Dans la profusion des sorties musicales « électroniques » assistées par ordinateur, les défricheurs 2.0 que nous sommes doivent parfois revenir aux sources de la musique, celle qui sort des instruments réels et qui se joue en groupe. « Resistance », dernier opus du sextuor Souljazz Orchestra, était l’occasion toute trouvée pour renouer avec l’analogique, une résistance face aux évolutions numériques donc mais également face aux inégalités sociales et raciales dénoncées ici à travers un message revendicateur et optimiste. « There’s a better way of life for the workers and the poor » introduit la première chanson « Greet The Dawn », rendant hommage au mouvement Occupy, aux printemps arabes, aux manifestations de Ferguson, servi magistralement par un afrobeat qui n’est pas sans nous rappeler les combats politiques menés par leur père spirituel Fela Kuti.
Avec ce 7ème album, sorti début septembre sur le label anglais Strut, les Canadiens d’Ottawa confirment leur talent et continuent de perfectionner leur signature sonore : des rythmes soul, jazz, afro, latins et antillais, menés par d’énormes mélodies cuivreuses, le tout propulsé par un arsenal complet de vieux claviers surchauffés. « On voulait approcher l’album avec un esprit ouvert », explique le compositeur Pierre Chrétien. « On cherchait à développer le son et le message du groupe, alors j’ai pensé incorporer certains éléments de musique des Antilles françaises et de l’Afrique francophone, que j’écoute depuis mon enfance. » Résultat saisissant sur cet album où les sonorités tropicales, caribéennes, créoles et cubaines sont venues s’ajouter au métissage Afro, Soul et Jazz typique du groupe, le morceau « Courage » en est l’exemple parfait :
Cet album est certainement le plus « dance-floor compatible » de tous, tant les titres s’enchaînent avec fougue au delà des 130 bpm. Des rythmes frénétiques de « Shock and Awe » au tube afro-caribéen « Soleil Couchant » en passant par la reprise « Ware Wa » d’un vieux morceau du Loi Toki Tok band ou le high-life « Kossa Kossa » très Lagos 70’s, l’album regorge de pépites et se conclut avec le magnifique « It’s Gonna Rain » empreint de soul à la manière d’un Mayer Hawthorne des débuts.
Jusqu’à présent, le sextuor a eu l’occasion de se produire dans plus d’une vingtaine de pays dans le monde, côtoyant des légendes telles que Stevie Wonder, Bob Dylan et Femi Kuti en chemin, et ce, sans montrer le moindre signe d’essoufflement. « Quand tu es passionné de musique comme nous, ce n’est pas comme un robinet que tu peux ouvrir ou fermer à volonté », conclut le saxophoniste Ray Murray. « Souljazz, pour nous, c’est plus qu’un simple groupe, c’est un mode de vie.»
Le collectif aborde en octobre une tournée française de cinq dates avec un passage au New Morning le 13, à ne rater sous aucun prétexte ! L’album et son rythme endiablé laissent à penser que les concerts à venir seront tout autant effrénés, de quoi engranger une bonne dose de chaleur musicale avant le gris automnal. Bonne écoute :
Cheers 😉
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