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Joseph Stiglitz: un entretien avec Libération

Publié le 07 juin 2008 par Oldchaps
Joseph Stiglitz: un entretien avec LibérationJoseph Stiglitz, le prix Nobel d'économie 2001 vient d'avoir un entretien avec Libération.
Il confirme dans cet interview que la crise des subprimes n'a pas finie d'affecter l'économie "réelle", et qu'elle va bientôt toucher l'économie Européenne. C'est une opinion qui est peu partagée parmis les analystes, en effet depuis quelques semaines, tous les gouvernements et institutions trans-nationales considèrent que le "gros" de la crise est maintenant derrière nous. Voilà donc un pavé dans la marre, que semble corroborer la chute stupéfiante des indices boursiers à Paris et Wall Street vendredi. Le CAC40 et le Dow Jones ont perdu respectivement 2,28 % et 3,3%.

Le mécanisme de baisse de Wall-Street est assez limpide désormais, un mauvais chiffre du chomage au USA vendredi a provoqué une chute du billet vert qui a provoqué ...une montée de 12 $ du baril de pétrole, et une remontée de l'euro. Tout cela en une journée. Ce ne sont que des mauvaises nouvelles pour l'économie Européenne.

Dans cet interview non conventionnel, et à rebrousse-poil de tous les discours apaisants des gouvernements et institutions diverses et variées depuis bientôt trois mois au sujet des Subprimes - Joseph Stiglitz évoque l'importance de la guerre en Irak dans toutes les crises mondiales qui se succèdent depuis l'été dernier. Il enfonce cependant des portes ouvertes lorsqu'il déclare : "Le mode de vie Américain n'est pas tenable".

Cela fait plaisir de l'entendre dire :"D’abord, beaucoup de gens considèrent que le système de santé français, si vous le comparez à celui des Etats-Unis, est beaucoup plus performant. En terme de sécurité, de qualité et aussi d’accès aux soins, notamment pour les moins favorisés" et ensuite "Ce qui se passe aux Etats-Unis est contraire à ce qu’enseigne la théorie économique élémentaire. Selon elle, quand une économie devient plus productive, vous profitez normalement d’une augmentation du temps libre".

Dans cette même unité de temps, le président russe Dmitri Medvedev accuse les USA d'avoir provoqué la crise financière, c'est une allégation qui semble assez simpliste et iconoclaste sur le papier mais qui par des mécanismes économiques bien plus complexes sont à mon avis censés en rejoignant la thèse de Joseph Stiglitz. Medvedev oppose lors de cette déclaration, la Russie aux Etats-unis en souhaitant "une Russie consciente de sa responsabilité pour le sort du monde". Oups, je m'étouffe un peu là, le temps où son premier ministre Vladimir Poutine allait chercher les Tchéchènes jusque dans les chiottes semblerait donc terminé. Il surfe donc, avec finesse, sur la mauvaise opinion mondiale (excepté le gouvernement Français) pour les Etats-unis. c'est une bonne action diplomatique à moindre frais que réalise là le tout jeune président russe avec des mots auxquels Poutine ne nous avait pas habitués.

Communication :Russie 1 - USA 0

Joseph Stiglitz est donc le fameux Prix nobel qu'a "commandé" Nicolas Sarkozy pour sa future commission de réflexion sur les instruments de mesure de la croissance Française. Je pensais initialement que cette commission devait caviarder les sondages Insee classiques en nous sortant "un baromètre pro-Sarkozy", il semblerait que Joseph Stiglitz soit désormais un trublion de cette commission (de plus). En effet si nous ajoutons au baromètre de la croissance Française des paramètres, chers au prix Nobel, tels que l'évolution des remboursements médicaux dans le temps et l'évolution du nombres d'heures travaillées -je pense aux différentes franchises médicales qui fleurissent comme les champignons depuis un an et le fameux "travailler plus pour gagner plus"- là nous allons mesurer une croissance non seulement en berne mais en dégradation constante depuis près d'un an.

Mais à quoi servent ces commissions au juste ? leurs avis sont modifiés par L'Elysée même lorsque les partenaires trouvent un accord. La commission sur la rénovation du marché du travail a dernièrement été désavouée par Xavier bertrand au grand dam du Medef et des syndicats CGT et CFDT. Les partenaires sociaux se retrouvent, maintenant, otage d'une décision présidentielle.

Il semblerait que ces commissions ne soient que des cache-sexes destinés à masquer, - par un dialogue démocratique - les réformes voulues par le Chef de l'état.

                                           Joseph Stiglitz




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