Photographie à peine idyllique, le film restitue au moins l'impression qu'on a des âges d'or en général :
1- avant c'était cool
2-tout est dans tout et inversement. James Chance fait du disco avec du punk et un sax free. Le graffiti, le breakdance et le rap sont unis sous la casquette du hip hop.
80 minutes et des poussières où tout le monde y passe : des lunettes proto-nerd de Arto Linsey avec DNA (ici), aux litanies urbaines de Alan Vega avec Suicide. Gros plan exclusif sur un mec qui trafique son vinyle (si, si, on appelle ça du scratch !) deux ans avant le Rock it de Herbie Hancock...
Bref, unité de lieu (NYC - Downtown) et de temps (1981) garanties, Downtown 81 est un bon huis clos en plein dans le bouillon de culture.
On se souvient que Basquiat est alors aussi connu pour son groupe Grey (feat. Vincent Gallo qu'on aperçoit dans le film !) que pour ses graffitis.
Pour exemple, entendu dans le générique du film, Basquiat écrit les paroles et produit Beat Pop rapé par Rammelzee et K.Rob., sorti sur Profile records, ce qui a le mérite de nous rafraîchir la discothèque.
Beat Pop - Rammetzee vs K-Rob
Personnage fantasque, Rammelzee compte. A la fois sculpteur, performeur, graphiste (entendre "graffitiste"), et rappeur, il s'en prend à l'alphabet qu'il place au coeur de ce qu'il appelle le Gothic Futurism, théorie qui donne aux lettres une symbolique contre la standardisation de leur signification...
Bref, on comprendra au moins ceci que le travail de Basquiat n'a rien d'un OVNI en 1981 et que son évolution jusque peu avant sa mort emprunte finalement beaucoup à l'afrofuturisme d'un Rammelzee et avant d'un Sun Ra.
Alors oui, c'est vrai que c'était pas mal avant.