Odyssée en obscurité avec le nouvel album du musicien français.
Il paraît qu’il ne faut pas juger à la pochette…il paraît ! Garner se met-il au cinéma? Avec sa pose à la Matrix, le musicien vêtu de noir prend des airs ténébreux à la Keanu Reeves. Le décor en rocaille fait voyager encore dans l’ouest américain, mais le mythique, celui du western. La montre à gousset lui ajoute un côté cowboy. A moins que le chanteur ne se laisse submerger par ses émotions et passe du côté obscur, ombrageux peut- être comme terrassé! Allez, bas les armes.
Dans les oreilles : C’est rock et électro à la fois, dès le départ. Et ça commence au 7° ciel, et finit plus bas que terre. Les grues font de la ville un portrait parfait dans un son électro très urbain finement ciselé. Comment ne pas voir les deux années d’écriture et d’exercice au chant, du musicien ? Mais dans l’écho qui résonne au milieu de l’architecture en béton armé, on perçoit les travaux et l’agitation urbaine, belle retranscription de cet univers, atmosphère industrielle bien vibrante. Et l’opus ne boude pas les titres scintillants aimablement vintage, totalement années 80 à la Taxi Girl.
Dans Dans je me retourne, le texte de chanson française de qualité ronronne tendrement tandis que la musique est plus sinueuse. Et la route est un peu barrée vers la liberté pour l’auteur/compositeur toujours bien accompagné de Christope Dorémus, son complice des débuts . Et le Sirop de menthe surfe vraiment avec la pop moderne des années 90 que n’aurait pas boudé un Manset. Car au niveau des paroles, c’est bien nébuleux et chaloupant, comme une influence involontaire du rock underground, pas si étonnant vu le parcours du chanteur.
Et niveau influence, Berlin en est plein, chanté par les plus grands dont Lou Reed, la ville fait renaître une histoire d’amour exotique aux arrangements apparemment bien compliqués. Et c’est avec un magnifique fondu que l’auditeur part à la rencontre d’Un Garçon qui pleure. Un garçon qui laisse échapper subitement sa sensibilité et s’interroge dans une belle bataille intérieure, pourtant il dit bien Bas Les Armes.
Et c’est à Brest que le repos aura lieu? Que nenni! Pour se prélasser, il faut aller à la rencontre de Madame, une entrevue toute en politesse mais à la sensualité ravageuse, avec un côté british appuyé auquel Véronique Presle essaie de ne pas céder,comme à ce déshabillé en touche électronique. L’approche est bien plus frontale dans Tous Les Jours à la violence urbaine de métro et à la philosophie touchante.
Il est comme ça Garner, à tout mélanger et en terme de mélange atomique, Champagne champignon est un must avec une vision larsen en milieu festif. C’est dans cette orgie de sens et de sons que se fait le retour au désir dans que se passe-t-il?, une sorte de les garçons dans les vestiaires version mâle ou j’aime regarder les filles 2015. L’air est toujours ensoleillé dans Au bord de la piscine mais avec du fond et de la mélancolie mais aussi de la géopolitique, un Je Te Manque du désespoir ou… un simple objet de la société de consommation? Il faut un retour à la nature pour éprouver un regain d’optimisme, bien qu’ombragé dans La mer est belle. La dernière touche à cette histoire d’amour qui s’autodétruit ne pourrait se faire que dans la fin du monde, apocalypse délicieuse à se faire susurrer dans le creux de l’oreille.