Les Australiens ont été les premiers à remporter deux Coupes du Monde, rejoints ensuite par les Sud Africains et les Néo Zélandais. Hormis le pilier des Boks Os du Randt, les autres détenteurs de deux trophées mondiaux sont aussies, à savoir John Eales, Tim Horan, Jason Little, Phil Kearns et Dan Crowley. Ces joueurs font partie du Hall of Fame (choix personnels) à découvrir sur le site. Co-organisateurs du Mondial 1987 avec leurs voisins Néo Zélandais, les Wallabies termineront à la 4e place après s’être inclinés en demies face à la France et le fameux essai en coin de Serge Blanco au Concord Oval. La sélection d’Alan Jones aura tout de même emmagasiné une belle expérience qui s’avèrera précieuse pour les joueurs ayant été reconduits jusqu’au Mondial suivant, en 1991, sous la direction de Bob Dwyer. En effet les David Campese, Michael Lynagh, Nick Farr Jones, Simon Poidevin voire Troy Cocker seront les cadres de la sélection qui remportera la première Coupe du Monde des Wallabies à Twickenham face à l’Angleterre. Il s’en est fallu de peu pour que les hommes du capitaine Farr Jones s’inclinent en quarts à Lansdowne Road face à l’Irlande, Lynagh inscrivant l’essai de la victoire dans les derniers instants du match alors que les Irlandais se voyaient déjà en demies. Campese terminera meilleur marqueur d’essais du tournoi à égalité avec Jean-Baptiste Lafond.
Nick Farr Jones et David Campese soulèvent la première Coupe Web Ellis de l’Australie en 1991
Le drop improbable de Stephen Larkham en demies face aux Springboks
Malgré un effectif solide mêlant jeunes joueurs et rugbymen expérimentés, la Coupe du Monde 1995 sera un échec pour les Wallabies. Défaits en quarts contre des Anglais revanchards et le jeu au pied précis de Rob Andrew, ils avaient déjà connu une lourde défaite contre les Springboks en match d’ouverture. Bob Dwyer ne sera pas reconduit et plusieurs anciens prendront leur retraite internationale. Nommé comme pompier de secours à la place de Greg Smith en 1997 après plusieurs défaites honteuses, Rod MacQueen s’évertue à mettre en place un jeu basé sur le physique de ses joueurs, prenant ainsi un coup d’avance sur les nations Européennes. Lors du Mondial 1999, les Green & Gold emmenés par John Eales, Tim Horan, George Gregan, Stephen Larkham, Joe Roff, Matt Burke et Toutai Kefu écrasent leur poule E, balayent les Gallois en quarts à Cardiff pour défier les tenants du titre Sud Africains à Twickenham. En mettant en place un jeu pour bloquer les tentatives de drop d’un Jannie de Beer moins en réussite qu’au tour précédent, ils s’imposent dans un match aux antipodes du spectacle offensif proposé par le XV de France et les All Blacks dans l’autre demie. Que des coups de pieds de Matt Burke mais surtout un drop de 48m sorti de nulle part de Stephen Larkham, improbable compte tenu des deux pieds gauches de l’ouvreur des Brumbies. Ils s’imposent ensuite logiquement en finale en écrasant physiquement et tactiquement des Bleus ayant terminé leur Mondial au tour précédent. Second titre pour l’Australie!
Le groupe des Wallabies venant de remporter sa seconde Coupe Web Ellis face à la France
Le grand George Gregan aura participé à 4 Mondiaux mais n’aura remporté que celui de 1999
Avec ses starlettes du XIII recrutées à grand prix (Lote Tuqiri, Wendell Sailor et Matt Rogers), les Wallabies d’Eddie Jones sortent premiers de la Poule A de leur Coupe du Monde à la maison en 2003. On se souvient de la démonstration 142 à 0 face à la Namibie à Adélaïde ou le 90 à 8 devant la Roumanie à Brisbane mais la première place à failli leur passer sous le nez contre l’Irlande où ils ne l’ont emporté que d’un point. Après un quart facile face à l’Ecosse, les Australiens font déjouer les All Blacks et s’imposent grâce au pied d’Elton Flatley 10 à 22 à Sydney. Malheureusement Jonny Wilkinson tuera leurs espoirs de triplé à cause de son fameux drop de la victoire en finale. Le Mondial 2007 est ensuite à oublier… mauvais coach en la personne de John Connolly, sélection plus que moyenne et au jeu minimaliste uniquement basé sur des trois quarts préférant la puissance au jeu et conflits internes… Échec logique en quarts à Marseille.
