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Samuel Gratacap - Empire

Publié le 24 septembre 2015 par Marcel & Simone @MarceletSimone

Son équipement, destiné plutôt à une pratique en studio, l'éloigne aussi paradoxalement de son sujet. La construction des compositions signifie son point de vue extérieur aux événements, auxquels il ne prend part que dans un temps déterminé. Les images que Samuel Gratacap ramène de Choucha frappe par leurs qualités, et leur portée symbolique. L'une d'entre elles présente une femme, entièrement voilée pour se protéger d'une tempête de sable, et évoque la perte d'identité et l'isolement. Le gros plan d'une main tenant un morceau de miroir cassé, où aucun reflet n'est identifiable, poursuit cette poétique de l'anonymat. Aux côtés des portraits de certains, Samuel Gratacap tient aussi à immortaliser des silhouettes, souvent de dos, qui circulent dans le camp.

La douceur des tonalités des photographies contraste avec l'hostilité du lieu représenté. Les détails de déchets au sol et d'habitations abandonnées marquent aussi bien la qualité de ses prises de vue, qu'ils rappellent la dureté de la vie à Choucha, déserté par l'aide humanitaire. L'atmosphère flou de l'arrière plan des paysages, qu'accentue la tempête de sable, devient aussi une métaphore de ce qui occupe l'esprit des habitants au destin suspendu, dans l'attente constante d'un lieu de vie décent.

La scénographie de l'exposition renforce avec justesse le propos de Samuel Gratacap. La distance ou le rapprochement entre les photographies, montées sur châssis affleurant et non circonscrites par un cadre, permettent d'imaginer un hors champ ou de tisser des liens dramatiques entre les différentes scènes. La photographie d'une personne de trois quart dos, capuchon relevé sur la tête, assise dans une tente, accrochée serrée au mur perpendiculaire renforce ainsi la sensation d'enfermement et d'isolement du camp relaté par l'image.


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