qu’il s’agit de la « télémédecine connectée ».
Cette nouvelle façon d’aborder la santé a dès ses début intéressé le monde médical et c’est en 2000 que le terme apparait officiellement dans l’Hexagone : les hôpitaux demandaient au Ministère de la Santé de développer divers projets d’e-santé.
Si ces débuts furent au final plutôt lents en France ce secteur est aujourd’hui en pleine expansion et pour cause : les déserts médicaux s’agrandissent et se multiplient, le système de santé traditionnel n’arrive plus à suivre la cadence : il faut toujours faire plus avec moins de moyens. Au final, c’est le patient mais également le professionnel de santé qui en payent les conséquences désastreuses.
Les possibilités de l’e-santé sont telles que désormais les pouvoirs publics s’y intéressent énormément et la considère comme « priorité nationale ». L’essai du check@flash, un fauteuil connecté permettant de fournir un bilan complet de la personne qui s’y assoit est actuellement autorisé dans une caserne de pompiers et 6 maisons de retraites. Son installation dans diverses mairies et divers établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes est
d’ores et déjà à l’étude. Ce fauteuil connecté permet de mesurer le poids, la température, le volume d’air dans les poumons, la capacité auditive, la capacité visuelle, le taux d’oxygène dans le sang et même de réaliser un électrocardiogramme), le tout en 7 minutes. Si un problème est détecté, le patient rentre en contact avec son médecin traitant via une webcam !
La révolution de la santé par la technologie
Avec le développement d’internet et des nouvelles technologies de télécommunication qui sont de plus en plus rapides, efficaces et performantes tout en étant plus mobiles et plus miniaturisées la télémédecine de manière générale et l’e-santé en particulier sont logiquement en plein essor : les prouesses et solutions qu’elles apportent semblent presque illimitées. Cette croissance est ainsi estimée entre 4 % et 7 % par an et les estimations pour 2015 annoncent des chiffres de l’ordre de 6 milliards de dollars.
De nouvelles tendances semblent déjà apparaitre. L’e-santé s’est premièrement intéressé à ce que l’on peut nommer l’automesure et « quantified self » : le patient mesure lui-même un paramètre de sa santé ou de sa forme. Finalement nous sommes passés aux objets connectés notamment grâce à l’avènement et la popularisation des smarthphone, tablettes et autres dispositifs mobiles : de nombreuses applications et des capteurs en tout genre apparaissent tous les jours afin d’accompagner à tout moment le particulier lambda au même titre que le patient souffrant d’une maladie chronique ou suite à une opération. Finalement, c’est la tendance « do it yourself » qui semble se profiler notamment grâce aux imprimantes 3D et aux divers autotests qui peuvent être réalisés à domicile au même titre que dans un laboratoire.
Malgré ces promesses encourageantes et ces solutions avérées, l’e-santé continue à être en retrait en France : seulement 15 % des français échangeraient des informations santé via mail ou SMS avec leurs médecins. Les professionnels de santé eux-mêmes ne seraient que 16 % à échanger des informations entre eux et 17 % a conseillé une application à leurs patients.