Life // De Anton Corbijn. Avec Robert Pattinson et Dane DeHaan.
Life est sensé être l’histoire de ce jeune photographe, Dennis Stock, mais c’est plus l’histoire de James Dean finalement. Incarné par Dane DeHaan. Ce dernier est la vraie révélation de ce film. Il crève l’écran et surprend dans sa manière d’incarner l’acteur. Ce n’est probablement pas facile de jouer un acteur aussi emblématique de la pop culture américaine. Il a su marquer toute une génération (et encore aujourd’hui - alors que des acteurs comme Ryan Gosling sont comparés à James Dean -) alors qu’il n’a pourtant fait que trois films et est mort particulièrement jeune. Cet acteur a beau avoir un jeu imparfait, ne collant peut-être pas toujours à James Dean et laissant entrevoir un peu plus de la personnalité de l’acteur et de ce que ce dernier voulait peut-être donner à son rôle mais c’est intelligent. Il injecte à son personnage une dose d’émotions assez étonnante. Je ne connaissais pas plus que ça cet acteur (The Place Beyond the Pines, The Amazing Spiderman 2) mais je dois avouer qu’il vient de prouver ici qu’il avait tout d’un grand et surtout, qu’il peut incarner un acteur comme James Dean sans véritablement de fausses notes. A côté de la prestation de cet acteur, on retrouve donc un Robert Pattinson beaucoup plus terne. Ce dernier évite de tomber dans la mono-expression et nous offre ainsi son meilleur.
Un jeune photographe qui cherche à se faire un nom croise un acteur débutant et décide de lui consacrer un reportage. Cette série de photos iconiques rendit célèbre le photographe Dennis Stock et immortalisa celui qui allait devenir une star : James Dean.
Mais Life n’est pas un film sans problème. Le plus gros problème de ce film c’est probablement sa premier demi-heure. Elle installe l’histoire de Dennis, la place qu’il va occuper dans la vie de James Dean, mais c’est long et beaucoup de passages n’ont pas vraiment d’intérêt. Si j’apprécie dès que Life entre dans quelque chose de plus intimiste (c’est aussi le travail qui était demandé à Dennis avec ses photos, montrer la « vraie » vie de James Dean, comme le suggère également le titre du magazine, Life). Cet emblème américain est une institution de la presse dans le monde de la photographie. C’est donc intelligent de prendre le partie de raconter l’histoire de ce point de vue là. Dernièrement Life semble revenir à la mode alors que Ben Stiller avait utilisé ce magazine dans son film Walter Mitty qui ne m’avait d’ailleurs pas totalement convaincu. Accessoirement, Life est pourtant une belle réussite dès qu’il le veut bien. Au delà de la prestation de Dane DeHaan, le film parvient à raconter l’histoire de James Dean de façon assez intelligente, notamment la question de sa supposée bisexualité. C’est quelque chose dont beaucoup ont parlé et il y a une telle ambiguité dans la relation entre Dennis et James que cela ne peut être qu’une référence à cette bisexualité. D’autant plus que l’on ne voit pas vraiment James Dean fricoter.
Ce dernier est peut-être aussi un artiste comblé par son art. C’est un autre point que cherche à mettre en avant Life. Afin de ne pas rester trop statique, le film cherche à créer sa propre ambiance. On a donc droit à un semi-biopic (car ce n’est pas que ça non plus) avec quelque chose de beaucoup plus intelligent dedans. La façon dont cela est mis en scène y est pour beaucoup. Anton Corbijn, déjà à l’origine du très bon Un homme très recherché et accessoirement de Control démontre ici son amour pour tout autre chose après être passé par le registre de l’espionnage de John le Carré et la musique. Malgré tout, j’apprécie énormément le travail qui a été fait ici. On retrouve alors sa façon de mettre les choses en scène, sa façon de se pencher sur l’univers qu’il cherche à dépeindre (ici la photographie et accessoirement celui de la starification d’un jeune garçon qui est voué à devenir l’une des jeunes stars montantes à Hollywood qui n’aura jamais eu la chance d’avoir la grande carrière qu’il avait devant lui). C’est aussi un film sur la façon dont une relation peut se tisser entre un photographe et son sujet. Une relation très ambigüe certes mais qui parvient aussi à faire écho au premier film du réalisateur et sa façon d’aborder certaines thématiques fortes comme la mort, la jeunesse ou contre le génie.
Note : 7.5/10. En bref, un film imparfait qui pèche dans sa première partie mais qui décolle par la suite.