SCHIZOPHRÉNIE: La rétine, une fenêtre sur la progression de la maladie – Schizophrenia Research: Cognition

Publié le 20 septembre 2015 par Santelog @santelog

Des altérations de la rétine pouvant servir de mesures du degré de progression de la pathologie dans le cerveau, c’est la théorie proposée par cet examen de la littérature de chercheurs du Mount Sinai (New York) et de l’Université Rutgers. De nouvelles données, présentées dans la revue Schizophrenia Research: Cognition, qui suggèrent que l’évaluation de ces modifications de la rétine pourrait aider les médecins à ajuster le traitement de la schizophrénie pour chaque patient.

La schizophrénie est associée à des altérations structurelles et fonctionnelles du système visuel, dot des changements structurels spécifiques dans l’œil. De précédentes recherches ont suggéré que, dans la schizophrénie, des anomalies de traitement de l’information visuelle dans le cerveau contribuent au développement de la maladie, en rendant plus difficile la perception visuelle du mouvement, de la profondeur, du contraste, des couleurs, de l’organisation des éléments visuels et des expressions faciales. Jusqu’ici peu d’études ont regardé si ces perturbations visuelles avaient des correspondances structurelles dans la rétine ou d’autres structures de l’œil. Cependant le lien entre les problèmes de vision et la schizophrénie est bien établi, avec 62% des patients atteints souffrant de distorsions visuelles.

 

Les chercheurs du New York Eye and Ear Infirmary de Mount Sinai et de l’Université Rutgers ont mené un examen de la littérature et ont étudié les données de 170 études dont certaines, portant sur ces modifications de la rétine, d’autres sur des changements liés à la dopamine et d’autres sur des niveaux de substances chimiques du cerveau clés associés à la maladie. Cette analyse aboutit à plusieurs indicateurs d’anomalies oculaires dans la schizophrénie.

3 indicateurs majeurs au niveau de la rétine :

·   De petits vaisseaux sanguins sont dilatés dans les yeux de patients atteints de schizophrénie et chez les jeunes à risque élevé de la maladie : la cause pourrait être une insuffisance chronique d’alimentation en oxygène du cerveau. Cette même cause pourrait expliquer plusieurs des perturbations visuelles observées dans la maladie. Cet indicateur pourrait aussi être un marqueur du risque de maladie et/ou d’aggravation.

·   L’amincissement de la couche des fibres nerveuses de la rétine est le second indice relevé. Il serait une cause d’hallucinations dans la schizophrénie et de problèmes d’acuité visuelle chez les patients atteints de la maladie de Parkinson.

·   Des réponses anormales des cellules rétiniennes exposées à la lumière (mesurée par électrorétinographie) sont également constatées chez les patients atteints de schizophrénie, et peuvent représenter un troisième marqueur de progression de la maladie.

La cécité peut-elle protéger ? Autre constatation, l’absence de cas de schizophrénie chez des personnes aveugles de naissance, ce qui suggère que la cécité congénitale peut complètement ou partiellement protéger contre le développement de la maladie. Parce que les personnes aveugles de naissance ont tendance à avoir des capacités cognitives plus développées dans certains domaines, la compréhension de la réorganisation du cerveau après la cécité pourrait aussi avoir des implications pour la conception d’interventions cognitives destinées aux patients schizophrènes.

La rétine se développe à partir du même tissu que le cerveau, commentent les auteurs qui justifient ainsi la capacité de la rétine à être une sorte de miroir de l’intégrité de la structure et de la fonction du cerveau.

Certes, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier cette relation rétine – cerveau, mais si ces marqueurs étaient validés, ce serait alors une nouvelle opportunité de prédire les rechutes et la réponse au traitement. Enfin, les différentes recherches sur la rétine en tant que  » miroir de l‘âme  » n’en sont qu’à leurs débuts. Mais rappelons l’usage de l' » eye scan  » pour évaluer les lésions cérébrales causées par la sclérose en plaques (SEP)…

 

Source: Schizophrenia Research June 2015 doi:10.1016/j.scog.2015.03.004 Schizophrenia and the eye

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