Illustration tirée de la série Où sont passés les grands jours ? – Jim et Alexandre Tefengki (Grand Angle)
Pour ce dernier samedi du mois de septembre, Case Départ vous propose une petite sélection. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : Le deuxième tome du formidable diptyque Où sont passés les grands jours ?, Esprits des morts & autres récits d’Edgar Allan Poe signé Richard Corben, le 23e volume de Walking dead, Trashed : le nouvel ouvrage de Derf Backderf, Mitterrand un jeune homme de droite de Richelle et Rébéna, Rase campagne : un album Fluide Glacial, le premier volume d’Ulysse Wincoop, La terrible crue cruelle : pourquoi la Loire coule à l’envers ?, le premier volume du jôsei : Chroniques de Tindharia, la renaissance de Superdupont, le quatrième volet de Revenge classroom, Drones : le nouvel album de Sylvain Runberg, le 11e volume de Cesare, le nouveau tome de la série d’heroic-fantasy Nains, un nouveau manga Akata : Pourquoi je galère toujours en amour ?, C’est grave docteur ? : un recueil des perles entendues par les médecins. Bonnes lectures.
Où sont passés les grands jours ?
Après un excellent premier tome qui nous avait énormément plu, Jim et Alexandre Tefenkgi dévoilent la fin de leur formidable diptyque Où sont passés les grands jours ?, publié par Grand Angle. Alors que Fred avait laissé ses trois potes béats après son suicide et alors qu’il leur avait légué un objet à titre posthume ; le lecteur retrouve Hugo, perdu entre son chagrin, Alice sa femme et Violette leur fille parties et sa maîtresse enceinte.Résumé de l’éditeur :
Que faire quand toutes nos certitudes s’écroulent et que la vie vole en éclats ? Après le suicide d’un ami, une histoire d’amour gâchée par les mensonges et des amitiés qui s’étiolent, peut-il encore y avoir une éclaircie ? Peut-on encore rassembler les pièces du puzzle de sa jeunesse et réapprendre à vivre ? La réponse est peut-être là, cachée dans ces objets insolites laissés en guise de testament…
Avec cette belle histoire, il fallait une partie graphique à la hauteur. C’est le cas grâce à Alexandre Tefenkgi qui propose des planches avec de grandes cases et des cadrages serrés sur les visages des personnages pour mieux ressentir leurs émotions. Les évocations de Fred dans le passé sont soulignés par des teintes rouges formidables !
- Où sont passés les grands jours ? 2/2
- Scénariste : Jim
- Dessinateur : Alexandre Tefengki
- Editeur: Grand Angle
- Prix: 16.90€
- Sortie: 2 septembre 2015
Esprits des morts
& autres récits d’Edgar Allan Poe
Après le fabuleux Ragemoor, le label Delirium-360 Media Perspective poursuivent la publication de l’œuvre de Richard Corben avec Esprits des morts & autres récits d’Edgar Allan Poe. L’auteur américain propose un recueil des adaptations des textes du romancier, maître du fantastique.Résumé de l’éditeur :
Depuis les débuts de Richard CORBEN, les passionnés de ses travaux à travers le monde ont pu lire régulièrement ses adaptations de grands auteurs de la littérature fantastique et de l’univers des pulps, tels que R. E. Howard, H. P. Lovecraft, W. Hope Hodgson… Mais Edgar ALLAN POE occupe une place particulière dans ses sources d’inspirations et nous pouvons voir régulièrement CORBEN, immense perfectionniste et éternel passionné de son oeuvre, se replonger dans les merveilleux textes de POE et explorer de nouvelles manières de les adapter. Cet ouvrage regroupe l’intégralité de ses derniers travaux d’adaptation, tous magnifiquement mis en images et en couleurs et l’on reconnaîtra certains textes, nouvelles ou poèmes, parmi les plus emblématiques d’Edgar Allan Poe, tels que « la Chute de la maison Usher », « le Masque de la mort rouge », ou encore « le Corbeau ».
- Esprits des morts & autres récits d’Edgar Allan Poe
- Auteur: Richard Corben
- Editeur: Label Delirium – 360 media perspective
- Prix: 26€
- Parution: 21 septembre 2015
Walking dead
Alors que la sixième saison va démarrer en octobre et que The fear walking dead a commencé sur AMC, le comics Walking Dead en est déjà à son vingt-troisième volume. L’histoire imaginée par Robert Kirkmann et mise en image par Charlie Adlard dévoile une nouvelle excellente intrigue avec l’arrivée des Chuchoteurs, nouvelle race de zombies.Résumé de l’éditeur :
Une autre vie a commencé pour les survivants de la terrible guerre contre Negan. Mais cette nouvelle ère de paix et de prospérité semble déjà être menacée par un nouveau type d’ennemi. Un ennemi qui marche parmi les rôdeurs. Un ennemi qui transforme les murmures en cris. Un ennemi qui rend le futur incertain. Un face à face se prépare, qui risque d’être encore plus violent que les précédents.
