Origine : France
Réalisateur : Yann Danh
Distribution : Aurélie Meriel, Cameron McHarg, Julien Ratel
Genre : Drame
Année de production : 2015
Le Pitch :
À Los Angeles, une femme et un homme s’aiment passionnément. Mais l’amour peut-il survivre à toutes les épreuves ?
Voir le film :
ALWAYS from Yann Danh on Vimeo.
La Critique :
Dans le petit monde du court-métrage français, le réalisateur Yann Danh a su d’emblée se démarquer. Son film, À Tout Prix, un thriller dramatique à l’intensité assez folle, a en effet franchi de nombreuses frontières, ratissé de nombreux prix, et démontré, entre autres qualités (notamment au niveau des acteurs), la patte indéniable de l’homme derrière toute l’entreprise. Inutile de dire que l’arrivée sur le net de son nouveau projet entraînait quelques espérances pas piquées des vers.
Avec Always, Yann Danh prouve déjà qu’il n’a aucunement l’intention de rester cloisonné à un style en particulier. Adieu les types badass aux humeurs troubles d’À Tout Prix. Always parle d’amour. Avec un grand A. Basé sur les sentiments simples et universels qui unissent un homme et une femme, le film opte pour une sincérité flagrante et ne cherche jamais à sortir absolument du cadre. De toute évidence pas du tout enclin à sombrer dans la pure démonstration de force (alors qu’il en a largement les moyens), Dahn laisse le champ libre à l’émotion. On sent rapidement que tout n’est pas si rose dans cette love story moderne, notamment via l’utilisation de différentes tonalités dans l’image, comme pour souligner plusieurs temporalités distinctes, mais pas d’esbrouffe pour autant. Sans dialogues, et grâce à une direction d’acteurs toujours au top, le réalisateur laisse à ses acteurs le soin de communiquer par leur gestuelle et leurs regards, des émotions dans lesquelles il est aisé de se reconnaître et par lesquelles il est tentant de se laisser envahir. Il faut d’ailleurs saluer le jeu merveilleusement sensitif d’Aurélie Meriel et de Cameron McHarg, plutôt viscéral et parfaitement inscrit dans la démarche de l’ensemble.
En prenant les allures d’une reverie douce-amère, Always rappele les grandes heures du cinéma de Terrence Malick. Surtout des oeuvres comme À la Merveille, dont les errances amoureuses mélancoliques, dans lesquelles la musique joue un grand rôle, partagent avec le court de Yann Danh une identité aux contours en apparence plutôt flous, mais en réalité tout à fait définis. Abstrait mais pas trop, Always dit beaucoup de choses en peu de temps. Jusque à la fin, dont nous ne dévoilerons bien sûr rien ici, il tient bon et ne dévie pas pour tomber dans l’excès, la vulgarité ou le hors-sujet.
Empreint d’une grâce infinie et baigné d’une poésie touchante, visuellement superbe, ce nouveau film confirme tout le bien qu’il faut penser de Yann Danh. Surtout en sachant dans quelle condition il fut tourné. À l’ancienne comme dirait l’autre. Avec le coeur et les tripes. Sans embages. Et à l’écran, ça se voit !
À noter que l’affiche est signée Rémy Gente, un artiste bien de chez nous, remarqué récemment grâce à son incroyable générique pour l’épisode spéciale de la saison 2 de la série The Strain.
@ Gilles Rolland