L’étude a porté sur une zone du cerveau impliquée dans l’apprentissage et la mémoire. L’objectif, mieux identifier ces différences entre sexes dans le cerveau, pour pouvoir ensuite proposer des traitements personnalisés donc plus pertinents. Le Dr Catherine S. Woolley, auteur principal de l’étude et son équipe de la Northwestern montrent ici, sur l’animal, qu’un médicament, appelé URB-597, qui réglemente une molécule importante dans la libération de neurotransmetteurs, entraîne un effet spécifiquement chez les femelles et pas chez les mâles. Précédemment le Dr Woolley avait montré que les œstrogènes diminuaient la transmission synaptique chez les femmes.
Des différences moléculaires entre cerveaux masculin et féminin ? l’étude montre qu’URB-597augmente l’effet inhibiteur d’un endocannabinoïde clé dans le cerveau, l’anandamide, entraînant une diminution de la libération de neurotransmetteurs. Dans les cerveaux des mâles, le médicament n’a aucun effet. Et, précisent les chercheurs, cette différence ne tient pas aux hormones de la reproduction. Il reste à valider ce résultat chez l’Homme, cependant, la recherche sur les endocannabinoïdes chez les humains peut maintenant prendre en compte l’hypothèse qu’une manipulation de ces molécules pourrait avoir des effets différents chez les hommes et les femmes.
Les endocannabinoïdes, objet de nombreux essais cliniques, sont des molécules endogènes qui activent les mêmes récepteurs neuronaux que l’ingrédient actif du cannabis. Ils contribuent à la régulation de la quantité de certains neurotransmetteurs libérés au niveau des synapses, la zone de contact entre les neurones. Ces molécules sont impliquées dans toute une série de processus physiologiques, dont la mémoire, la motivation, l’appétit et la douleur mais aussi dans l’épilepsie. Ainsi, mieux comprendre ce qui contrôle la synthèse, la libération et la répartition des endocannabinoïdes chez les hommes et chez les femmes, a de larges implications pour mieux connaître le fonctionnement normal et pathologique du cerveau.
L’étude, menée sur le rat, pourrait avoir de larges implications pour l’homme, car ce médicament et d’autres basés sur le même principe, sont actuellement en test dans des essais cliniques chez l’Homme. Ensuite, remarquent les auteurs, actuellement environ 85% des études en neurosciences sont effectuées sur des animaux mâles.
Source: Journal of Neuroscience 12 August 2015 doi: 10.1523/JNEUROSCI.1067-15.2015 Sex Differences in Molecular Signaling at Inhibitory Synapses in the Hippocampus
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