De son côté, Carl le fils de Rick commence son apprentissage de forgeron dans le groupe de La colline. Andrea se rapproche de lui et tout devrait être formidable. Mais voilà les deux tourtereaux sont pris pour cible par trois jeunes. Un bagarre violente amène le jeune garçon en prison tandis que les autres membres du lieu veulent mettre Maggie en minorité voire l’éliminer. Dehors, une nouvelle menace avance : les Chuchoteurs attaquent des Patrouilleurs qui se sont aventurés loin de la zone de contrôle. Ces zombies ont la particularité de parler : Qui sont-ils réellement ?
Alors que la série aurait pu s’essouffler après l’ultime affrontement entre les camps de Rick et Negan, Robert Kirkman fait prendre une nouvelle tournure à son histoire avec l’arrivée d’une menace. Les tensions internes sont, elles aussi, fortes (les problèmes de Carl, la volonté d’éliminer Maggie et les nouveaux membres depuis le 22e tome). Tout cela fonctionne à merveille, accroche le lecteur par des intrigues haletantes.Du côté graphique, Charlie Adlard confirme volume après volume, son talent de dessinateur. L’auteur de La mort blanche (Delcourt, avec la même scénariste) propose des planches en noir et blanc agrémentées de teintes de gris somptueuses. Les cadrages serrés sur les visages de ses personnages renforcent le climat de tensions et permettent de saisir parfaitement leurs émotions.- Walking dead, volume 23 : Murmures
- Scénariste : Robert Kirkman
- Dessinateur : Charlie Adlard
- Editeur: Delcourt
- Prix: 14.95€
- Sortie: 16 septembre 2015
Trashed
Après ses deux excellents ouvrages Punk rock and Mobile Homes et Mon ami Dahmer (Lauréat des Prix Révélation et du Polar à Angoulême en 2014), le talentueux Derf Backderf revient avec un troisième roman graphique édité par çà et là, Trashed, où l’auteur nous livre une auto-fiction sur un de ses petits boulots : éboueurs dans l’Ohio.Résumé de l’éditeur :
A 21 ans, J. B. se retrouve coincé de nouveau chez ses parents, dans un patelin du fin fond de l’Ohio. Il vient d’arrêter la fac et doit absolument trouver un travail pour ne plus avoir sa mère sur le dos en permanence. Suite à une annonce providentielle, il est engagé comme éboueur contractuel et est bientôt rejoint par Mike, un ancien copain de lycée. Ensemble, ils vont découvrir les joies du métier, se confronter aux habitants les plus dérangés de la ville, aux éboueurs de longue date, aux chiens errants et aux sacs poubelles mal fermés. Pendant une longue année, ils devront faire leur tournée quotidienne sous la pluie, la neige ou sous un soleil de plomb, persécutés en permanence par leur chef, l’infâme Will E.
Pour ce beau portrait des Etats-Unis des années 80, il se prend en exemple alors qu’il vient d’arrêter la fac et qu’il doit travailler pour s’affranchir de sa mère omniprésente. Comme à l’heure actuelle, il y a peu de possibilités et il doit accepter un place d’éboueur. Dans l’Amérique de Reagan, les temps sont durs pour les familles de la classe moyenne mais surtout pour les plus fragiles, tout cela à cause du travail ultra-libéralisé.A travers ses rencontres et les détritus, l’auteur permet à JB, son personnage principal, de croiser toute la société américaine, la pauvreté et la saleté (poubelles immondes, camion-poubelle qui éparpille les déchets, des clients plus fous les uns que les autres). Librement inspiré de cette année de trime, il met en scène l’entreprise très hiérarchisée où les supérieurs jouent aux petits chefs et où il est facile de dénoncer son prochain. La vie comme l’entreprise, tel un rouleau compresseur, écrase ses employés (ici, les conditions de travail sont affligeantes). Ce très beau roman graphique est à rapprocher de celui de John Porcellino, Tueur de moustiques (L’employé du moi, 2015). D’ailleurs, ses deux publications sont édités par des maisons indépendantes novatrices.Derf Backderf fustige aussi notre société de consommation, qui multiplie les déchets (packaging, surconsommation, aliments non finis et jetés…) mais aussi le système de traitement des détritus (à l’époque les décharges qui entraînent des montagnes, incinération et pollution). Nos poubelles refléteraient donc notre mode de vie. A travers Trashed, il déclame son amour pour la nature et l’écologie.
