Sur cette base dérisoire, les Sarkozy et autres Le Pen crient au loup et parlent de «désintégration», d’«invasion», comme si la définition et la clôture des identités étaient la base de l’ordre social républicain. Tous ces faux parleurs, à la limite de la déshumanisation, se servent de la xénophobie pour compenser la désaffiliation néolibérale. Car ce qu’ils oublient de dire, c’est que la protection sociale n’est pas en danger du fait des immigrés mais bien de l’austérité: sur les 50 milliards d’économies que le gouvernement dit «de gauche» souhaite réaliser sur les dépenses publiques d’ici à 2017, 40% seront puisés dans les aides aux plus démunis…
Nous ne tairons pas non plus notre indignation devant cette obsession à vouloir «trier» réfugiés et migrants dans des «hot spots». Ensemble, ils fuient pourtant la guerre et la misère. Qui possède droit de vie ou de mort sur des personnes dont le pays d’origine ne peut ou ne veut leur assurer «protection», comme le stipule le statut de réfugié de la convention de Genève? Fuir une guerre ou la misère absolue, n’est-ce pas, dans les deux cas, être victime d’une impossibilité de vivre sur son sol? Les réfugiés sont des messagers de l’humanité, mais surtout des messagers de l’histoire. Cette histoire est aussi la nôtre. [EDITORIAL publié dans l’Humanité du 24 septembre 2015.]