Plongée dans l’univers surréaliste. La manœuvre n’était pourtant pas volontaire. J’ai récupéré ce volume (presque) par hasard sur une table à troquer de la librairie Vivement dimanche lors de la braderie estivale de la Croix-Rousse. (Les lyonnais comprendront). Ravie de retrouver ce titre dans les étagères virtuelles d’Inganmic, voici le fruit de notre nouvelle lecture commune…
Plume, précédé de Lointain intérieur est publié dans la collection Poésie de la NRF Gallimard. Point de vers pour autant, plutôt de très courtes nouvelles, voire quelques paragraphes, des dialogues aussi, indépendants les uns des autres, faisant offices de poèmes par leur absence complète de rationnalité, par leur puissance onirique, surtout leur absurdité notoire, phrases décousues, sans queue ni tête, destabilisantes à loisir, et pourtant si jolies, parfois si sensées sous couvert de l’absurde, étonnament elles interpellent le lecteur malgré lui, le questionnent, l’intriguent ou le bousculent. L’amusent. Henri Michaux m’apparaît avant tout comme un auteur ludique, aux écrits frais et vivifiants. De la poésie drôle en somme !
Mais finalement assez hermétique. Je m’excuse par avance auprès des fiers littérateurs que j’aurais pu offenser par ma candide ignorance ; et je vous livre un poème :
Quand les motocyclettes rentrent à l’horizon
La seule chose que j’apprécie vraiment, c’est une motocyclette. Oh ! Quelles jambes fines, fines ! A peine si on les voit.
Et pendant qu’on admire, déjà, tant elles sont rapides, elles regagnent prestement l’horizon qu’elles ne quittent jamais qu’à grand regret.
C’est ça qui fait rêver ! C’est ça qui fait pisser les chiens contre le pied des arbres ! C’est ça qui nous endort à tout le reste, et toujours nous ramène, recueillis aux fenêtres, aux fenêtres, aux fenêtres aux grands horizons.
Plume précédé de Lointain intérieur – Henri Michaux
Gallimard, 1963
Challenges concernés
Challenge Poésie