De nouveau, nous sommes séduits et enchantés par la lecture d’un album de Derf Backderf, notamment par son humour subtil, cynique et sarcastique, mais aussi un univers personnel de très grande qualité. Le trait en bichromie noire et bleue de l’auteur américain est d’une belle force graphique et très efficace.
- Trashed
- Auteur: Derf Backderf
- Editeur: çà et là
- Prix: 22€
- Parution: 21 septembre 2015
Mitterrand un jeune homme de droite
De François Mitterrand nous connaissons beaucoup de choses : ses deux septennats à la tête de l’état français, sa maladie, sa double-vie et sa fille Mazarine, mais aussi la scission du Parti Socialiste de la SFIO, ainsi que le Congrès d’Epinay en 1971. De son passé lorsqu’il était étudiant dans les années 30, nous savons qu’il fut proche des idées de Pétain. Mitterrand un jeune homme de droite consacre ces années afin de mieux comprendre son engagement à droite et le début de celui à gauche. Cet album Rue de Sèvres est signé Philippe Richelle et Frédéric Rébéna.Résumé de l’éditeur :
Personnage controversé et mystérieux s’il en est, figure incontournable de la Cinquième République, Mitterrand n’en finit pas d’intriguer. Philippe Richelle nous propose de découvrir ses années de formation, entre 1935 et 1945 (entre ses 19 et 29 ans). Il sera notamment fait prisonnier pendant la guerre, s’évadera avant de s’impliquer pour l’aide à la réinsertion des prisonniers sous le régime de Vichy. Outre ses rapports avec nombre de figures historiques telles que le maréchal Pétain, Laval ou Giraud, ce roman graphique donne à voir un leader et surtout un fin politicien en construction.
Philippe Pétain (à gauche) et François Mitterrand (à droite)
Ce passé trouble et sulfureux, il faudra de nombreuses années pour le découvrir ; et ce plutôt à la fin de sa vie (comme sa fille cachée Mazarine ou son cancer). Etait-il convaincu du bienfait des idées de Pétain ? Etait-il arriviste ou opportuniste ? Voilà les questions que les auteurs de l’album ont essayé d’étayer.
La partie graphique de Frédéric Rébéna nous convainc moins que la force du récit. Les planches en noir et blanc du dessinateur comporte parfois des erreurs de mise en scène et les personnages ne sont pas toujours bien identifiables. Reste un album à la portée historique importante, pour comprendre qui était Mitterrand, cet animal politique hybride et mystérieux.
- Mitterrand un jeune homme de droite
- Scénariste : Philippe Richelle
- Dessinateur : Frédéric Rébéna
- Editeur: Rue de Sèvres
- Prix: 18€
- Sortie: 16 septembre 2015
Matsumoto
Dans les années 80-90, la secte Aum a eu énomément d’influence au Japon. Shoko Asahara régnait en maître sur ce groupuscule où l’argent coulait à flots et les filles se donnaient à lui. En 1995, il ordonne à ses adeptes d’utiliser du gaz sarin dans le métro, faisant de nombreux morts. Laurent-Frédéric Bollée et Philippe Nicloux proposent une plongée vertigineuse au cœur de cette secte si puissante, avec l’album Matsumoto.Résumé de l’éditeur :
1994, dans la petite ville de Matsumoto, Japon. Shoko Asahara est le PDG de Aum Inc., un consortium regroupant plus de trente sociétés dont certaines sont cotées à la Bourse de Tokyo. Mais pour ses fidèles, il est la réincarnation de la déesse hindoue Shiva et donc un authentique gourou… Son but secret : provoquer « l’Armageddon » et renverser le gouvernement japonais. Pour cela, il a mis sur pied une production massive de gaz sarin, et Matsumoto sera la première étape de ce plan diabolique et à peine croyable… Une sorte de « répétition » qui se soldera, un an plus tard, en mars 1995, par la célèbre attaque au gaz dans le métro de Tokyo…
Le magistrat a découvert que la secte avait acheté des terres en Australie afin de produire industriellement le gaz mortel (des essais sur des troupeaux de moutons seront effectués).
Si le récit de Laurent-Frédéric Bollée est accrocheur, c’est aussi qu’il aborde le rôle tenu par le gourou et sa main-mise sur ses adeptes. Le lecteur y voit même un embrigadement, son emprise sur les jeunes filles mineures qui lui doivent des faveurs sexuelles, mais aussi les sévices corporelles pour effacer les empreintes digitales ou si un membre ose dire du mal de Shoko. La folie de l’homme fort et les préparatifs sont habilement explicités.Le trait de Philippe Nicloux, beaucoup plus réaliste que dans Terra Australis, lui permet de livrer des planches solides et équilibrées. Comme dans sa précédente publication, il utilise admirablement les plans panoramiques qui renforcent les portraits et les émotions des personnages.
