L’influence et la puissance des 28 banques systémiques mondiales nous expose au prochain tsunami financier. A moins d’une réaction politique internationale de grande ampleur. Démonstration en trois volets. Formation et dimension (1/3)
Oligarchie appliquée à la finance
Suivant cette définition classique, on peut démontrer, données à l’appui, l’existence d’un oligopole bancaire à l’échelle mondiale. Celui-ci est constitué par les 28 banques systémiques définies par le G20 en 2011. Ces banques sont en effet de très grande taille. Le total de leurs bilans – un peu plus de 50 000 milliards de dollars en 2012 – dépasse l’entendement. Pour se donner une idée de ce qu’il représente, on peut le rapporter à une autre grandeur, le total de la dette publique mondiale, c’est-à-dire les dettes cumulées d’un peu moins de 200 États. Il y a équivalence entre les deux chiffres !On peut ensuite établir que les banques appartenant à l’oligopole dominent les plus grands marchés de la finance globalisée. Cette influence s’exerce sur le marché des changes, où 10 banques systémiques détiennent 80 % des parts de marché ; sur les marchés monétaires, où 14 de ces banques (sur un panel de 18) déterminent le taux d’intérêt sur le dollar (Libor-dollar), et sur les marchés obligataires, où elles constituent la quasi-totalité des “primary dealers”. Enfin, 95 % des activités de “trading” sont concentrées dans une quinzaine de banques systémiques.“L’oligopole bancaire à l’échelle mondiale est constitué par les 28 banques systémiques définies par le G20 en 2011”Ensuite, on peut montrer la puissance et les effets de cet oligopole. Cette puissance est en effet telle, que face à des États surendettés, le rapport de force s’est progressivement inversé. C’est ce qui explique l’emprise de l'oligopole bancaire sur la conduite des politiques économiques et le cycle des affaires. Chacun a pu constater, lors de la dernière crise provoquée par ces banques, en 2007 et 2008, que leurs principaux dirigeants ont été les seuls à être écoutés par les gouvernements lorsqu’il fallut établir une nouvelle politique économique.Cet oligopole bancaire est de formation récente. Il est né de la globalisation des marchés monétaires et financiers intervenue vers le milieu des années 1990 avec la libéralisation des mouvements de capitaux à l’échelle internationale. Les plus grandes banques du monde développé ont alors ajusté leur taille et leurs activités à la dimension mondiale acquise par ces nouveaux marchés. Leur position dominante sur ces marchés s’est progressivement affirmée, en même temps que grandissait la tentation d’entente entre elles.1 "L’hydre mondiale, l'oligopole bancaire", éditions Lux, mai 2015Publié lehttp://www.lenouveleconomiste.fr/lhydre-mondiale-loligopole-bancaire-mondial%E2%80%89-28026/