Avec ces murs de bétons bruts et ses cactus, cette salle à manger développée par l'architecte parisienne Isabelle Stanislas mélange raffinement et sobriété : La salle à manger salon d'Isabelle Stanislas.
- Pouvez vous nous parler de votre processus de création ?Dans l'agence nous sommes 14. Nous avons tous mis notre grain de sel dans la conception du projet. On travaille et teste énormément les matières. L'année dernière nous avons travaillé sur un bloc en albâtre, et cette année nous avons voulu travailler une autre matière qui sont des matières brutes comme le béton et la lave, et ainsi montrer que tout pouvait être décoration et qu'on pouvait avoir un style, un dessin qui n'était pas forcément formaté par un choix de matière.
Nous avons travaillé à peu près un mois sur les plans, le dessin, les proportions et la création des meubles. Pour cette dernière, cela nous a pris au moins 4 mois pour aller voir les fournisseurs, les prototypes , les types de métaux , les tissus etc...et ensuite pour l'installation à proprement dit il a fallu compter une trentaine de personnes sur 15 jours non stop pour tous les corps de métier.
- Comment avez vous trouvé votre équipe d'artisans ?D'une manière générale nous recherchons toujours des gens qui peuvent nous aider à faire nos prototypes et donc à chaque fois c'est un travail de recherche nouveau vers des gens qui ont des spécificités.
Cette pièce est aussi un espace dans lequel on a voulu travailler des pierres brutes donc nous avons travaillé avec des fournisseurs qui travaillent essentiellement les pierres brutes, qui les délavent, repigmentent.
Nous sommes allé jusqu'à travailler le playlist musicale avec un DJ - Fabrice Dayan - que j'affectionne particulièrement. Nous avons également travaillé sur l'odeur, sur le choix des plantes. Rien n'est laissé au hasard.
- À qui se destine la pièce ?Pour moi le fait de déjà créer des murs en béton, de prendre une boite assez neutre et d'en faire un univers qui peut être à l'intérieur et à l'extérieur et qui peut se déplacer était un élément important: chacun des meubles qui est ici peut être utilisé à l'intérieur comme à l'extérieur, c'est un projet qui peut être indoor/outdoor. . Donc ça peut être un patio, qu'un lobby, un salon ou une salle à manger.
J'aimais bien l'idée que l'on puisse se transposer dans un autre univers, ouvrir des champs et pas dire " nous sommes dans la boite d'Isabelle Stanislas ça se passe comme ça et pas autrement ". Je pense que ce n'est pas le sujet, le sujet c'est plutôt de vraiment montrer ce qu'on sait faire et comment on le fait.
- Tous les meubles de cette pièce ont ils été spécialement conçus pour AD Intérieurs ?Pour cette édition d'AD Intérieurs nous avons dessinés les fauteuils, le guéridon, la table de salle à manger, la console, tout l'éclairage. Il y a uniquement la table basse qui a été réalisé pour AD Collections et que nous avons conservée puisqu'elle fonctionnait bien ici. Nous avons aussi commencé à dessiner notre ligne d'arts de la table avec les petits plateaux en marbre qui représentent l'amorce d'un travail. Donc tout ce que vous voyez là est en fait l'amorce d'une ligne.
- Pouvez vous nous parler des objets décoratifs de cette pièceNous avons travaillé avec Daniel Firmant qui a réalisé ce néon " Something ordinary happens here " ce qui est très intéressant car à chaque fois qu'on entre dans un univers on s'attend à trouver quelque chose d'incroyable alors qu'ici ce néon nous interpelle: on se dit " il se passe quelque chose d'ordinaire ici mais regarde comment tu dis ça ".
Nous avons également travaillé avec la galerie Mouvement Moderne qui nous a prêté des œuvres de céramiste comme les grandes jarres, les œuvres en terre de Mattew Chambers qui sont posées et puis nous avons aussi travaillé avec des œuvres de collections privées de Daniel Ligorne.
L'idée étant qu'avec seulement quelques œuvres on peut agrémenter une pièce. J'aime que les œuvres qu'on met dans un espace aient du sens, qu'on les mette parce qu'on les aime et parce qu'elles nous touchent, et non pas de mettre des œuvres pour mettre des œuvres.
Cet espace libre entre le plafond et le sol représente une échappée vers le haut, presque une échappée vers le ciel. Cette cloison dans un dégradé de bleu dans l'entrée se duplique dans les miroirs et du coup il y a l'idée que même si nous nous sommes dans un cube de 26 mètres carrées la notion de lévitation et de ciel existe quand même. C'est pour cela que j'ai fais le choix de prendre une pièce sans fenêtres.
- Il s'agit de votre seconde participation à AD Intérieurs. Quelles sont vos impressions ?Nous avons pris le parti de faire différent de l'année dernière et de montrer notre ligne, notre dessin et que nous pouvions travailler d'autres matières. On a eu le même stress, la même angoisse puisque justement on était sur des choses nouvelles. Nous avons monté sur des prototypes et nous testions des matières nouvelles. On a vraiment 15 jours pour voir le résultat et comme en majeur partie il s'agit souvent de prototypes nous ne les voyons que 48 heures avant que tout soit terminé. De plus, je ne souhaite pas mettre du faux, je veux mettre que du vrai donc tout est très lourd et assez compliqué à installer.
Il ne faut pas oublier que nous sommes ici dans un univers éphémère et non pas dans du dur, donc le système constructif est différent. Il y a donc cet équilibre entre l'éphémère et le vrai à trouver.
Exposition AD Intérieurs 2015Période : du 5 au 20 Septembre 2015 de 14h à 18h ( entrée libre sur présentation d'une pièce d'identité)
Lieu : Palais d'Iéna - 9, place d'iéna Paris
crédit photo (si non libellé): SeenByKloé pour Blog Esprit Design.Retrouver l'intégralité de notre dossier : BED - AD Intéieurs 2015
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