- Matsumoto
- Scénariste : Laurent-Frédéric Bollée
- Dessinateur : Philippe Nicloux
- Editeur: Glénat, collection 1000 feuilles
- Prix: 25.50€
- Sortie: 23 septembre 2015
Rase campagne
Après quelques albums décevants fin août, les éditions Fluide Glacial proposent enfin un ouvrage réussi ! Rase campagne de Lindingre et Aurel raconte la campagne des élections municipales de Saint-Marcel-sur-Riselle, petite commune de 5400 habitants. Coups tordus, retrait de candidats, alliances de circonstance, rumeurs… tous les éléments sont réunis pour passer un excellent moment de lecture.Résumé de l’éditeur :
Rase Campagne retrace le parcours d’un minus de la politique, Gérard Ligier qui brigue la mairie de St Martin sur Riselle et doit s’opposer à son mentor, le vieux maire Albert Richard.
Les coups tordus, Albert Richard les cumule pour un dernier mandat. S’il pensait que cela serait facile, c’était sans compter sur Gérard Ligier, son quatrième adjoint, qui lui joue un mauvais tour. Faisant de lui son premier adjoint et donc futur successeur, ce chef d’entreprise affilié à l’Eurocentrum, démissionne ainsi que dix autres membres du Conseil précipitant de nouvelles élections. Les alliances de circonstance ou mésalliances se multiplient. La nouvelle liste de ce Brutus de pacotille propose un large spectre allant de la droite à l’extrême-gauche.
Si la partie scénaristique est excellente, la réussite de l’album repose aussi sur une belle partie graphique proposée par Aurel. Habitué du dessin de presse (Politis, Le Monde ou Le canard enchaîné), l’auteur de Sarkozy et ses femmes (avec le journaliste Renaud Dély, Drugstore) restitue admirablement l’ambiance champêtre du récit mais aussi l’atmosphère pourrie des débats et coups bas.- Rase campagne
- Scénariste : Lindingre
- Dessinateur : Aurel
- Editeur: Fluide Glacial
- Prix: 14€
- Sortie: 16 septembre 2015
Ulysse Wincoop
Marion Festraëts et Benjamin Bachelier avaient publié un premier album Dimitri Bogrov en 2009. Pour leur deuxième travail en commun chez Gallimard, ils mettent en scène l’histoire d’un jeune indien arraché à sa mère et élevé par des colons blancs du Wyoming dans Ulysse Wincoop.Résumé de l’éditeur :
Dakota du Sud, hiver 1890. Alors que l’armée américaine s’apprête à commettre l’un des pires massacres d’Indiens de l’histoire des États-Unis, le soldat Jonah sauve secrètement la vie d’un nouveau-né sioux. Ulysse grandit parmi les colons blancs du Wyoming, mais ses différences ne tardent pas à l’en exclure. Il est déjà sur le départ, en quête de son identité, déchiré entre ses origines et les promesses du Rêve américain…
- Ulysse Wincoop, tome 1 : Le dernier des sioux
- Scénariste : Marion Festraëts
- Dessinateur : Benjamin Bachelier
- Editeur: Gallimard, collection Bayou
- Prix: 16€
- Sortie: 20 août 2015
La terrible crue cruelle
L’atelier du Poisson Soluble propose le septième et dernier volume de la série Les mystérieux mystères insolubles, intitulé La terrible crue cruelle, qui met en scène une organisation secrète d’enfants ayant pour but de résoudre d’étranges phénomènes fantastiques. Cet album est signé Grégoire Kocjan et Julie Ricossé.Résumé de l’éditeur :
Depuis quelques jours, la Loire coule à l’envers. Heureusement la Zorganisation internationale et zecrète des enfants qui en ont marre d’être pris pour des imbéciles (Z.I.Z.E.M.P.C.) veille et envoie Klutch, tout juste (presque) diplômé, observer le phénomène.La collection Les mystérieux mystères insolubles fut proposée aux auteurs Grégoire Kocjan et Julie Ricossé par La direction de l’inventaire du patrimoine de la Région Centre-Val de Loire. C’est en effet, une série de docu-fiction entre bande dessinée et album ayant pour ambition de sensibiliser les jeunes lecteurs au patrimoine, grâce à une approche ludique et originale. La terrible crue cruelle est le septième et dernier opus de la collection.
