D'abord, le titre m’avait accroché. Le spectacle m’a tenu un peu plus d’une heure, debout sous le soleil de Beauvais. Marie-Magdeleine est seule mais elle incarne 8 personnages (elle a écrit le texte avec Julien Marot). La performance est époustouflante. Chaque geste, chaque ton de voix permet de reconnaître instantanément chaque membre de la fratrie (deux frères, trois soeurs) et chacun des parents (père, mère et grand-mère). Il y a aussi un chat, gentiment ou lestement traité par chacun, selon ses humeurs, son âge, son impatience. Un remarquable travail du son vient souligner les dialogues. Et de cette famille on saura tout. Il faut dire que les enfants sont ou entrent dans les âges où la vie est une aventure qui commence et qu’il est bon de déguster. Un test de grossesse, l’envie de ne plus aller à l’école, les différences entre garçons et filles, voilà de quoi réunir le Conseil de Fratrie où les décisions sont prises à l’unanimité : Myriam, la plus jeune, n’ira plus à l’école, on ne parlera pas aux parents de la grossesse de Quitterie, l’aînée… Mais au cours du repas, Jean-Marie, le père, sortira plusieurs fois pour fumer une petite cigarette… Et pourquoi la grand-mère ne mémorise pas le prénom de Joseph, qu’elle appelle Georges, et pourquoi Myriam saigne du nez, et pourquoi Sarah et pourquoi Jean-Marc… Et Marie-Odile, la mère, dans tout ça, qui en sait plus qu’elle n’en a l’air… C’est une famille nombreuse dans son intimité, dans ce qu’elle partage, dans ce qu’on y apprend de l’autre en le côtoyant chaque jour, dans ce qu’on y apprend de la vie, de la mort et de l’amour aussi. Ils sont plusieurs, elle est unique.
J'ai vu ce spectacle au Festival Malices et Merveilles, à Beauvais (60).