Peter Lindbergh
Jean Paul Gaultier & Nadja Auermann, Paris, 2015.
© Peter Lindbergh Studio, Paris / Gagosian Gallery
Munich après Paris où l´expo Jean-Paul Gaultier a attiré cet été plus de 400000 visiteurs et surtout visiteuses (80/100 de femmes contre 20/100 d´hommes). L´exposition itinérante a été réalisée par le Musée des Beaux-arts de Montréal et la collaboration de la Maison Jean Paul Gaultier de Paris. L´expo a été initiée en 2011 et mise en tournée par Nathalie Bondil, directrice et conservatrice en chef du Musée des Beaux-Arts de Montréal, et préparée par Thierry-Maxime Loriot, qui en est le commissaire (un commissaire d´autant plus compétent qu´il a commencé sa carrière comme mannequin!). Munich est la onzième étape de la tournée mondiale de cette exposition.
L´exposition intitulée « From the catwalk to the sidewalk » n'est pas vraiment conçue comme une rétrospective de l´oeuvre du génial créateur français, même si des créations de toutes les périodes de l´artiste sont présentées, mais plutôt comme un spectacle, une mise en scène qui nous plonge dans l'univers de Jean-Paul Gaultier et véhicule son message de tolérance et d´ouverture, un message novateur qui fait fi de tous les stéréotypes et de toutes les conventions. Elle retrace 40 ans de carrière du créateur au travers de 160 pièces avec, outre des vêtements typiques du prêt-à-porter qui ont contribué à révolutionner l´art de la mode, des pièces de collection extraordinaires comme le corset arboré Madonna lors de sa tournée Blond ambition Tour ou encore les costumes confectionnés pour le film Kika de Pedro Almodovar.
L´expo se décline en sept chapitres et commence par une salle qui rappelle le salon de beauté de la grand-mère du petit Jean-Paul qui y circulait fasciné par le charme désuet des corsets, une pièce d´habillement qui devait devenir centrale dans ses créations. Les diverses salles mettent en scène ici le monde de la mer, avec des marins sensuels et des sirènes ou des nymphes auxquelles viennent se mêler, comme en contrepoint, des saintes et des madones, là celui de la jungle, plus loin le punk cancan, là encore un podium où des mannequins défilent, ou, en fin de parcours, une fabuleuse collection de robes de mariées. Oktoberfest oblige, on verra aussi des créations de vêtements bavarois
que Jean-Paul Gaultier a spécialement créés pour l´expo munichoise.
Partout on ae rend compte du rôle prépondérant de la photographie dans l´oeuvre de Gaultier et des relations privilégiées qu´il a entretenues avec nombre de photographes, Andy Warhol, Peter Lindbergh ou Pierre et Gilles pour ne citer qu´eux. Celui aussi du cinéma qui fascine l´artiste qui a collaboré à de nombreux films dont il a réalisé les costumes.
L´oeuvre de Jean-Paul Gaultier et profondément érotisée, il magnifie le corps de la femme en en soulignant et en en détaillant les attributs avec ses corsets aux seins coniques à lignes concentriques et pointus ou avec ses tissus imprimés de photographies de sexes féminins ou porteurs de pubis en relief. Une oeuvre au delà des tabous qui est également tout à fait ouverte à la diversité et qui brise les frontières que d´aucuns voudraient trouver au genre. Chantre du mariage gay auquel il a consacré une collection, Jean-Paul Gautier qui depuis toujours crée des corsets et des jupes pour hommes a conçu la première robe de marié pour homme. Fasciné par le transgenre il a habillé Conchita Wurst qui est à la fois une femme et un homme magnifiques.
L´exposition est dynamisée par l´animation de nombreux mannequins parlants et aux visages mobilisés par des projections vidéo d´une technique de pointe telle qu´elle parait leur donner la vie et dont les messages nous font pénétrer plus avant dans la vision du monde de Jean-Paul Gaultier, un des plus fascinants créateurs contemporains.
A ne pas manquer, un des grands événements de la collection automne-hiver des expos munichoises!
Jusqu´au 14 février 2016 à la Kunsthalle de Munich.