Nouvelle preuve de l’efficacité de la stimulation cérébrale externe, donc non invasive, sur l’amélioration temporaire des symptômes moteurs chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, avec cette étude de la Johns Hopkins Medicine, publiée dans le Journal of Neuroscience.
Les patients atteints de la maladie de Parkinson (PD) éprouvent de multiples symptômes moteurs dont le ralentissement et la baisse d’intensité de leurs mouvements ou encore, pour 50% d’entre eux, des troubles de la marche qui vont affecter non seulement la mobilité, mais aussi l’équilibre. La stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMTr) a déjà montré, dans de précédentes études, sa capacité à réduire ces troubles.
Cette équipe de scientifiques de Johns Hopkins nous explique qu’une partie de ces troubles peut être liée à une analyse coût-bénéfice du cerveau faussée par la perte de dopamine chez ces patients.
La perte de dopamine associée à la maladie implique un effort démesuré à la zone cérébrale touchée pour accomplir ces mouvements, de sorte que le cerveau est moins disposé à mobiliser cette zone, explique le Pr Reza Shadmehr, professeur de génie biomédical à la Johns Hopkins. La dopamine, rappellent les auteurs, une substance chimique libérée dans le cortex par des neurones spécialisés, stimule l’effort pour parvenir à une récompense. Dans la maladie de Parkinson, les neurones dopaminergiques meurent généralement sur un côté du cerveau, ce qui affecte la capacité du patient à exercer un effort ou un mouvement avec le côté opposé du corps.
La stimulation du cortex peut déclencher les neurones récalcitrants : L’étude menée sur un petit groupe de 20 patients atteints de Parkinson montre aussi et à nouveau que la stimulation du cortex via des électrodes externes peut corriger une partie de cette distorsion cérébrale et réduire, certes temporairement les symptômes moteurs de certains patients. La stimulation par courant continu peut compenser partiellement la perte de dopamine en diminuant cet effort démesuré du cerveau.
- Dans leur première expérience, 30 participants, tous droitiers, dont 15 patients atteints et 15 témoins en bonne santé, ont été invités à serrer des poignées afin de pouvoir évaluer leur force appliquée. Les participants devaient ensuite exercer une force musculaire équivalente à environ 2 kilos pour déplacer un curseur électronique sur un écran d’ordinateur vers une cible. Ils avaient la possibilité d’utiliser des deux bras pour réaliser l’exercice, répété une dizaine de fois dans 16 directions différentes reconstituant 360°.
- L’expérience montre que si les témoins exercent une force similaire des 2 bras pour parvenir à l’objectif, les personnes atteintes vont devoir exercer une force double avec le bras le moins touché, qui peut alors apporter jusqu’à 70% de la force nécessaire. Les chercheurs constatent aussi que les patients évitent de trop utiliser leur bras affecté dans les directions dans lesquelles ils ont le plus de difficulté à contrôler la génération de la force.
- L’expérience de stimulation du cerveau, menée ensuite chez 25 patients, montre que la stimulation transcrânienne à courant continu (STCC) permet de mieux déclencher l’action des neurones grâce à une légère stimulation par des électrodes placées sur le cuir chevelu. » En gros « , les cellules les plus proches de leur seuil de déclenchement sont engagées par le micro-courant.
- Au fil des expériences, les chercheurs aboutissent à une forme de stimulation, connue sous le nom de stimulation transcrânienne à courant continu cathodique, qui semble encore mieux fonctionner et accroître l’engagement du bras affecté. Cette forme de stimulation produit une réduction moyenne estimée à 25% des symptômes moteurs tels que mesurés par l’échelle UPDRS (Unified Parkinson’s Disease Rating Scale).
- Enfin, l’efficacité de la STCC testée chez 10 patients sur une période limitée à 10 jours apporte elle-aussi une amélioration significative mais temporaire. Un résultat qui ne surprend pas, alors qu’aucune nouvelle cellule dopaminergique n’a été créée.
Il n’empêche que cette intervention, simple et non invasive, confirme peu à peu son intérêt pour soulager les patients parkinsoniens. Peut-être bientôt, un dispositif à usage domestique ?
Source: Journal of Neuroscience 2 September 2015, doi: 10.1523/JNEUROSCI.1827-15.2015 Altering Effort Costs in Parkinson’s Disease with Noninvasive Cortical Stimulation (Visuel@Reza Shadmehr, Johns Hopkins Medicine)
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