Augustin Guibert, un Top 10 dans la Galère !

Publié le 21 septembre 2015 par Playeur.co @playeurco

Sentiment particulier aujourd’hui sur votre blog playeur.co puisqu’Augustin Guibert, premier sportif à répondre à nos questions il ya quelques mois, est de retour pour notre plus grand plaisir. Il nous fait le récit de sa participation à l’OCC du Mont Blanc. A l’occasion d’une course aussi longue que difficile, Augustin revient pour nous sur sa très belle performance – que dis-je, son exploit ! – en se classant 8ème. Nous lui laissons la parole pour un récit passionnant. Non sportif, s’abstenir !

1ère étape : le retrait du dossard ! Ce n’est jamais une mince affaire à l’UTMB ! Cette fois, j’ai échappé aux longues attentes mais pas à un contrôle antidopage qui m’a créé quelques sueurs froides. Une banale prise de sang mais des résultats que je ne soupçonnais pas : hématocrite 51% ! Ah, vous êtes sûr ? C’est bien à partir de 50% que l’on émet des soupçons de dopage, n’est-ce pas ? Mince alors ! Pour vérifier sa copie, le médecin remet la même dose de sang dans son appareil de mesure et il obtient désormais 50%. Il finit par m’expliquer que la mesure de l’hématocrite n’est pas fiable (ça a l’air effectivement) et qu’il faut surtout se fier au résultat de l’hématocrite. Et là, c’est tout bon. Je suis bien en-dessous des doses « douteuses ». Ouf ! J’ai arrêté l’EPO juste à temps ! Merci Messieurs Fuentes & Ferrari, on a bien géré le protocole médical … lol ! En tout cas, je suis convaincu qu’il faut rester prudent lors de l’annonce d’un résultat médical (au moins, pour l’hémoglobine).

Revenons au côté sportif du week-end et place à la course !

Après un petit échauffement dans les rues d’Orcières, le départ est donné par une météo clémente (un peu trop à mon goût !). Je sais déjà que je ne finirai pas 1er Isostar puisque Sylvain Court, le champion du monde de Trail, est à nos côtés. Enfin pour l’instant … ça durera une petite heure. Le rythme est effectivement assez cool pendant la 1ère heure de course, ça me permet de rester aux contacts des kraks’ La montée vers Champex n’est pas forcément régulière. On alterne marche & course en fonction des pourcentages. Pour l’instant, tous les voyants sont au vert. Je n’ai pas besoin d’être en surrégime pour suivre les 1ers.

– CHAMPEX 5° –


Passé le 1er ravito de Champex, Sylvain profite des parties roulantes du bord du lac pour faire parler sa vitesse et accélérer sensiblement. Le futur vainqueur l’accompagne. Je laisse faire. Arrive la montée vers la Giète. Les sensations sont bonnes, je monte à mon rythme et sans me mettre dans le rouge. Je grappille des places et même du temps sur les 2 hommes de tête. Je me retrouve à quelques encablures de Sylvain Court et de Mark Pinsach. C’est motivant ! Mais bien entendu, je ne cherche pas à revenir sur eux. Sur le haut de la bosse, je laisse un peu plus filer.

– LA GIETE 3° –


Je bascule à moins d’une minute du duo de tête. Comme d’habitude, c’est avec une certaine appréhension que j’aborde la descente sur Trient. Non pas qu’elle soit insurmontable mais j’ai toujours un peu peur que les chevilles me jouent de mauvais tours L Là, on peut dire que tout se passe bien, je suis bien concentré et même si je perds une minute sur la tête de course, je limite la casse. C’est déjà ça !

– TRIENT 3° –


Ravito expresse à Trient. Le temps de remplir les flasques (et oui, assistance interdite sur l’OCC) et le temps de se faire poser une balise GPS pour être suivi à la trace. Zut, je ne pourrais pas tricher comme à mon habitude. Faudra trouver une autre combine. Moi qui suis déjà dopé & surdopé … lol et relol !

Suite des festivités : la montée vers Catogne. Ce sera même un véritable feu d’artifice ! Mais pas dans le bon sens. Gros gros coup de chaud avec même des frissons qui me parcourent tout le corps. Impossible de mettre une jambe devant l’autre. Je vais perdre définitivement ma 3° place. Je me fais doubler par 4 coureurs et même par des randonneurs. Bon là j’exagère mais j’ai bien cru que c’est ce qui allait se passer. Le Gus, il est planté dans la pente ! Ce ne sont pas les encouragements des copains Flo & Stef qui vont changer grand-chose. Et pour ne pas arranger les choses, avec la chaleur, les stocks commencent à être bien bas niveau boisson.

