Johan Pilet
Scénario Jean-Michel Darlot
Kennes éditions
Paru en Septembre 2015
72 pages
14,95 euros
BD Jeunesse et Tout public
Résumé de l'éditeur : Ninn fut découverte tout bébé dans le métro parisien par deux ouvriers effectuant des réparations sur les voies pour la RATP. Aujourd’hui, Ninn a onze ans et le métro est son univers. Elle en connaît le moindre recoin et s’y sent comme chez elle. Mais en dépit de sa joie de vivre, Ninn se pose mille questions. D’où vient-elle ? Quels sont ces souvenirs lointains et incompréhensibles qui hantent ses souvenirs, elle qui n’a jamais mis le pied hors de Paris ? Pourquoi voit-elle, depuis peu, des essaims de papillons parcourir les galeries, invisibles aux yeux de tous sauf aux siens ? Toutes ces questions la taraudent, d’autant qu’une sourde menace la traque sans répit…
Gros coup de coeur, d'autant plus génial qu'inattendu pour le premier tome de la série NINN. Ninn fut découverte bébé dans le métro parisien... depuis elle a grandi avec deux employés effectuant des réparations de voies, ses tontons comme elle dit. On comprend pourquoi Ninn est fascinée, intriguée par cet univers...seul lien avec le mystère de sa naissance : les zones désaffectées, les voies abandonnées, les stations fantômes, les portes d'accès interdites...que de charme avec un ancrage historique fort appréciable. On s'y croirait grâce aux planches réalistes. Ninn, c'est une jeune fille dynamique, pétillante et sacrément casse cou! Pour l'école, elle a choisi de faire un exposé sur le métro parisien et la fameuse ligne noire...qui provoquait des accidents restés sans réponse. On la sent passionnée, passionnante et forcément on s'attache beaucoup à cette héroïne volontaire. Puis il y a ce vieil homme un peu fou et extravagant, qui voit des papillons, tout comme elle. Un jour, n'y tenant plus, souhaitant découvrir d'où elle vient, elle suit le vieil homme qui lui dévoile alors une vérité insoupçonnée...
Si au début, je n'étais pas friande des illustrations de style manga européen, au trait rondouillard, bien qu'elles soient splendides et rondement bien travaillées, je me suis laissée emporter sur les voies du métro parisien, grâce à Ninn, une héroïne hors du commun dont le regard et la curiosité nous invitent à tourner les pages avec avidité et curiosité. L'univers choisi par Jean-Michel Darlot est urbain, contemporain et très ancré dans le quotidien...alors lorsque dans la récit s'insinue des éléments fantastiques, tout n'en devient que plus prenant et captivant. Un tigre en papier qui se transforme en un vrai, un compagnon de route fort et fidèle, des ombres cauchemardesques, des papillons multicolores, un nouveau monde à découvrir, à la fois inquiétant et beau et surtout très étrange.
Le scénario tout comme le dessin est maîtrisé à la perfection! Cette BD nous embarque et sous couvert du côté "initiatique", récit d'apprentissage d'une jeune orpheline qui se cherche, Ninn possède un je ne sais quoi d'original, de différent, d'inconnu. A la différence d'un Wormworld Saga, la BD Ninn est nettement plus insolite, étudiée... Entre onirisme et poésie de l'insolite, entre fantastique et réalisme, la trame narrative de Ninn me fait penser à du Neil Gaiman, à ce monde souterrain sombre et pleins de mystères, de dangers. Les créatures méchantes sont très effrayantes, il y a un côté onirique, plein de magie. Le regard porté sur le métro parisien est incroyablement captivant, magique et atypique...de quoi nous divertir pour une BD extrêmement réussie et pleine d'imagination. A peine finie la dernière page que j'avais déjà envie de dévorer la suite!