Par Coralie Schaub —
Selon un classement révélé mercredi par une nouvelle ONG britannique, InfluenceMap, près de la moitié des 100 plus grosses multinationales font obstruction aux politiques climatiques. Mais Google fait figure de bon élève.
- Google, entreprise la mieux classée sur les questions climatiques
Bon point à Google, bonnet d’âne à Koch
Côté entreprises, Google, Unilever et Cisco Systems récoltent un B. Google, vraiment ? Dans la petite fiche qui lui est consacrée, InfluenceMap explique notamment que le géant californien a poussé les décideurs politiques américains à soutenir les énergies renouvelables et qu’il «ne semble appartenir à aucune organisation patronale résistant à l’adoption de législations sur le climat». Quant à Unilever (marques Dove, Knorr, Lipton…), bien mieux noté que son concurrent Procter & Gamble (Gillette, Wella, Ariel…), classé E-, l’ONG avance par exemple que son PDG a «fréquemment plaidé en faveur d’un traité onusien ambitieux sur le changement climatique»Parmi les F, on trouve Koch Industries, la seconde plus grosse société non cotée au monde (génie pétrolier, génie chimique, finance, courtage de matières premières, élevage…). Sans grande surprise, puisqu’il est de notoriété publique que celle-ci pèse de tout son poids – y compris en finançant les groupes de pression climato-sceptiques – pour s’opposer à toute politique climatique et empêcher le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.Pour ce qui concerne la France, tous secteurs confondus, Vinci est le mieux classé (C+), suivi d’Orange et L’Oréal (C), EDF (C-), Sanofi et Airbus (D) et enfin Total (E+), ce dernier étant classé au même niveau que Ford, Bayer, Rio Tinto ou Lukoil.Le Medef et Total épinglés
A propos de Vinci, InfluenceMap estime entre autres que sa communication en direction des investisseurs «suggère le soutien à une taxe carbone et à la transition vers une économie bas carbone». Reste que le groupe entretient des «relations indirectes», notamment via des filiales, avec Business Europe, le Medef ou la Chambre de commerce des Etats-Unis, «qui toutes semblent avoir un impact actif et négatif sur les politiques climatiques». Le Medef est en effet très mal noté par l’ONG, récoltant un piètre E-, tant il «semble s’être systématiquement opposé»aux politiques climatiques, soutenant par ailleurs l’exploitation des gaz de schiste.Outre une influence «active et largement négative» sur les politiques climatiques, la petite fiche sur Total souligne de «fréquentes contradictions dans le message» du géant pétrolier, qui a par exemple«pris part à des initiatives soutenant la transition énergétique et la suppression des subventions aux énergies fossiles» tout en soutenant par ailleurs «l’utilisation future de toutes les sources d’énergie», et en lançant une campagne publicitaire présentant le pétrole comme une«énergie meilleure». Les dirigeants de Total occupent aussi des postes de poids dans «plusieurs organisations» qui résistent à toute législation climatique, notamment au Medef. Parmi les treize compagnies du secteur des énergies fossiles analysées, Total figure toutefois dans les trois «meilleures», avec l’italienne ENI et l’anglo-néerlandaise Shell.«De plus en plus, les entreprises comptent sur leurs associations professionnelles pour exécuter leurs basses œuvres de lobbying» visant à bloquer les politiques climatiques, remarque Gretchen Goldman, de l’Union of Concerned Scientists, dans le communiqué de l’ONG. Parmi celles-ci – InfluenceMap préférant d’ailleurs parler d'«influence» plutôt que de lobbying –, figurent des «investissements massifs» dans la communication (publicité, réseaux sociaux…) depuis les années 90, mais aussi des «appels téléphoniques de la part des PDG aux responsables politiques lors de moments clés de l’élaboration des politiques publiques».Coralie Schaubhttp://www.liberation.fr/economie/2015/09/16/quelles-sont-les-entreprises-les-plus-favorables-aux-questions-climatiques_1383219?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook