Il y a un peu plus de 20 ans, j'allais visiter une propriété particulière en Toscane, la Villa Bagnolo du Marquis Pancrazi (ICI).
Ceux qui connaissent un tantinet comment on est reçu en Italie par de vieilles familles aristocratiques peuvent facilement s'imaginer la qualité de réception et d'écoute de ces marquis on comtes : Guerrieri Gonzague, Incisa della Rocchetta, Antinori, Frescobaldi, Corti-Corsini et tant d'autres qui ont la vigne dans le sang depuis des générations.
Le Marquis Pancrazi m'avait fait dégusté un pinot noir parfaitement capable, à l'époque, de sonner un régiment de hussards. Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'avais de sérieux doutes à ce que ce vin, millésimé 1990 puisse évoluer avec grâce et harmonie.
Etiquette de ce vin rare : pas plus de 4.000 bouteilles produites ! Primo : il était hors de question de pouvoir comparer ce vin à quelques délicatesses de la Côte de Nuits, éventuellement avec un village comme un Beaune.
Secundo : quand bien même ce vin avait à sa naissance une force quasi californienne, on avait de l'indulgence pour ce propriétaire qui, avouant sa passion pour ce cépage difficile, avait un amour spécial pour ce vin qu'il savait parfaitement être loin des icônes reconnues.
Tertio : mais, 25 ans plus tard, non seulement le vin était à des années lumières des vins fatigués qui caractérisent si souvent de vieux pinots noirs, mais - ça va vous paraître bizarre - il en avait encore pas mal sous le pied ! Bon : il manquait ces parfums entêtants et cette finesse-signature des immenses Chambertin ou Musigny, mais à tout le moins, il a imposé, ce soir, un réel respect. On est assez loin, quand même, du plus beau pinot noir italien qui est celui des Antinori au
Castello della Sala (qui sera servi à Villa d'Este), la fierté cachée de
Renzo Cotarella, un homme
esquisito di simplicità qui est l'oenologue de toutes les propriétés de cette famille florentine qui a des siècles d'expérience derrière elle. Il n'empêche : un grand salut au Marquis Pancrazi !