"Cette dernière ne regardait rien en particulier ; et il y avait beaucoup de rien à regarder sur cette vaste plaine ventée." p. 38
A la fin du XIXème siècle, à Long Grass, petite bourgade du bout du monde située entre le Kansas et le Nouveau-Mexique. Wyatt Earp et Doc Holliday traînent leur carcasse en regardant d'un oeil désabusé le monde qui les entoure. Le temps des cow boys et des indiens s'efface, à leur grand damne et ils se voient réduits à se donner en spectacle dans des foires. Ils regrettent les bisons qui arpentaient les plaines, le temps du Pony Express, et surtout les saloons peuplés de cow-boys prêts à se tirer dessus au moindre prétexte. Ainsi, ils se promènent avec leur enseigne de saloon à la recherche d'un endroit idéal pour l'accrocher, pour recréer un bon vieux bar pour cow-boys qui aiment le whiskey et les putains.
"Le saloon des derniers mots doux est une ballade en prose dont les personnages flottent dans le temps ; leur légende et leur vie réelle correspondent rarement. En écrivant cet ouvrage, j'avais en tête le grand réalisateur John Ford : il est connu pour avoir déclaré qu'à choisir entre la légende et la réalité, mieux vaut écrire la légende. C'est donc ce que j'ai fait." (Larry McMurtry)
Le monde ne tourne plus très rond dans cette Amérique de carton dans laquelle les femmes prennent peu à peu le pouvoir. Cette "comédie postmoderne", comme le dit très bien Joyce Carol Oates, dégage un charme mélancolique indéfinissable...
Mes réticences : Dans cet univers comme figé, l'engourdissement a tendance à gagner le lecteur. Le manque de souffle prégnant entraîne une certaine frustration...
Le saloon des derniers mots doux, Larry McMurtry, traduit de l'américain par Laura Derajinski, Gallmeister, 2015, 211 p., 22.2 euros