Un roman que je n’ai pas réclamé mais que les Éditions Triptyque ont jugé qu’il me convenait. J’ai en effet été attirée par le titre « Pas d’autres dieux » ainsi que par le parcours atypique de l’auteur avec son Bac en physique à l’Université de Montréal et son doctorat en logique de l’Université de Paris. En plus, il est prof de philo !
C’est l’histoire de frères jumeaux, Antoine et Lucas. Le premier est autiste, le deuxième, dit « normal », a choisi d’étudier l’économie. De ces frères absolument différents, l’auteur fera ressortir un point commun : leur amour des mathématiques. Par contre, leur but respectif pour approfondir cette matière est diamétralement opposé. Lucas aime manier habilement les chiffres afin que le cours de la Bourse joue en sa faveur et vienne en faire un homme riche et surtout réputé pour sa perspicacité. On comprend par là qu’il pêche par orgueil. Tandis qu'Antoine est complètement indifférent aux biens matériels tels qu’ils soient, de même que sa propre réputation le laisse indifférent. Tellement que sous l’invitation du père Augustin, Antoine consent à résider dans une abbaye où la vie austère s’avère lui aller à ravir. De toutes manières, comment savoir s’il y est heureux, étant donné qu’il projette constamment un air neutre, assez souvent pris pour de l’indifférence.
Mais là n’est pas question que pose ce roman qui en est plutôt une d’ordre moral ; jusqu’où peut-on mener une recherche sur la Bourse en exploitant les talents de génie d’un autiste ? Lucas se laissera progressivement entrainé sur cette pente par un ami impressionné par la capacité surhumaine d’Antoine de prédire l’imprévu, à commencer par la météo et en se terminant par le cours de la Bourse.
J’en suis venu à supposer que cette question morale aurait pu susciter mon intérêt si les personnages avaient été plus ancrés. Par exemple, Lucas qui vit dans une société de consommation ne consomme pour ainsi dire rien, pourtant il a un appétit pour la matérialité puisqu’il veut réussir comme courtier à la Bourse. Autre point qui n’arrange rien, il est précisé qu’il n’a aucune pulsion sexuelle. On le voit donc fréquenter une seule personne, un ami qui ne l'est pas tant que ça. Voyez ce que je veux dire, à un moment donné, les frères perdent leur mère suite à un cancer, ce qui ne va pas du tout chercher leurs émotions, ni à l’un ni à l’autre. Cela rend ces frères assez désincarnés. Cela ne donne pas beaucoup de jus romanesque, si je peux m’exprimer ainsi.
J’essaie de cerner avec justesse ce qui a fait que je me suis ennuyée à cette lecture et que les explications me sont apparues fastidieuses comme si je lisais un essai, plus qu’un roman. L’ami cupide est certes plus incarné mais aucune perche n’est lancée par l’auteur pour qu’on s’attache à ce personnage présenté comme un être fourbe et sans morale.
Bien sûr, mon intérêt a tenu le coup à cause du mystère entourant Antoine. Comment se vit l’autisme chez un adulte et, surtout, est-il possible de voir apparaitre une émotion chez ces individus ? Antoine fait office de victime naïve puisqu’il est manipulé par son frère et l’ami mais heureusement, il est protégé par les religieux de l’abbaye (qui sont tout de même plus mercantiles que lui !) et peut-être est-il plus protégé par lui-même qu’on ne le suppose à prime abord.
J’imagine que ce roman pourra plaire à certains, j’espère que vous saurez voir à travers mon opinion s’il est pour vous, mais tant qu’à moi, j’ai été déçue de cette lecture pour laquelle j’avais des attentes de matière à réflexion plus approfondie.