Lundi, repos, pas de pont ni de rtt à profusion dans mon métier, plutôt du boulot, encore et toujours et cela malgré les trop nombreuses absences des fonctionnaires qui récupèrent les heures dormies au-delà de leurs rituels de 35h. Un pays, une société, un système à deux vitesses, des inégalités à sens unique.
Alors aujourd'hui, je me suis offert une pause, un début de semaine au ralenti, une longue nuit dans ses bras, un réveil tardif, sans lui, parti au travail, un agenda indéfini, pas de téléphone boulot, une bulle juste pour moi.
J'ai pris de temps de me doucher longuement, d'essayer les crèmes miracles ou simplement si doucement parfumées que je stocke sans prendre le temps de les étaler soigneusement pour nourrir ma peau, lui donner du soyeux, du bonheur et cela avec mon parfum. Grand soleil dehors, j'aère les pièces, je regarde la terrasse, les fleurs vont bientôt percer leurs boutons, les arbres du parc en face sont verts, l'air est frais, agréable.
Le temps aussi de regarder mon dressing, un peu de rangement, un peu de classement, pour enfin remettre les doudounes et autres pulls en haut , et sortir des couleurs d'été, des jupes, des tailleurs, des tops plus légers, des matières fluides qui coulent entre les doigts.
Voilà si longtemps que je n'ai pas pris ce temps, pour bosser, beaucoup bosser, pour moi, pour mon cabinet, mes associés et moi-même, pour les clients, pour s'assurer un beau train de vie, mais finalement, si peu de voyages, trop de fatigue, si peu de restaurants, trop de dossiers, si peu de balades shoppings, pas de temps du tout. Je ressors des affaires achetées à la hâte un jour de soldes, en attendant un rendez-vous, un sac presque oublié, une jupe rose, belle idée, ce sera parfait pour égayer mes prochaines semaines. Des chaussures, je mets souvent les mêmes, et pourtant je ne manque ni d'escarpins, ni de ballerines, ni de modèles intermédiaires. Des bottines neuves, jamais mises, juste posées là. Je les essaye, je marche dans l'appartement, je suis bien, un peu sur la terrasse, la main frotte les épices, les herbes. Des parfums nature, moi, la mode, le printemps.
Je suis tranquille, j'ai pris le temps de classer et de lire enfin des livres offerts à Noël dernier, des romans, des espaces de liberté pour m'évader. J'en ai tant besoin, je profite. Du thé, du thé fumé surtout, des chocolats noirs, ceux que nous aimons tant tous les deux.
Lui, quelques sms, des réunions, il m'envoie sa bonne humeur, son envie de rentrer plus tôt.
Belle idée.
Et si justement, nous prenions du temps pour nous, pour ne plus succomber à la fatigue, ni aux câlins rapides avant de repartir vers un dossier sur l'ordinateur. Si nous prenions le temps de nous poser dans les pièces de ce bel appartement, surtout entre table de salon devenu bureau commun, chambre pour les épuisés que nous sommes. Respirer, prendre une grande goulée d'air, expirer doucement, couper les téléphones.
Une commode, une dressing fait sur-mesure pour moi, des tiroirs agencés pour mes très nombreux ensembles de lingerie, mon plaisir à fleur de peau, je fouine, je ressors des ensembles plus séduction, des jarretelles, des serre-tailles, des nuisettes, des bas nylon. Et si je le surprenais ce soir, en l'attendant ainsi. En le capturant dans mes fils de soie, en le bloquant contre moi, juste une fine dentelle entre nous.
Vivement la fin d'après-midi, juste assez de temps pour ressortir des ensembles luxueux oubliés, juste le temps de penser de plus en plus fort à lui. Prendre du temps pour nous.