– CATOGNE 7° –


Je franchis tant bien que mal le sommet avec 11min de retard sur la tête de course. J’ai donc perdu 9 min dans cette difficulté ! Après avoir descendu (et cul-sec s’il vous plaît) l’abreuvoir pour les vaches au sommet de Catogne (oui, j’avais soif !) je m’attaque à la descente sur Vallorcine. Elle est truffée de racines en tout genre. Je reste prudent. Je me fais doubler par un avion (qui va d’ailleurs se faire disqualifier en bas pour assistance en plein vol) mais j’arrive à faire jeu égal avec l’américain Dylan Bowman qui faisait partie des gros favoris.

– VALLORCINE 8° –


Au ravito, je prends le temps de remplir les 2 flasques et de manger qq morceaux de bananes. Je ressors avec l’américain. J’essaie de me coller à ses basques. Ce n’est pas chose facile ! Au col des Montets, je suis à quelques encablures de lui. Dans les 1ères pentes de la montée à la Flégère, je retrouve quelques soupçons de sensations. Je rattrape puis décroche Dylan. Très sympa, il m’encourage pour la fin de la course. J’en fais autant, même si je ne suis pas un as de la langue de Shakespeare ! « Go, go, go … » ! héhé !

En point de mire, j’ai Romuald De Pape ; il m’avait littéralement déposé dans l’ascension de Catogne. Ça me donne un peu de baume au cœur. J’arrive à me relancer et à me remotiver pour la fin de course. Je mets du temps à le rattraper mais j’y arrive enfin à l’amorce de la descente technique du Bachar. On fait un bout de chemin ensemble puis je me résigne à le laisser filer dans la 2° moitié de la montée. Je suis bien loin des sensations éprouvées les dernières fois que j’ai emprunté ces chemins (Marathon du Mont-Blanc en 2014 & 2015). Tant pis si c’est un peu prétentieux mais sincèrement, je n’ai pas l’impression de courir à mon niveau. Je ne fais que subir, subir encore et toujours subir la pente ! J’essaie de me conforter en me disant que les autres aussi doivent être dans le dur ! Dans la partie finale de la Flégère, là où j’arrivais encore à courir lors du Marathon du Mont-Blanc, je suis contraint de marcher. Dur, dur. Surtout avec une nouvelle rupture de stocks de boisson ! Vivement le ravito !!

– LA FLEGERE 7° –


Ouf, ça y est, je fais irruption dans la tente du ravito, Romuald est encore là avec un coureur italien qui nous a rattrapé dans les dernières hectomètres de la montée. Ils sont rapides comme l’éclair au ravito. Tant pis. Moi j’éprouve le besoin de boire & de refaire le plein d’eau même s’il ne reste plus que 8km. Je me précipite sur un verre de coca ! Belle erreur !

Effectivement, dès les 1ers mètres de la descente, j’ai le ventre complètement bloqué !! Impossible de me lâcher. Je vais descendre comme un fer à repasser et trouver interminables les 8km qui nous séparent de Chamonix ! Déjà que je subissais en montée, si en plus, il en est de même en descente ! Décidément, c’est galère, galère et encore galère ! Sans compter le manque de lucidité qui me cause deux alertes sur la cheville droite. Il s’en est fallu de peu pour qu’elle tourne davantage. Et pour épicer le tout, on rajoute quelques belles crampes qui me contraignent à m’arrêter et à marcher pendant 2min. Pourtant plats, les 2 derniers kms au menu du jour seront du même acabit : galère, galère & encore galère !

– CHAMONIX 8° –


Enfin ! Oui, enfin la ligne d’arrivée, franchie au final en 8° position. Pas mécontent que la galère s’arrête là. Pas mécontent de rentrer dans le Top 10 (puisque j’étais soi-disant le favori n°11). Pas mécontent de mon début de course mais je reste tout de même un peu sur ma faim au regard des sensations éprouvées pendant la 2ème partie de course.

En résumé :

  • un 1er tiers : bien : de bonnes sensations. Je suis 3° à 1minute de la tête de course au bout de 2h d’effort. Je ne pense pas être parti trop vite. J’ai simplement profité de la fraicheur matinale et des sentiers globalement ombragés pour courir au rythme que je pense être le mien sur une course de 53km.
  • un 2° tiers : galère. Beaucoup de temps et de places de perdu. Coup de chaud sur la planète France !
  • un dernier tiers : tout aussi galère mais je ne suis pas le seul. J’essaie juste de limiter la casse !

La chaleur n’a pas arrangé les choses, c’est sûr mais ce n’est pas une excuse. Tout le monde a subi les mêmes conditions de course. Et pi’, c’est normal qu’il fasse chaud en août ! Le Gus, il a qu’à être plus polyvalent !

Je n’aurais donc pas réussi à imiter mon copain de Team Régis qui, l’an passé, avait pris la 2° place et réussi à devancer le vainqueur de cette année et le 2ème de la TDS. Félicitations en tout cas aux autres compères du Team : Juliette 3° de la TDS & Alex 10° de l’UTMB ! Vive Isostar J

Place à présent aux championnats de France fin septembre dans le Sancy, avec les mêmes bien sûr (merci Isostar, BVSport & EnduranceShop Saint-Etienne)

Gus