Je parlais dans mon précédent article de la difficulté à tenir le rythme d'écriture et à écrire sur une longue période. J'aborde aujourd'hui un sujet connexe et essentiel : la motivation.
Il est normal de connaître des hauts et des bas dans l'écriture d'un récit. Parfois, on ne peut tout simplement pas écrire parce qu'on est fatigué, parce qu'on n'a pas le moral ou qu'on n'est pas d'humeur à écrire. Ces baisses de motivation sont courantes et n'ont pas vraiment d'impact sur l'aboutissement du projet d'écriture.
Garder la foi
En revanche, il m'arrive de connaître des périodes de doute, voire d'angoisse, qui m'amènent à remettre en cause ce que j'écris et à douter de ma plume (" Et tu as bien raison ! ", diront mes détracteurs). Je suis précisément en train de traverser une phase de crise dans l'écriture de Chronos. De multiples questions accablent mon esprit : arriverai-je à terminer ma nouvelle ? Et si ce que je suis en train d'écrire était nul ? Les lecteurs arriveront-ils à entrer dans l'histoire ? Les personnages sont-ils crédibles ? Les dialogues réalistes ? Combien de temps vais-je mettre pour écrire mon livre ? Des mois ? Des années ? Et si je commence à me demander si le livre aura du succès, alors ce qu'il me reste de motivation est réduit à néant.
Je m'aperçois qu'en réalité il ne s'agit pas de motivation mais de croyance. Ces questions reflètent deux interrogations : " est-ce que je crois en mon histoire ? " et " est-ce que je crois en moi-même ? ".
À ces deux interrogations, j'essaye d'apporter une réponse. Surtout, je m'efforce de porter un regard positif sur ma situation et d'aborder la démarche d'écriture avec optimisme et détachement.
Il ne s'agit pas en réalité de motivation mais de croyance
Est-ce que j'écris bien ?
Il n'est pas vraiment pertinent de se poser cette question. C'est pourtant, je dois l'avouer, la question que je me pose le plus. Si j'écris bien, alors tant mieux, je n'ai qu'à continuer d'écrire ! Et si j'ai le sentiment de mal écrire, la solution n'est pas d'arrêter mais de poursuivre : c'est en forgeant qu'on devient forgeron. L'écriture relève pour beaucoup de technique et de pratique. Il faut écrire pour progresser et il faut également se relire pour se perfectionner.
Mon histoire est-elle originale ?
On dit que les histoires les plus originales sont celles qui sont susceptibles d'être le plus intéressantes et d'avoir le plus de succès. La notion d'originalité est cependant à relativiser. Combien d'histoires, sous formes de livres, récits, légendes, films et chansons ont-elles déjà été racontées ? Des millions. Hormis les récits relatifs à un sujet d'actualité récente, je suis certain que toutes les histoires ont déjà été racontées. Une histoire n'est jamais originale, elle fait forcément écho à une histoire qui a déjà été un jour racontée. Nous sommes tous influencés, même inconsciemment, par les multiples récits et histoires que nous entendons depuis notre tendre enfance. Les personnages changent, les époques sont différentes, l'artiste apporte un regard mais il n'y a rien de nouveau sous le soleil. L'originalité du récit se situe dans les détails, dans le traitement des personnages ou dans l'angle abordé. Il ne faut donc pas chercher l'originalité pour l'originalité mais chercher à transmettre son identité d'auteur à travers ses textes, car celle-ci est unique.
Il faut [...] chercher à transmettre son identité d'auteur à travers ses textes, car celle-ci est unique.
Les lecteurs entreront-ils dans l'histoire ?
Chronos étant une nouvelle de science-fiction qui aborde le voyage dans le temps, cette question me hante. Plus l'univers du récit est éloigné du nôtre, le monde d'aujourd'hui, plus il est difficile pour le lecteur de s'approprier l'univers créé par l'auteur. De plus, un début d'histoire ennuyeux condamne également l'auteur à voir les lecteurs délaisser son livre. Pour pallier cette difficulté, je m'efforce de donner de nombreux détails à l'univers que je crée et de le rendre le plus réaliste possible. Je fais en sorte aussi que l'intrigue démarre rapidement. Il en va de même avec les personnages, je prends grand soin de leur donner une identité propre, de les rendre crédibles et vivants.
Cela étant, il faut accepter le fait qu'on ne peut pas plaire à tous les lecteurs. En dépit de tous les efforts possibles, certains n'accrocheront pas avec le récit. Après tout, combien de personnes ont-elles déclaré n'avoir jamais réussi à lire À la recherche du temps perdu ?
Répondre aux questions qui nous angoissent peut être utile et nous rendre plus sereins. Cependant je m'interroge : et si la clef pour croire en soi et en son récit était d'écrire sans se poser de question ? Écrire sans penser, sans s'arrêter ou presque, pour se prouver qu'on peut écrire un livre, quitte à réécrire et à retravailler le texte en profondeur par la suite. N'est-ce pas la meilleure méthode ? Quelle que soit la qualité de ce qu'on écrit, le fait d'avoir des pages noircies d'encre est une réalisation en soi. Et s'il ne fallait pas tout simplement écrire et se poser les questions ensuite ?