Si j’étais ministre de la Santé Publique de ce pays, j’aurais réuni tous les étudiant(e)s en médecine grévistes qui refusent le “service sanitaire obligatoire dans les zones reculées” et je leur aurais fait passer un vieux film français réalisé par André HAGUET en 1952 : “IL EST MINUIT, DOCTEUR SCHWEIZER“!
Ces jeunes jeunes et jeunes filles n’ont surement jamais entendu parler du Docteur Albert SCHWEITZER ? Je les comprends : ils et elles nous expliqueront que l’enseignement marocain ne permet l’ouverture à d'(autres cultures, à d’autres horizons, et patati et patati……Pourtant, ils et elles se préparent à devenir “médecins”, l’un des plus beaux, des plus nobles et des plus difficiles métiers du monde !
Pour information destinée à ces jeunes, Le Docteur Albert SCHWEIZER était un médecin français qui, dans les années précédant la première guerre mondiale, s’est dévoué corps et âme pour les populations du Gabon, décimées par le malaria, le paludisme. A cause de problèmes dus à son origine alsacienne, ce médecin-pasteur a dû quitter ses malades pour la prison mais il les a rejoints une fois ces problèmes personnels réglés pour construire un hôpital de fortune pouvant accueillir des centaines de malades et pour monter une léproserie !
Bel exemple à suivre pour des jeunes qui vont consacrer leur vie à sauver celle des autres!
Pourtant, ces étudiants qui se préparent à prononcer – en principe – un jour le serment d’Hippocrate où il est précisé entre autres que “ils feront tout pour soulager les souffrances” et que “ils donneront leurs soins à l’indigent et à quiconque le leur demandera” semblent avoir d’autres objectifs et d’autres ambitions!
Si j’étais ministre de la Santé publique, j’aurais réuni ces futur(e)s médecins et je leur aurais parler de MÉDECINS SANS FRONTIÈRES, de MÉDECINS DU MONDE, du CROISSANT ROUGE! Je leur aurais parlé de ces médecins palestiniens qui ont continué à travailler sous les bombardements, à opérer sans se préoccuper des “moyens” et qui ne se proclament pas “héros”!
Beaux exemples de solidarité, d’altruisme, de responsabilité, de sacrifices et d’humanité!
Mais nos étudiant(e)s en médecine semblent ignorer le sens de ces mots : ils semblent plus à l’aise quand ils abordent les plans de carrière, les possibilités d’intégration dans la fonction publique, l’augmentation des indemnités de garde, les lois et les conventions internationales ….tiens donc, surtout celles qui les intéressent personnellement, et bien sûr de manque de moyens !
Mais bon dieu, MÉDECINS DU MONDE ou MÉDECINS SANS FRONTIÈRES interviennent dans des conditions abominables et ils le font bénévolement sans attendre d’être rémunérés : je suis sûr que très peu de nos étudiant(e)s en médecine n’a jamais envisagé de rejoindre ces deux organisations et ils ne veulent surtoutn pas de héros, mais de simples bourgeois bien installés dans leur pantoufles!
Si j’étais ministre de la Santé publique du Maroc, j’aurais réuni les étudiants internes et autres, grévistes, les refuzniks du service sanitaire obligatoire dans les zones reculées et je leur parlerais de ces médecins arabes qui ont construit la gloire de notre civilisation : IBNOU SINA et IBNOU ROUCHD, AR-RAZY et IBNOU TOUFAIL, ABOUL KACIM et IBN-AN-NAFFIS! Pour ne citer que les plus connus!
Je rappellerais à ces jeunes futurs médecins que ce sont les arabes qui ont crée les premiers hôpitaux publics, qui ont ouvert les premiers hospices pour les aliénés mentaux, qui inventé cent et une techniques chirurgicales, de la césarienne aux prothèses dentaires!
Sans les grands moyens d’aujourd’hui ! Juste avec la volonté sauver des vies humaines !
Les moyens ? Lesquels exigent nos futurs médecins ? Ceux dont disposent les médecins des séries américaines? Les moyens ? Tels des analyses, des radios et autres scanners dont on peut douter qu’ils puissent en réaliser une ;lecture correcte!
Mais ces jeunes étudiants ont d’autres chats à fouetter et d’autres intérêts à défendre que la santé de leur compatriotes : après au moins 12 années d’études et de sacrifices, ils veulent prétendre à un confort mérité !
Ils oublient que la médecine n’est pas un métier comme les autres et que les médecins ne sont pas des personnes comme les autres !
Peut-être se sont-ils simplement trompé de vocation !
Pour moi, le problème est simple : l’état paie une très longue et très coûteuse formation de médecin à des centaines de ses enfants ! Si en retour ces enfants sacrifient deux ans de leur vie pour “rembourser” leur dette, ce n’est pourtant pas trop leur demander!
Ce n’est ni de l’héroïsme, ni du sacrifice! Juste du civisme et de la citoyenneté!
Concepts qui ne sont pas enseignés dans les facultés de médecine, je crois, mais dans les familles.
Pour terminer, je dédie à tou(te)s ces grévistes de la 25ème heure cette petite fable de Jean de la Fontaine (mais connaissent-ils ce fabuliste?)
LES MÉDECINS
Le médecin Tant-Pis allait voir un Malade
Que visitait aussi son Confrère Tant-Mieux.
Ce dernier espérait, quoique son Camarade
Soutînt que le Gisant irait voir ses aïeux.
Tous deux s’étant trouvés différents pour la cure,
Leur Malade paya le tribut à Nature,
Après qu’en ses conseils Tant-Pis eut été cru.
Ils triomphaient encor sur cette maladie.
L’un disait : Il est mort, je l’avais bien prévu.
S’il m’eût cru, disait l’autre, il serait plein de vie.