Le scénariste Grégoire Kocjan met en scène la ZIZEMPC : Zorganisation Internationale et Zecrète des Enfants qui en ont Marre d’être Pris pour des Imbéciles !… (Enfin, presque !) une organisation secrète faite d’enfants espions. Ces derniers constatent un drôle de phénomène : la Loire coule à l’envers. Klutch éjecté sur place pour comprendre, s’engouffre dans le tourbillon et se retrouve à une époque plus ancienne : costumes, princesse, château… rien ne lui est épargné.
Didactique sans jamais être ennuyeux, l’album a pour particularité de proposer des planches découpées en deux : l’histoire fiction en haut de la page et dans le dernier tiers, des documents explicatifs sur la région, les lieux et objets historiques (textes de quelques lignes illustrés par des photographies ou des dessins). En ce qui concerne la partie bande dessinée, l’histoire faisant intervenir du fantastique est surtout teinté d’un bel humour. De plus, le lecteur pourra essayer de découvrir les nombreux clins d’œil et hommages à la télévision, le cinéma…La partie graphique confiée à Julie Ricossé est assez réussie. Proposant des planches composées de grandes cases, elle utilise un trait aux crayons bien senti. La dessinatrice de Prospero (avec Jean-Blaise Djian et Olivier Legrand, chez Vents d’Ouest) est une jeune auteure à suivre.Pour plus d’informations sur cette série, vous pouvez lire l’article d’Alain Vildart, paru dans la Nouvelle République le 18 septembre 2015.
- Les mystérieux mystères insolubles, tome 7/7 : La terrible crue cruelle
- Scénariste : Grégoire Kocjan
- Dessinatrice : Julie Ricossé
- Editeur: L’atelier du Poisson Soluble
- Prix: 15€
- Sortie: 20 septembre 2015
Chroniques de Tindharia
La belle au chant dormant est le premier volume des Chroniques de Tindharia, le nouveau jôsei des éditions Nobi Nobi ! Dans ce manga signé Ayumi Fujimura, le jeune lecteur suit les aventures de Leyle et Citra, deux jeunes adolescents vivant dans un petit village qui vient d’être attaqué par des Chevaliers noirs accompagnés de Nerls, créatures fabuleuses.Résumé de l’éditeur :
Dans l’univers médiéval fantastique de Tindharia, le petit village de Rhubarb est le dernier endroit où naissent les Mesyaria, jeunes magiciennes qui tirent leur pouvoir de chansons ancestrales. Cherchant à vivre en paix, les habitants de Rhubarb se sont retranchés depuis de nombreuses années loin des guerres de territoires en jeu à la Capitale mais surtout loin des dangers des attaques de Nerls, bêtes mystiques avides de sang. Vivant à Rhubarb depuis leur naissance, Layle, fils d’un héros mort à la guerre et Citra, apprentie Mesyaria, ne connaissent rien du monde extérieur. Pourtant suite à l’arrivée de mystérieux chevaliers noirs, une terrible tragédie vient frapper le village : le destin de nos deux enfants en est alors bouleversé à jamais, et c’est un voyage épique qui commence pour eux !
Alors que Rhubarb est protégée par des enchantements, un jour, des Chevaliers noirs se rendent chez la Matriarche, la shamane du village. Cette dernière est la préceptrice de Citra pour lui apprendre l’art du chant magique. Accompagnés de nerls, les individus malmènent les villageois. Elfyn est alors tué et Layle décide de partir à la recherche des assassins de son ami.Le premier volume de la série met en place l’intrigue et les personnages, de façon plutôt simple, en utilisant les codes du genre, plutôt classiquement mais efficacement. Tous les ingrédients sont réunis pour accrocher la lectrice : magie, quête initiatique, jeune héros vaillant, vengeance personnelle, épopée et ennemis sanguinaires. La partie graphique est très classique mais soignée. Connue des joueurs de jeu vidéo, Ayumi Fujimura ayant imaginé en 2006 les personnages de Tales of legendia (Playstation 2), propose des planches d’une belle lisibilité.
- Chroniques de Tindharia, volume 1/3 : La belle au chant dormant
- Auteur: Ayumi Fujimura
- Editeur: Nobi Nobi !
