La populaire plateforme de sociofinancement sera désormais obligée légalement de contribuer à la société.
À l’heure où la majorité des startups cherchent à devenir des licornes, ces jeunes entreprises dont la valeur estimée atteint rapidement plus d’un milliard de dollars, les cofondateurs de Kickstarter – Yancey Strickler et Perry Chen – souhaitent davantage mettre l’accent sur la mission de leur entreprise.
Ainsi, Kickstarter a annoncé cette semaine qu’elle deviendrait un organisme dédié au bien commun (ou public benefit corporation), un nouveau type de personne morale venant assurer qu’aucun investisseur externe ne pourra corrompre sa mission fondamentale, soit de propulser des projets créatifs à leur concrétisation.
Les cofondateurs de Kickstarter, Charles Adler, Perry Chen et Yancey Strickler.
«Nous ne voulons jamais vendre ou devenir une entreprise cotée en bourse», a déclaré Strickler au New York Times. «Ce qui pousserait l’entreprise à prendre des décisions qui à nos yeux ne seraient pas dans le meilleur intérêt de l’entreprise.»
Vous souvenez-vous de Ello, le réseau social nouveau genre qui a fait les manchettes l’an dernier par sa promesse de ne jamais vendre les données personnelles de ses utilisateurs? Devant la crainte de voir les valeurs de son entreprise disparaître aux mains des investisseurs, le PDG et fondateur Paul Budnitz avait justement transformé Ello en un organisme dédié au bien commun.
À l’heure où le droit à la vie privée est de plus en plus bafoué par les entreprises issues du secteur technologique, Kickstarter intégrera ainsi la même promesse parmi les engagements de sa charte corporative.
En résumé
Qu’est-ce qui a changé? En devenant un organisme dédié au bien commun, Kickstarter se dote d’une charte dont le contenu devra inévitablement être respecté par ses administrateurs. Essentiellement, une telle entité est moins susceptible d’être l’objet d’une acquisition, puisqu’il sera impossible pour le nouveau propriétaire d’imposer des changements qui viendraient contredire sa charte dans le but de faire plus d’argent.
Kickstarter consacrera 2,5% de ses profits annuels à des organismes luttant contre l’inégalité, plus précisément auprès des communautés marginalisées (victimes de racisme, de misogynie, ou du fait qu’elles soient LGBT).
Comment Kickstarter va-t-elle contribuer à la société? L’organisme promet de consacrer 5% de ses profits annuels à des associations caritatives. La moitié de ce montant sera versé à des programmes d’art et de musique chez les enfants et jeunes adultes, notamment auprès des communautés défavorisées de la ville de New York (où l’entreprise a été fondée). L’autre moitié sera consacrée à des organismes luttant contre l’inégalité, plus précisément auprès des communautés marginalisées (victimes de racisme, de misogynie, ou du fait qu’elles soient LGBT). Enfin, Kickstarter prendra aussi des mesures afin de limiter son empreinte écologique, en privilégiant entre autres des fournisseurs dont les activités ont le moins d’impact sur l’environnement.
Qu’en est-il du droit à la vie privée? Kickstarter promet de ne jamais vendre les données de ses utilisateurs à des tiers, et de défendre bec et ongles le droit à la vie privée et les données personnelles de ses membres, y compris devant les entités gouvernementales.
Quoi d’autre? L’organisme s’engage à ne pas employer de méthodes d’évasion fiscale ou autres stratégies «ésotériques, mais légales» visant à réduire son fardeau fiscal. Kickstarter promet d’être transparent dans ses rapports annuels en expliquant les facteurs qui influencent le calcul des sommes d’impôts qu’elle devra verser.
Premier bilan annuel prévu pour 2017
À noter que le premier bilan annuel de ce nouvel organisme dédié au bien commun, qui par conséquent viendra refléter tous ces changements, ne sera déposé qu’en février 2017.
Toutefois, comme le souligne Engadget, il est déjà possible de suivre l’impact des activités administratives de l’entreprise, puisque Kickstarter a volontairement choisi de s’inscrire au registre des entreprises publiques de l’OBNL B Lab.