Criss de fif.
Par Andréanne Tenhave
Salut.
J’aurais bin faite un article soft, du genre « Comment faire une bonne sangria? » ou « Survivre dans une chambre de 10m² » sauf que je préfère utiliser cet article à des fins plus fondamentaux et humains cette semaine.
Pas mal tout le monde a entendu l’histoire de Mathieu Grégoire, 21 ans. Ça fait le tour des réseaux sociaux et des tribunes médiatiques depuis plusieurs jours. (Si tu ne l’as pas entendu, Mathieu c’est le gars sur la photo ci-dessous, et qui a donné cette entrevue). Le gars s’est fait tabassé au Festival Western de St-Tite, par un homophobe profond qui avait besoin d’une gratuité autre qu’un 2 pour 1 sur les juniors au poulet au McDo, parce que probablement que ça lui suffit pas pour vivre une quelconque satisfaction.
Ça fait qu’à matin, entre vous et moi, on va se le dire : l’homophobie, c’t’assez. Des phobies, il en existe des milliers. Y’en a déjà des weirds (genre la Papaphobie, qui est d’avoir peur du Pape, ou encore la Arachibutyrophobie, qui est d’avoir peur que du beurre de peanut te reste collé au palais …) Mais pour moi, avoir peur de l’amour entre personne de même sexe, c’est un peu comme être contre les vidéos de chats : c’est cave parce que ça fait mal à personne pis ça t’oblige en rien (tu peux ne pas être fou des p’tits chatons, tout le monde a ses goûts).
Je pense à toi qui a gaspillé ta bière (car oui, selon moi, le fond de ta 14e bière flatte et chaude de Labatt 50 valait PAS MAL PLUS que ton besoin d’extérioriser ta phobie épaisse et injustifiable sur quelqu’un qui t’a dit que tu étais cute) pour frapper un « criss de fif » (comme tu l’as si bien dit). Tu t’es jamais dit que peut-être que s’il y a encore des homophobe en 2015, il y avait peut-être aussi du monde qui ont une phobie des homophobes? Parce que si cette phobie-là existe mon gars, j’te jure que je l’ai.
Pourtant, ça m’autorise pas plus à débarquer chez vous durant un de tes partys piscine-crotte de fromage-jus de pomme et à te frapper dans face à coup de Pokéball jusqu’à temps que tu t’évanouisses, en traumatisant par la même occasion, ton p’tit frère en speedo. Mathieu là, avant de te croiser ce soir-là, il dérangeait personne. Les homosexuels passent, pour la plupart, déjà à travers bin assez d’affaires avant de sortir du placard, et vivre intérieurement des choses qui ne se décrivent probablement pas quand on ne le vit pas. Dans notre société où ce n’est pas « la norme » d’être gay, s’il y a bin une chose qu’on peut faire si on ne veut pas soutenir ces gens-là, c’est de les laisser vivre.
Le pire c’est que pendant que j’écris ces lignes, je fais attention à comment je l’écris pour éviter les mauvaises interprétations (haaaaaa, l’interprétation). Pis là je me demande pourquoi est-ce si délicat, en m’auto-répondant que ce n’est pas normal. Mes amis gays à moi, font des jokes que j’oserais même pas faire à leur sujet tellement ils ne s’autocensurent pas. Et la vérité c’est que oui, un gay/une lesbienne, c’est normal et c’est aussi différent.
Mes amis gays ont des idées que jamais mon chum et ses boys auraient, pis j’adore ça parce qu’ils sont créatifs rares. Je peux leur demander leur avis sur ma robe, mon couple, ma vie, pis ils sont capable de me répondre, avec un esprit critique posé (genre d’affaire, que toi, 2-watts-homophobe, a sûrement pas ou si tu en as un, ça vient clairement pas avec un sens du jugement). Et ta relation avec eux est claire : tsé l’affaire de l’amitié gars-fille floue, qui tourne parfois au vinaigre à cause de la sphère amour-sexe-séduction? Avec un ami comme Mathieu, ça arrive pas (pis ça mon gars, c’est bon pour toi quand tu y penses).
Pour ceux qui pense que l’homosexualité rend sourd (j’parle de ceux qui ne peuvent s’empêcher de chuchoter/dire fort que le gars qui vient de passer est clairement gay comme si personne entendait), allume. Tous les matins, je vais te marcher sur le gros orteil okay? Après 6 mois, tu vas sûrement être habitué, mais ça fera pas nécessairement moins mal … Tu piges? Au bout du compte, tout ce qu’elle fait cette personne, c’est aimer quelqu’un d’autre pis être heureux sans jouer à cache-cache avec la planète. Si tu devais dire un commentaire sur tout le monde qui aime quelqu’un, hétéro-homo-trans, tu en dépenserais tu de la salive tu penses? Fake économise la dont, avec tout le monde en partant.
Ha, pis juste de même : être homosexuel, ce n’est pas contagieux. Se faire dire qu’on est cute, peu importe par qui, ça reste un compliment. Si le gars aime un autre gars, tu peux juste te dire que ça fait plus de filles pour toi sur la terre. Un gay ne te volera jamais ta blonde, ta sœur, ta meilleure amie et tu n’auras jamais à être jaloux de lui (un gars de moins à checker, s’pas beau ça!?). Et s’il est l’ami de ta copine, il sera sûrement bin pratique parce que quand vient le temps d’acheter le cadeau de fête de ta blonde, si toi tu en as aucune idée, lui il va savoir ; parce que lui et elle se disent toute, et qu’il a peut-être/sûrement plus de goût que toi.
À toutes les personnes homosexuelles, vous êtes qui vous êtes, et on ne veut pas que ça change. À tous les homophobes, dans votre cas, il est temps que ça change. Et à la société, les gens différents/hors-norme valent plus qu’une poignée de change. Et de toute façon, qui veut être dans la norme? Moi j’ai déjà essayé d’être « normale » … ça duré 15 minutes et ce fût les pires de toute ma vie.
Vivre et laisser vivre. Bisous.
AT.