Après trois semaines de congés bien mérités, l’inspecteur Carl Mørck et son « adjoint » Hafez el Assad décident de se pencher sur le double meurtre atroce de deux adolescents perpétré en 1987. A l’époque, les soupçons s’étaient portés sur une bande de gosses de riches qui sont depuis devenus des membres influents de la haute société danoise. Carl Mørck aurait peut-être mis ce dossier de côté, surtout que l’assassin de ce double meurtre vieux de vingt ans a avoué et purge actuellement sa peine, mais le problème, c’est qu’il reçoit des pressions d’en haut pour abandonner cette affaire au plus vite. Et puis, il y a ses autres agressions mystérieuses, qui avaient attiré l’attention sur le petit groupe… Il n’en faut pas plus pour éveiller l’intérêt de Carl Mørck !
« Carl Morck ne prit conscience que l’été et surtout les vacances étaient définitivement terminés qu’en arrivant dans la cave de la préfecture, devant les bureaux désertés du département V. Il alluma la lumière et regarda sa table de travail, jonchée de piles chancelantes d’épais dossiers, et l’envie de claquer la porte et de tourner les talons était presque irrépressible. Qu’Assad ait posé au milieu du chaos un énorme vase contenant un bouquet de glaïeuls qui auraient pu à eux seuls bloquer la circulation d’une avenue ne le consola pas le moins du monde. –Bienvenue, Chef ! entendit-il derrière lui. »
Pour le second dossier de ce « Cold Case » à la danoise, le lecteur retrouve donc ce duo improbable, qui va tenter de résoudre l’affaire et qui fonctionne toujours à merveille, mais également une nouvelle assistante au tempérament de feu, qui vient encore ajouter un peu de piment à l’ensemble. Outre la psychologie très soignée des personnages, Jussi Adler Olsen nous régale avec leur complicité et leurs interactions. Il y a tout d’abord le policier bourru, classique dans son genre : un fin limier avec une grande gueule, qui n’est pas fort apprécié par ses collègues et qui est toujours torturé par une ancienne affaire qui a coûté la vie à l’un de ses collègues et grièvement blessé l’autre. Si le personnage de Carl Mørck est très réussi, la vedette revient néanmoins à son assistant Hafez el Assad. Cet homme à tout faire se révèle à nouveau plein de surprises et particulièrement débrouillard. Ce réfugié politique syrien qui prend son boulot très à cœur est un personnage très attachant dont chaque intervention fait mouche. Puis il y a la nouvelle recrue, Rose, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui est également réfractaire à toute forme d’autorité. Un bien beau trio !
« L’avocat était pâle. Ce n’était pas une question de pigmentation. Il avait plutôt l’air exsangue. Il devait être usé par toutes les ignominies qu’il lui avait fallu couvrir depuis qu’il faisait ce métier. Carl avait souvent observé ce phénomène. Personne au monde n’a aussi mauvaise mine qu’un flic qui a accumulé les échecs, à part un avocat qui a accumulé les victoires. »
Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, que ce soit Hardy, le coéquipier blessé qui rêve de se donner la mort sur son lit d’hôpital, ou la psychologue que Carl rêve d’emballer, mais qui a plutôt tendance à le rendre extrêmement maladroit. Puis, il y a les « vilains », qui sont une nouvelle fois détestables au possible. Si les trois membres masculins du groupe sont des gros salopards particulièrement sadiques, pour lesquels le lecteur n’éprouvera aucune empathie, l’unique femme du groupe ne laissera personne indifférent. Kimmie vit en effet recluse comme une clocharde dans la rue, traînant derrière elle une valise de vêtements et beaucoup de traumatismes. À l’instar du frère handicapé de la victime, lors du tome précédent, ce personnage assure la séquence émotion de ce polar particulièrement sombre.
« Rien de tel que la vie de SDF pour garder la ligne… »
Le lecteur passe donc constamment des trois enquêteurs aux différents membres de cette bande d’adolescents privilégiés soupçonnés des différents crimes sordides, au sein d’une enquête qui touche les plus hautes sphères du Danemark. Si l’ambiance est à nouveau foncièrement sombre, avec des actes d’une violence extrême, Jussi Adler Olsen parvient à nouveau à y insuffler un ton assez léger en y intégrant beaucoup d’humour.
« Ce géant était en train de le supplier. Incroyable comme un homme peut être grand et tout petit à la fois. »
Si lors du tome précédent j’avais assez vite découvert le coupable et le mobile du crime, sans que cela gâche pour autant le plaisir de lecture, ici, les coupables sons connus dès le départ. Pourtant, le livre se dévore toujours à grande vitesse, poussé par l’envie d’assembler au plus vite toutes les pièces du puzzle. Le rythme et l’écriture nerveuse de Jussi Adler Olsen est à ce titre l’un des points fort de ce roman.
Au final, ce deuxième volet s’avère donc encore meilleur que le premier. Je vais donc lire au plus vite le troisième tome de cette saga qui mérite une belle place dans mon classement livres !