George Gregan et Phil Waugh ne peuvent rien faire face au drop de la victoire de Jonny Wilkinson en 2003
Conspué durant tout le tournoi, Quade Cooper rentrera gravement blessé en Australie
L’espoir en permis en 2011 lorsque les Wallabies arrivent en Nouvelle Zélande. Certes les All Blacks restent favoris mais, Robbie Deans, en poste depuis 3 saisons, a mis en place un groupe de jeunes talentueux qui vient de remporter le dernier Tri Nations de l’histoire, les Reds du Queensland ayant également remporté le Super Rugby. Les jeunes Quade Cooper, Kurtley Beale, James O’Connor voire David Pocock semblent marcher sur l’eau. Cependant, pris en grippe par le soit disant fair play public kiwi, Cooper déjoue complètement et les Australiens ne sont pas au niveau espéré. Après une surprenante défaite à l’Eden Park face à des Irlandais survoltés, les Green & Gold dominent l’Afrique du Sud en quarts grâce à un arbitrage plus que conciliant. Ils s’inclinent ensuite lourdement et logiquement face aux All Blacks en demies mais rentreront au pays avec la médaille de bronze remportée face au Pays de Galles. Le début de quatre saisons assez chargées en coulisses. Maintenu jusqu’à la tournée des Lions Britanniques & Irlandais en 2013, Deans est de plus en plus contesté et les joueurs commencent à se désolidariser. Après l’échec des Wallabies face aux Lions, c’est Ewen McKenzie qui est recruté comme le sauveur après plusieurs bonnes saisons dans le Queensland. Cependant après un épisode digne d’une telenovela, il paye les pots cassés d’une altercation entre une de ses assistantes et Kurtley Beale et se voit contraint de démissionner… Il a depuis complètement quitter le milieu ovale Australien. Tout juste lauréat du Super Rugby 2014 avec les Waratahs, Michael Cheika est nommé comme pompier de service un mois avant la tournée de novembre. La dernière ligne droite avant le début de la Coupe du Monde s’annonce donc tendue pour l’Australie.
LEUR SAISON 2015
Avant même le début des rencontres internationales, la fédération Australienne s’illustre en promulguant la “Loi Giteau”, permettant aux Australiens expatriés mais ayant porté le maillot des Wallabies à plus de 60 reprises de redevenir sélectionnables. En effet, à l’instar des All Blacks, des Anglais et bientôt des Argentins, seuls les joueurs évoluant au pays ont le droit d’être sélectionnés. Une loi ciblée pour que Matt Giteau, en pleine bourre avec Toulon, redevienne Wallaby et dont son coéquipier Drew Mitchell a également bénéficié. Le nom de George Smith a également circulé mais il faut n’avoir regardé que le Top 14 pour y avoir cru un instant! Outre les deux pensionnaires du championnat de France, Kane Douglas (recruté à prix d’or par les Reds courant août) et Dean Mumm (rentré aux Waratahs fin juin) ont réintégré directement le groupe Australien.
Les Toulonnais Drew Mitchell et Matt Giteau de retour avec les Wallabies, soulevant le trophée du Rugby Championship 2015
Revenu courant juin aux Waratahs, Dean Mumm a intégré rapidement le groupe Australien
La tournée de Juin ayant été annulée, les Wallabies attaquent 2015 par le Rugby Championship et la réception des Springboks à Brisbane. Après une mauvaise entame de match, les Australiens se reprennent en main et finissent par s’imposer dans les dernières minutes du match sur le score de 24 à 20. L’euphorie du moment ne doit pas faire oublier que la victoire a mis beaucoup de temps à se dessiner, ce que Cheika a bien compris. Mis à part quelques joueurs clés comme Stephen Moore, Scott Fardy, Adam Ashley Cooper ou Israel Folau, le sélectionneur a pas mal fait tourner afin de tester plusieurs stratégies. La leçon de Brisbane a payé et les Wallabies dominent largement les Pumas à Mendoza le week end suivant avec un succès 34 à 9. Pour le match aller de la Bledisloe Cup, l’équipe type est alignée et les chances de l’Australie semblent bonnes pour la première fois depuis 4 ans. Les Green & Gold s’imposeront finalement 27 à 19 à Sydney et remportent ainsi un Rugby Championship réduit pour cette année de Mondial. Les All Blacks prennent une large revanche le week-end suivant à Auckland face à des Australiens peu combatifs, un peu comme s’ils avaient laissé filé la rencontre. Actuellement aux Etats Unis où ils terminent leur préparation sur le campus de la University of Notre Dame dans l’Illinois, les Australiens en ont profité pour l’emporter face aux USA Eagles sur le score de 47 à 10 au Soldier Field de Chicago.
LE STAFF TECHNIQUE
J’en parlais un peu plus haut, le flou autour de “l’affaire” Kurtley Beale en fin de saison dernière a provoqué la démission surprise fin août 2014 d’Ewen McKenzie de son poste de sélectionneur. Vainqueur du Super Rugby 2014 avec les Waratahs, Michael Cheika a donc été nommé en urgence pour diriger les Wallabies lors de la tournée de Novembre 2014 aux résultats plus que médiocres. Sous contrat avec la franchise du NSW jusqu’à la fin du Super Rugby 2015, Cheika a donc porté la double casquette de sélectionneur/entraîneur se rendant ainsi vulnérable à des soupçons de favoritisme finalement infondés. Ancien joueur et entraîneur du Randwick DRUFC, un des clubs les plus importants en Australie basé à Coogee dans le Sud de Sydney, Cheika s’est surtout illustré aux commandes du Leinster avec une Coupe d’Europe. Après deux saisons délicates à Paris avec un effectif peu qualitatif, il rebondit aux Waratahs qui remporteront le premier Super Rugby de leur histoire. Un coach à l’expérience internationale qui permet aux Wallabies de sortir de leur nombrilisme Australien et de préparer le Mondial dans les meilleurs dispositions.
