Cette recherche de spécialistes en neurosciences montre (voir schéma ci-contre) au niveau des cellules ciliées matures, une perte de certaines connexions vers les neurones (gauche) et un gain de connexions venant des neurones (droite). L’hypothèse, vérifiée sur la souris » vieillissante » montre ainsi, avec l’âge, des changements de connexions entre les cellules sensorielles de l’oreille interne et les cellules nerveuses. Parce que certaines des connexions entrantes (cerveau-oreille) amortissent l’audition en cas d’exposition à des sons trop forts, les scientifiques pensent qu’elles contribuent ici à la perte d’audition liée à l’âge chez les souris. Et probablement chez les humains.
Les cellules nerveuses qui sont connectées aux cellules sensorielles de l’oreille interne sont connues comme capables d’inhiber l’audition dans certaines situations, explique l’auteur principal, le Dr Paul Fuchs, professeur d’otorhinolaryngologie et de chirurgie cervico-faciale à l’École de médecine de l’Université Johns Hopkins. Il rappelle que l’oreille interne comporte une rangée de cellules sensorielles ciliées responsables de la conversion des ondes sonores en signaux électriques envoyés aux cellules nerveuses du cerveau. Ces cellules dites ciliées forment 2 rangées, une plus proche du cerveau et une plus externe qui exerce une fonction secondaire, amplifier les ondes sonores à l’intérieur de l’oreille interne. La perte de ces cellules ciliées externes est évidemment étroitement corrélée avec la perte d’audition, cela a déjà été démontré.
Mais l’étude suggère que des changements liés à l’âge interviennent aussi dans les connexions entre cellules ciliées et cellules nerveuses. Les chercheurs le confirment, sur la souris, par enregistrement des signaux électriques venant de cellules ciliées internes. Précisément, ils constatent avec l’âge, une diminution des signaux sortants (de l’oreille vers le cerveau), et une augmentation des connexions entrantes. Les niveaux d’activité des cellules nerveuses entrantes sont même corrélés aux capacités auditives des animaux. Les chercheurs font l’hypothèse que ces nouvelles connexions » entrantes » viennent compenser la perte de cellules nerveuses sortantes.
C’est une nouvelle voie possible pour traiter ou prévenir la perte d’audition liée à l’âge, si l’hypothèse est confirmée. Car il pourrait » y avoir des moyens » de prévenir la formation de nouvelles connexions entrantes, et maintenir ainsi une audition normale durant la vieillesse, concluent les auteurs.
Source: Journal of Neuroscience 1 July 2015 doi: 10.1523/JNEUROSCI.0879-15.2015 Re-Emergent Inhibition of Cochlear Inner Hair Cells in a Mouse Model of Hearing Loss (Visuel@ Paul Fuchs, Johns Hopkins Medicine)