- Prix: 7.65€
- Parution: 10 septembre 2015
Superdupont, renaissance
Après quinze ans de silence, le héros très français Superdupont est de retour, flanqué d’un rejeton aussi fort que lui. Après un accouchement aux forceps, un passage à la maternité, le mini-Superdupont doit apprendre la vie aux côtés de son papa dans Renaissance, un album de Marcel Gotlib, Karim Belkrouf et François Boucq, édité par Dargaud.Résumé de l’éditeur :
Enfin !!! Tel un Batman repris en main par Frank Miller, un Spider-Man réinventé par Todd McFarlane, Superdupont renaît de ses cendres sous la plume de l’éternel Marcel Gotlib, gloire à son nom, et du redoutable François Boucq. Le seul superhéros garanti 100 % français revient tel un Phénix pour sauver la France éternelle et restaurer notre grandeur dans un monde en déliquescence. La jubilation et la complicité du tandem éclatent à chaque page, transformant cette collaboration en une réussite totale. Oubliez les Américains en slip moulant, le plus grand superhéros de tous les temps est un Français.Très attendue, la sortie du nouveau Superdupont par les talentueux Gotlib et Boucq déçoit. Alors que l’attelage de ce duo associé avec Karim Belkrouf, nous faisait saliver d’avance, les ficelles de cet album Renaissance sont trop grosses. Le génial auteur de la Rubrique-à-brac avait déjà pensé à l’auteur de Jérôme Moucherot pour succéder à Alexis, décédé, il y a trente ans pour reprendre les dessins de Superdupont ; les deux auteurs se croisent enfin !Pourtant le héros de papier a changé et évolué. Afin de ne pas être taxé d’extrême-droitisation (ridicule cette affirmation, d’ailleurs!), les trois auteurs voulaient en finir avec le gros beauf pour en faire un véritable héros à la française. Alors qu’un certain parti et même quelques politiciens patentés avaient utilisé Superdupont à des fins électoralistes sans l’avis de Gotlib, ce dernier essaie le plus possible de se démarquer de ces idioties, dans un ouvrage agréable à la lecture mais qui ne laissera pas de souvenirs impérissables. Alors qu’il avait des préjugés sur tout, était adversaire de tous les bien pensants, il devient papa et trop lisse !Les références aux années 70, des clins d’œil à d’autres séries de bande dessinée sont nombreuses pourront déstabiliser ceux qui ne les possèdent pas. On a même l’impression que François Boucq n’y est pas ! Lui qui a pu livrer de nombreuses planches de grand talent dans ces séries (Rock Mastard, Jérôme Moucherot ou Little Tulip) se contente du minimum. Dommage ! Un huitième volume des aventures de Superdupont très en deçà des publications précédentes. On attend un peu plus de muscles et d’humour dans le prochain !
- Superdupont, renaissance, tome 1
- Scénaristes : Marcel Gotlib et Karim Belkrouf
- Dessinateur : François Boucq
- Editeur: Dargaud
- Prix: 13.99€
- Sortie: 11 septembre 2015
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Revenge classroom
La formidable série Revenge classroom est de retour avec un quatrième volume, aux éditions Doki Doki. Alors que les deux auteurs Karasu Yamazaki et Ryu Kaname avaient laissé leur personnage principal Ayana et ses deux camarades Shota et Ai autour de la tête décapitée de Ryo dans le volume précédent, les amis du défunt commencent à s’inquiéter.Résumé de l’éditeur :
« Arrête de me parler comme si on était copains… espèce de meurtrier ! ». Après le coup de folie de Shota, Ayana entre dans une colère noire et enferme le garçon dans le sous-sol d’un immeuble désaffecté. Pendant ce temps, Kentaro et Yuki, inquiets pour leur copain Ryo qui ne leur donne plus de nouvelles, vont voir Yuya. Ce dernier leur apprend que c’est Ryo qui a tué Daisuke. La disparition de Shota incite la police à entamer une enquête plus approfondie, ce qui commence à perturber les plans d’Ayana…Au zénith de l’horreur dans le précédent volume avec la décapitation de Ryo, le récit de Karasu Yamazaki continue de nous attirer mais aussi de nous révulser. Ayana, toujours avide de vengeance, est déstabilisée par le geste fou de Shota : cela complique ses plans. Même si elle aussi a atteint des summums d’horreur dans ses mises à l’écart de ses camarades de classe, elle paraît effrayée par cette mort subite. Dans un premier temps, avec Ai, elle enterre le corps et les indices puis enferme Shota dans l’ancienne usine, le lieu du massacre. Elle pense ainsi qu’il va être oublié, mourir et que les policiers ne viendront pas chercher de ce côté là de la ville.Ryu Kaname est toujours aussi fort dans sa partie dessin, faisant de ses planches des moments forts qui concourent à l’atmosphère de terreur et d’angoisse du récit.
Revenge classroom : on en redemande ! Encore !!!
