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On a vu : « Much Loved » de Nabil Ayouch

Publié le 28 septembre 2015 par Swann

Avec Much Loved, interdit de projection au Maroc, Nabil Ayouch s’est attiré les foudres de certains extrémistes religieux. Il y dévoile (dans tous les sens du terme) une société marocaine hypocrite, violente et nécrosée par les excès et les inégalités.

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En suivant la vie de quatre prostituées à Marrakech, Much Loved fait le portrait d’une société divisée où les dérives sont poussées à l’extrême. L’homme y est un être vil et violent : un animal qui n’est dirigé que par des pulsions sexuelles ; celui qui se dit amoureux et qui exige la réciprocité sans se préoccuper du consentement ; le quinqua’ français marié plein d’illusions mais qui s’avère être lâche et impuissant ; l’homosexuel saoudien non assumé qui se venge en battant la prostituée ; le flic pourri qui profite de son pouvoir. Seuls deux figures relèvent ce tableaux peu glorieux de l’homme. L’un est un travesti, qui se range du côté des femmes qui le voient comme un égal, l’autre est le chauffeur des quatre héroïnes. Celui-ci ne parle que très peu. Bienveillant et respectueux, il reste en retrait, éclipsé, pour ne pas dire soumis. La relation homme-femme n’en est donc pas moins déséquilibrée.

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Les femmes, au cœur de ce film, aspirent à la liberté. Dans une société qui attend d’elles qu’elles se dévouent corps et âme à l’homme, elles cherchent par la prostitution à s’émanciper du patriarcat. Elles parviennent ainsi à s’assumer financièrement tant bien que mal. En contre-partie, elles doivent céder à tous les désirs (et pulsions) des hommes. La prostituée est réduite à la femme-objet qui n’existe que pour assouvir les fantasmes et désirs masculins.

Malgré tout, ces femmes sont fortes, courageuses et optimistes. Elles s’entraident, se soutiennent, et le film montre aussi ces moments de petits bonheurs simples et sincères. Elles ont toujours en tête l’espoir de sortir de l’engrenage de la prostitution, et certaines semblent y réussir.

Avec Much Loved, on ressort bouleversé, moins par les scènes crues et la violence physique, pourtant bien présentes, que par l’injustice et les inégalités mises à nu.

Much Loved, de Nabil Ayouch, en salles en France depuis le 16 septembre.


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