Après un septième volet qui proposait un véritable bain de sang en plein territoire redneck, un huis-clos sanglant dans un relais routier entouré d’une faune hostile au milieu des Carpates et la traque d’un Big Foot dans les montagnes ontariennes, ce huitième tome livre trois nouvelles histoires courtes d’une trentaine de pages chacune, qui rendent à nouveau hommage au cinéma Grindhouse des années 60-70.
Au menu de ce huitième volume de Doggybags : une vengeance sanglante au Nicaragua, un célèbre tueur en série aux États-Unis et un cannibale à Hong Kong. Le lecteur a donc droit à trois histoires bien trashs issus de légendes urbaines et de faits divers authentiques : des scénarios sans concession qui mêlent barbarie, horreur, fantastique et beaucoup d’hémoglobine.
Ca démarre fort avec « Soledad », qui marque l’arrivée de deux nouveaux-venus dans la série DoggyBags. Il y a tout d’abord la scénariste Noëllie Pravia, qui puise dans le folklore de ses origines nicaraguayennes pour livrer une histoire de vengeance particulièrement sanglante. La dessinatrice Juliette Le Hégarat, issue du monde du tatouage, vient compléter ce duo entièrement féminin qui plonge la petite ville d’Estell dans l’horreur. Leur héroïne ne manquera d’ailleurs pas de massacrer de nombreux hommes de manière atroce…
La seconde histoire (To serve and protect), signée El Diablo et Ludovic Chesnot, revient sur la bavure policière de deux flics qui auraient pu sauver de nombreuses vies lors d’une intervention qu’il ont pris trop à la légère. Ce fait divers authentique, lié à l’histoire du tueur en série Jeffrey Dahmer, surnommé “le cannibale de Milwaukee”, est pour moi le meilleur des trois récits. Je vous invite d’ailleurs à lire l’excellent « Mon ami Dahmer » de Derf Backderf, qui revient sur l’enfance et la genèse de celui qui fut l’un des pires serial killers de l’histoire des États-Unis.
Le dernier récit (The City of darkness), signé Jonathan Garnier et Mathieu Bablet, plonge le lecteur dans la cité Ghetto de Kowloon à Hong Kong, où l’origine de la viande d’un étrange boucher est remise en question suite à de nombreuses disparitions dans ce quartier surpeuplé.
Pour le reste, l’ambiance est à nouveau soignée jusque dans les moindres détails, de la maquette du livre au style rétro et usé de l’ensemble, en passant par les fausses publicités, un poster détachable en fin d’ouvrage, les mini-coupons à découper ou ce vrai-faux courrier des lecteurs, qui sont insérés avec minutie dans l’album, rappelant le bon souvenir des vieux comics underground. Notons également la présence d’une carte de prière peinte par l’artiste nicaraguayen Marvin Campos Chavarria et intégrée en fin d’ouvrage. Certains bonus, comme les faits divers réels ou fiches explicatives sur les légendes urbaines, apportent même une touche didactique et réaliste aux thèmes abordés.
Bref, un huitième épisode de bonne qualité, qui ouvre à nouveau la porte à quelques nouveaux-venus au sein du neuvième art.