- Revenge classroom, volume 4
- Scénariste : Karasu Yamazaki
- Dessinateur : Ryu Kaname
- Editeur: Doki Doki
- Prix: 7.50€
- Sortie: 09 septembre 2015
Drones
Sylvain Runberg est de retour avec un excellent album Drones, le premier tome d’un diptyque qu’il signe avec Louis et publié par Le Lombard.Résumé de l’éditeur :
Deux femmes, deux ennemies. Louise Fernbach et Yun Shao. La militaire européenne contre la terroriste catholique chinoise. Et depuis que cette dernière a causé la mort de soldats du vieux continent, Louise veut sa peau. A tout prix. Louise ne connaît pas la pitié. Louise est pilote de drone. Pour elle, la guerre est un jeu vidéo auquel elle joue depuis son QG danois. Bienvenue dans la guerre moderne…
Le récit de Sylvain Runberg est d’une extrême efficacité. Même si les ressorts de l’intrigue sont classiques, il fait le job et le lecteur accroché passera un agréable moment de lecture. Le suspens est parfaitement distillé et les personnages très bien calibrés. S’inscrivant dans l’actualité, le scénario habile de l’auteur de Warship Jolly Roger, par une belle pirouette (ici, les extrémistes sont catholiques ; il en existe aussi réellement) séduit. Le lecteur pourra même se sentir embarqué dans une histoire digne d’un jeu vidéo.
La partie graphique confiée à Louis est d’une belle qualité et très efficace. Son trait d’une belle modernité permet au récit d’être d’une grande fluidité.- Drones, tome 1/2 : Le feu d’Hadès
- Scénariste : Sylvain Runberg
- Dessinateur : Louis
- Editeur: Le Lombard
- Prix: 13.99€
- Sortie: 21 août 2015
Cesare
La fabuleuse série Cesare de Fuyumi Soryo, publiée par Ki oon poursuit son excellent chemin avec un onzième volume. Formidable plongée dans l’Italie de la Renaissance à travers le destin Cesare Borgia.Résumé de l’éditeur :
C’est à l’abbaye de Fiesole que Giovanni reçoit ses insignes cardinalices avant de rejoindre Florence, où une foule joyeuse brave la pluie pour venir l’acclamer. Mais Lorenzo, qui attendait pourtant ce jour avec impatience, n’assiste pas au spectacle : cloué au lit, rongé par la maladie, il observe d’un oeil inquiet les agissements de son fils Piero, grisé par le succès de son cadet.
L’heure est donc venue pour chacun de quitter les bancs de l’université et de suivre son propre chemin. Tandis que Cesare s’emploie à soutenir son père depuis Pise, Angelo, lui, part pour Rome afin d’assister le jeune Médicis dans ses débuts à la Curie…Complots, courtisans à Rome plus ou moins détestables, Cesare propose une fresque historique et politique de l’Italie de la Renaissance d’une excellent qualité. Fuyumi Soryo a pris le délicat parti de livrer un scénario fort et accrocheur grâce à une documentation solide, notamment au niveau des recherches picturales (cf. la note bibliographique en fin d’album reposant sur une vingtaine d’ouvrages).Si Angelo, le héros est un personnage fictif, ceux qui gravitent autour de lui sont souvent réels. Alors que la mangaka a pris pour son modèle Michel-Ange, elle le propose simple et humble, à l’ombre de Cesare, célèbre, à la stature nationale, voire plus. Enigmatique mais d’une intelligence rare, la biographie du jeune homme possède des blancs que l’auteure a réussi à combler d’une très belle manière.
Le trait élégant de Soryo fascine et envoûte comme pour les précédents volumes. A découvrir d’urgence !
- Cesare, volume 11
- Auteur: Fuyumi Soryo
- Editeur: Ki oon
- Prix: 7.90€
- Parution: 24 septembre 2015
Nains
L’univers de Elfes et Nains imaginé par Nicolas Jarry est formidable. Heroïc-fantasy, magie, créatures magiques, combats, complots, tous les ingrédients sont réunis pour passer un excellent moment de lecture. Le 23 septembre paraissait le deuxième opus de Nain, intitulé Ordo du Talion, un album de Nicolas Jarry et Stéphane Créty, aux éditions Soleil.Résumé de l’éditeur :
Ordo est maudit… Né le sixième jour de la sixième lune, il est le sixième enfant d’une fratrie de l’ordre du Talion. Le jour de ses six ans, son père l’abandonne aux instructeurs de la Loge noire, une branche secrète de l’ordre qui forme des assassins destinés à éliminer tous ceux qui s’opposent au dessein du Talion. Trente ans plus tard, Ordo est devenu un maître de l’ombre. Le moment est venu pour lui de se venger de tous ceux qui l’ont trahi et qui l’ont fait tant souffrir. Son objectif : les ruiner.
