Qu’arrive-t-il lorsqu’on découvre l’existence d’un logiciel ayant la capacité d’usurper les résultats d’une analyse d’émissions polluantes des voitures que vous fabriquez? Un fiasco, rien de moins.
Devant l’ampleur de la crise à gérer, Martin Winterkorn, président directeur général de Volkswagen AG, a préféré jeter l’éponge plutôt que d’espérer que le public puisse un jour la passer.
«Par dessus tout, je suis stupéfait que des infractions de cette envergure aient pu être commises au sein du groupe Volkswagen.»
«Volkswagen a besoin d’un nouveau départ», a-t-il écrit dans un communiqué. «Avec ma démission, j’ouvre la voie à ce changement.»
Winterkorn a toutefois laissé entendre à nouveau qu’il ignorait qu’un tel logiciel était embarqué dans les véhicules de son entreprise. «Je suis choqué par ce qui est arrivé ces derniers jours», peut-on lire en introduction. «Par dessus tout, je suis stupéfait que des infractions de cette envergure aient pu être commises au sein du groupe Volkswagen.»
Ce départ paraît plutôt étrange, d’autant plus que Winterkorn a présenté hier ses excuses dans le cadre d’une vidéo, tout en laissant entendre qu’il était prêt à faire le nécessaire pour stopper l’hémorragie qui sévit sur la réputation de son entreprise.
Comme le soulignait cette semaine le New York Times, Winterkorn était le dirigeant le mieux payé d’Allemagne, bénéficiant d’un salaire annuel de près de 18 millions de dollars US (16 millions d’euros). On ignore pour le moment qui le remplacera, mais les rumeurs suggèrent que le PDG de Porsche, Matthias Müeller, serait le prochain en lice pour ce poste.
La nature du scandale
Qu’est-il arrivé? En 2013, l’ONG International Council on Clean Transportation a effectué des tests sur les émissions de voitures diesel aux États-Unis. Elle a analysé le comportement de trois voitures – deux de marque Volkswagen (une Passat et une Jetta) et une de marque BMW (une X5) – sur la route plutôt qu’en laboratoire. Le but de l’expérience était de démontrer que les voitures vendues aux États-Unis étaient moins polluantes que celles vendues à l’étranger, puisque les normes américaines sont plus exigeantes. Toutefois, les véhicules de Volkswagen affichaient des niveaux d’émissions d’oxyde d’azote de 5 à 35 fois supérieures aux mesures officielles du constructeur.
Quel stratagème a employé Volkswagen pour berner les analyses? Devant les accusations du gouvernement américain, Volkswagen a admis avoir produit et installé sur certains de ses véhicules un logiciel ayant la capacité de détecter que la voiture est en train de subir une analyse antipollution puis restreindre la production d’émissions de gaz polluants.
Un résumé du fonctionnement d’une voiture à moteur diesel de Volkswagen (Image : New York Times).
Pourquoi ne pas simplement produire des véhicules moins polluants? Parce que filtrer les particules d’oxyde nitrique (le polluant en cause) nécessite plus de carburant, et que les consommateurs désirent économiser de l’essence. On soupçonne que pour des raisons économiques, il était plus rentable pour Volkswagen de produire des véhicules de la sorte que de suivre l’exemple de BMW, dont les voitures sont plus dispendieuses à produire, et dont le prix est plus élevé pour les consommateurs.
Quelles sont les conséquences? L’Environmental Protection Agency (l’agence américaine de protection de l’environnement) ordonnera à Volkswagen de rappeler sept modèles de voitures commercialisées aux États-Unis qui partagent le moteur fautif. On estime que ce rappel représente environ 500 000 véhicules.
Quels sont les modèles affectés? Puisqu’une image vaut mille mots, voici les modèles affectés selon l’Environmental Protection Agency.
Les modèles de marques Volkswagen affectés par un rappel aux États-Unis (Image : New York Times).
Quand est-il du Canada? Selon le Registraire des véhicules importés, les normes d’émissions fédérales du Canada et des États-Unis sont alignées pour diverses catégories de véhicules, y compris les automobiles à moteur diesel. À la lumière de ce scandale, Environnement Canada a ouvert une enquête afin d’étudier la situation au nord de la frontière américaine.