Jamais une série n'aura été aussi intense, concise, percutante et intelligemment provocatrice. Meadowlands brise les codes du genre, fonce dans son ambition et suscite une impression explosive au téléspectateur. C'est absolument impossible de ressortir de ce drame dans l'indifférence. Elle marque et n'a quasiment aucune faiblesse. Dommage que le public n'ait pas autant apprécié pour pouvoir lui offrir des épisodes supplémentaires puisque si elle continue comme ça, ce serait un exemple parfait de ce que je cherche dans une série : une ambition sempiternelle, inébranlable, un développement psychologique des personnages phares extrêmement sinistre, précis, abouti servis par un scénario forcément osé et intrépide. La télévision anglaise est de qualité, c'est le moins que l'on puisse dire.
Chaque épisode se concentre sur un personnage principal visiblement. Après Jack of all trades pour le 1.02 dont le décès me laisse toujours un peu sceptique (j'adorais ce personnage qui apportait à la série un sentiment encore plus dérangé), cet épisode se concentre sur Mark, le fils. Un personnage très très intéressant, peut-être même le plus intéressant parmi la palette des personnage de Meadowlands. Harry Treadaway est absolument remarquable dans son rôle, sa prestation colle parfaitement à la profondeur du script. Les scènes dans lesquelles il joue sont géniales et le duo qu'il forme avec son père dans la série est plutôt intéressant, puisque Danny seul n'apporte pas réellement de suspense à la série. Les répliques et scènes sont à nouveau très colériques, les scénaristes s'amusent à emmener le téléspectateur vers un monde où l'humour est absent et où la violence et le désastre dominent. Voilà enfin une série qui est déterminée et qui affirme sa signature. Encore une fois je le répète, la réalisation est irréprochable, l'impression d'emprisonnement est restée intacte et ces éléments permettent d'appuyer la dimension intriguante qui caractérise la série. Je regrette simplement que le personnage de Mark semble trop éloigné de sa famille. On sait que sa relation avec les autres membres de la famille (Evelyn principalement) est plutôt chaotique après le drame qui est survenu dans le passé mais la série n'explique pas assez ce point-là. Sinon c'est parfait.
L'épisode complet, comme le laissait penser la bande annnonce est bâti sur une seule ligne scénaristique : la recherche de Jack par Wintersgill. Un des grands atouts de Meadowlands c'est évidemment son imprévisiblité. Elle démontre encore à quel point les séries du câble (aux USA en l'occurence, même si la série est d'origine anglaise) ont la chance de pouvoir offrir ce qu'elles veulent et qu'elles ne doivent pas subir les restrictions de leurs chaînes respectives dans le cas des séries diffusées sur les grands networks comme ABC. La série est donc totalement surprenante et le fait qu'elle n'ait pas de limites rend le déroulement de ses épisodes incertain pour les téléspectateurs. Bref, ça se voit encore à travers cet épisode qui surprend et limite le taux d'action pour privilégier la psychologie. Un choix entièrement légitime et qui prouve que les scénaristes maîtrisent parfaitement leur série.
Là où c'est moins intéressant et je reviens sur ce que j'ai dit pour l'épisode précédent, c'est au niveau de l'intrigue David/Evelyn. Déjà ça manque d'interactions avec le reste de l'épisode et ça n'avance pas. Alors David est toujours attiré par Evelyn mais c'est encore une fois rallongé jusqu'à rendre quelques scènes répétitives. Un manque de force dans la qualité des dialogues est à noter également. À noter aussi, Wintersgill qui est au courant pour la liaison entre Jack of all trades et la femme de David ce qui risque de compliquer (encore plus) la situation.
On commence gentiment à s'habituer à l'univers de la série et à son environnement douteux. Tous les personnages mentent, on ne sait plus qui ou quoi croire et Meadowlands est quasiment un jeu d'échec version réelle où chaque pièce aura son rôle à jouer puisque la tension ne fait que de monter et j'ai du mal à voir comment ça va être au bout du huitième épisode (dernière épisode de la saison et par conséquent de la série). C'est à nouveau totalement assumé et jouissif. Le téléspectateur est impuissant et naif face au défilement des séquences et c'est un atout premier que possède la série. Elle joue avec ses témoins, en l'occurence nous. Ainsi, on nous laisse sur une citation qui résume totalement l'ambition de la série : "the bigger the lie, the more it will be believed". Ca se voit à travers tous les personnages, que ce soit au premier ou au second plan. Chacun protège un mensonge et le téléspectateur est perdu.
EN BREF : Un épisode absolument remarquable de Meadowlands. Ses points faibles sont très peu nombreux et la relation qu'elle entame avec le téléspectateur se fait de plus en plus claire. Voilà une série qui mérite d'être plus souvent mentionnée puisqu'elle bénéficie d'atouts que beaucoup d'autres séries dites cultes ne possèdent pas.
Plus : deux scènes très très intenses de l'épisode, démontrant la force dramatique considérable de la série. À voir !