En ce qui concerne la partie graphique de Stéphane Créty, elle est parfaite. Pour chacun des tomes, un dessinateur différent est aux manettes. Comme pour le premier volume confié à Pierre-Denis Goux (designer de la série), les planches de l’auteur de Salem la noire (Sylvain Cordurie, Delcourt) sont très réussies.
- Nains, tome 2/5 : Ordo du Talion
- Scénaristes : Nicolas Jarry
- Dessinateur : Stéphane Créty
- Editeur: Soleil
- Prix: 14.95€
- Sortie: 23 septembre 2015
Pourquoi je galère toujours en amour ?
Hina a beaucoup de mal à sortir avec un garçon. En effet, pour ses camarades masculins c’est la bonne copine, la confidente, la rigolote mais pas une petite amie. Depuis quelques temps, elle n’en peut plus de cette situation qui la déprime. Pourquoi je galère toujours en amour ?, un manga Akata, est signé Kyôko Maki.Résumé de l’éditeur :
Trop « bonne copine », trop sérieuse, trop de fangirl, trop ordinaire… Les mecs trouvent toujours une bonne raison pour pas sortir avec une fille ! À moins que ce ne soient peut-être les filles qui, à cause de leurs complexes, ne réalisent pas que c’est dans leurs petits « défauts » que se cache tout leur charme ?!
Si les garçons sont heureux de cette situation, elle ne l’entend pas ainsi, commençant un petite déprime. Etre seule alors que toutes ses copines sont en couple, cela la chagrine beaucoup. Pourtant un jour, un garçon lui avoue qu’il l’apprécie. Sâto, lycéen charmant et timide l’embrasse et lui propose même un rendez-vous… Serait-ce le début de l’amour ?
Créé en 2014 au Japon, Pourquoi je galère toujours en amour ? est un shôjo qui ravira les jeunes adolescentes françaises. Prépublié dans le magazine féminin pour ados Pretties en France, ce manga pourrait paraître classique et un peu gnan gnan. Pourtant, l’histoire de Hina est contée de manière plutôt habile et simple. Teinté d’un humour, le récit est décalé surtout par le caractère de l’héroïne : elle a tous les défauts possibles, change de visage souvent (la fille qui demande comment être populaire, la fille qui refuse qu’on l’aide, la fille qui nettoie les dents avec la langue, la fille qui met un survet sous sa jupe, la fille qui est moche quand elle pleure, la fille qui cache son plaisir ou la fille toute raide quand elle fait un bisou) ; mais est très attachante.
- Pourquoi je galère toujours en amour ?
- Auteure: Kyôko Maki
- Editeur: Akata
- Prix: 6.95€
- Parution: 10 septembre 2015
C’est grave docteur ?
En mars 2014, le docteur Michel Guibert publiait C’est grave docteur ?, un recueil des plus belles perles entendus par les médecins (éditions de L’opportun). Bob Bergé sur un scénario de Alan propose l’adaptation dessinée de ce best seller aux éditions Jungle.Résumé de l’éditeur :
Le docteur Michel Guilbert écoute attentivement les maux de ses patients depuis plus de 30 ans. Mais quand surviennent à l’improviste quelques bons mots, il sort son carnet et note consciencieusement ces perles savoureuses… Compliments alimentaires, carte virale et points de soudure cohabitent avec la spasmofolie, le coma idyllique et l’épaule lustrée.
Alors que les éditions Jungle avaient décliné en bande dessinée les petites perles du site Vie de Merde (plutôt assez bon), elles récidivent avec des perles entendues par les médecins. Les 32000 exemplaires vendus du best seller du docteur Michel Guibert pouvaient attirer les convoitises. Mais on le sait, souvent c’est une mauvaise idée. Si la succession des lapsus, jeux de mots et situations cocasses fonctionnent sous un format livre, comme notamment l’excellent Mots d’excuse de Patrice Romain (François Bourin éditeurs, les parents écrivent aux enseignants) ; il est toujours délicat d’adapter en album dessiné ces perles.Reposant uniquement sur les erreurs langagières des patients, même si les situations sont variées et les mises en scènes plutôt ingénieuses, plus d’un gag sur deux tombe à l’eau. Les planches de Bob Bergé sont composées de grandes cases, trop numérisées ; les mises en scène souvent ratées et les personnages pas très réussis. C’est grave docteur ? un album à offrir à son médecin de famille préféré ? (pas si sûr !)
- C’est grave docteur ?
- Scénariste : Alan, d’après l’ouvrage de Michel Guibert
- Dessinateur : Bob Bergé
- Editeur: Jungle
- Prix: 10.45€
- Sortie: 16 septembre 2015