Wallaby enterre sa carte « universelle »

Publié le 19 septembre 2015 par Patriceb @cestpasmonidee
Ces dernières années ont vu éclore une série de startups visant – d'une manière ou d'une autre – à fédérer dans une seule toutes les cartes de paiement se trouvant dans le portefeuille de l'américain moyen. Une des plus intéressantes d'entre elles, Wallaby, a finalement admis son échec et tente désormais de trouver un nouveau modèle.
L'idée de départ était pourtant séduisante. L'utilisateur crée un porte-monnaie virtuel auquel il lie, au sein d'une application mobile, toutes les cartes dont il dispose en indiquant laquelle utiliser pour chaque type d'achat, avec l'aide d'un assistant dont les conseils doivent permettre d'optimiser l'utilisation des programmes promotionnels des émetteurs. Pour mettre en œuvre ces mécanismes de sélection, il lui suffit enfin de régler ses achats avec la carte Wallaby (par ailleurs « normale ») adossée à son compte.
Comme avec beaucoup d'expérimentations similaires (Dynamics, Geode, Plastic, Coin…), les consommateurs n'ont visiblement pas été conquis par la proposition de valeur de la solution, dont les premiers tests ont commencé en juin 2012. Trois ans plus tard, Wallaby l'a donc définitivement abandonnée et, après un rachat par le moteur de comparaison Bankrate (qui a ainsi enrichi ses services autour des cartes de crédit), elle s'oriente désormais vers la commercialisation de ses données, par API.

Dans son activité d'origine, Wallaby a en effet accumulé une riche base d'informations sur les cartes, qu'elle continue à maintenir. Celle-ci comprend non seulement les caractéristiques usuelles, telles que les taux de crédit ou les programmes de récompense, mais aussi, par exemple, l'inclusion de services de conciergerie. La cible pour ce genre de données est relativement étroite – elle comprend notamment les émetteurs souhaitant réaliser des études de marché – mais une telle niche peut s'avérer très lucrative.
Avec un certain cynisme, la jeune pousse ajoute une deuxième corde à son arc : elle propose à ses anciennes concurrentes – celles qui, en tous cas, n'ont pas perdu espoir de conquérir les consommateurs avec leurs cartes universelles – de déployer les services qu'elle avait elle-même imaginés. Grâce à ses API, elle leur permet de rendre leurs porte-monnaie virtuels « intelligents », en sélectionnant plus ou moins automatiquement la carte la mieux adaptée à chaque dépense réalisée.
Il est difficile de comprendre pourquoi Wallaby n'a jamais réussi à percer, d'autant que sa solution n'était pas handicapée par une composante matérielle dont la fragilité a fréquemment été reprochée aux autres acteurs (et qui n'empêche pas – à ma grande surprise – Dynamics de figurer encore une fois parmi les « Best of Show » de la dernière édition de Finovate…). En revanche, il est certain que l'arrivée des nouveaux « wallets » sans contact d'Apple, Google, Samsung… fait planer une sérieuse menace d'obsolescence sur toutes ces startups focalisées sur la carte en plastique.
Et il est temps !