Pendant la seconde guerre mondiale trois soldats décident d'échapper aux fusillades matinales éprouvantes en acceptant en contrepartie de partir à la chasse à l'homme juif au fin fond de la forêt polonaise. Il leur faut revenir avec un prisonnier au camp. Le narrateur, Emmerich et Bauer arpentent alors la région, tétanisés par le froid qui règne en cet hiver rigoureux.
En chemin chacun partage un peu de sa vie avec les autres, dans un élan fraternel consolateur. Ainsi Emmerich avoue s'inquièter pour son fils resté là bas et sur le fait qu'il pourrait prendre un mauvais chemin en apprenant à fumer. Les autres se penchent sur cette épineuse question et réfléchissent aux solutions possibles, permettant ainsi à leur esprit de s'évader loin de cette guerre meurtrière.
La réalité se rappellent à eux par hasard quand ils trouvent un juif dont le sort semble scellé. Tiraillés par la faim ils s'installent dans une ferme abandonnée avant de ramener leur prisonnier au camp, et se préparent alors un repas avec le peu qu'ils ont. Survient un polonais qui bouscule le fragile équilibre du repas. Profondément antipathique, sa haine contre le juif entraîne chez les soldats un élan protecteur, presque malgré eux. Cette trêve durera-t-elle ?
Il n'est guère évident pour ces hommes d'appréhender le meurtre, et un détail infime peut leur rappeler qu'ils ont face à eux avant tout un homme, qui pourrait être leur fils, leur frère, leur père. Le narrateur est ému par un détail sur le bonnet du juif : un flocon, preuve qu'une mère aimante a tricoté pour lui ce petit dessin minuscule qui le rend pourtant humain.
Ce repas en hiver qu'ils partagent met en lumière les contradictions de ces soldats réduits à n'être que des demi-hommes à cause de cette guerre qu'ils n'ont pas choisie. Ce ne sont ni des bons ni des méchants, ni des anges, ni des brutes, juste des victimes d'une logique implacable absurde.
Un repas en hiver, Hubert Mingarelli, Stock, 2012, 144 p., 17 euros
Un repas en hiver, Hubert Mingarelli, J'ai Lu, 2014, 7.20 euros