Le meilleur coach Australien actuellement (Michael Cheika) associé au plus prometteur (Stephen Larkham). Les Wallabies ne peuvent pas être mieux encadré.
Mario Ledesma ou la bonne pioche du staff Australien
Trois anciens internationaux composent le staff de de Cheika. Pour s’occuper des lignes arrières, le sélectionneur a réussi un grand coup en réussissant à convaincre Stephen Larkham d’intégrer son staff technique. Aux commandes des Brumbies depuis le départ soudain de Jake White, il a plus que réussi à maintenir les bons résultats de la franchise de Canberra en se qualifiant pour les demies des deux derniers Super Rugby. L’apprentissage express aux côtés de l’actuel coach de Montpellier et de Laurie Fisher a porté ses fruits et aujourd’hui Bernie est certainement ce qui se fait de mieux comme coach en Australie après Cheika. S’il sera certainement un jour sélectionneur national, il est pour le moment en charge de l’attaque Australienne. Nathan Grey a prolongé son bail comme spécialiste de la défense des Waratahs mais il occupe également ce poste depuis deux saisons en équipe nationale. Proche de Cheika, l’ancien international Australien est aussi réputé proche des joueurs. Enfin la surprise du staff reste la nomination de la légende Argentine Mario Ledesma comme entraîneur des avants et spécialiste de la mêlée. Après avoir débuté sa carrière de technicien grâce à Cheika au Stade Français, Ledesma a rejoint le staff de Fabien Galthié à Montpellier. Libre après la tragicomédie que nous a offert le MHR lors du dernier Top 14, Cheika l’appelle au chevet de la mêlée des Waratahs pour le Super Rugby 2015. Les résultats sont probants et c’est tout naturellement qu’il intègre le staff Australien pour le Mondial. Les progrès des avants et de la mêlée des Wallabies sont indéniables cette saison.
L’ÉQUIPE POSTE PAR POSTE
Même s’il n’a plus sa coupe affro aujourd’hui, Tatafu Polota Nau n’en reste pas moins redoutable
Beaucoup de sélectionneurs ont peur de ne se rendre à la Coupe du Monde qu’avec deux talonneurs dans leur groupe. Ce n’est pas le cas de Michael Cheika qui n’a sélectionné que ses deux principaux spécialistes, faisant confiance au pilier Scott Sio pour dépanner en cas d’urgence. Un postulat loin d’être ridicule comme l’a d’ailleurs expliqué Mario Ledesma dans la presse. “En parlant de mon expérience personnelle, j’ai participé à plusieurs Coupes du Monde (1999, 2003, 2007 et en 2011) avec l’Argentine et nous avons toujours eu deux talonneurs et un pilier pouvant dépanner comme talonneur et comme c’est le cas ici. Ça ne me pose pas de problème! Nous avons deux des meilleurs talonneurs du monde et je suis vraiment à l’aise”. Il n’a pas tort, je ne pense pas qu’on puisse perdre un Mondial à cause de l’absence d’un troisième talonneur “au cas où”! Le capitaine Stephen Moore part bien entendu titulaire après son superbe Super Rugby. Gravement blessé lors des premières minutes du premier test match face au XV de France en juin dernier, Moore a su se préparer efficacement pour revenir à son meilleur niveau et écraser toute concurrence. Leader et capitaine incontesté des Brumbies, il a mené son équipe en demi finale du tournoi face aux Hurricanes à Wellington. Si ses lancers précis en touche sont désormais réputés, on connait moins sa capacité à avancer balle en main ainsi que son travail dans les rucks et sa mobilité. Tatafu Polota Nau sera son back up comme c’est le cas depuis 2005 quand le talonneur des Waratahs n’est pas blessé ou absent après une commotion cérébrale! Considéré comme un papa des joueurs d’origine Islander aux Waratahs comme en équipe nationale, c’est avant tout un puissant avant ne rechignant pas aux tâches défensives.
Sekope Kepu et Stephen Moore sont régulièrement titulaires en première ligne. Scott Sio est le remplaçant de James Slipper.
James Slipper, indéboulonable titulaire à gauche de la mêlée
On retrouve cinq piliers dans le groupe Australien. A droite, Sekope Kepu est devenu indispensable et affiche une progression constante depuis l’arrivée de Michael Cheika à la tête des Waratahs. S’intégrant parfaitement au sein du rugby fait de passes et d’initiatives proposé par les Tahs voire les Wallabies, il s’est amélioré cette année sur les phases statiques et dans les rucks grâce aux conseils de Mario Ledesma. Le futur Bordelais, joueur mobile, actif dans les rucks et utile au soutien et balle en main, aura peut être du mal en Top 14 mais il faudra que ses adversaires oublient l’étiquette de Wallaby franchement fragile qui lui collait auparavant à la peau. Ne concédant que peu de pénalités, il s’est également illustré grâce à ses offloads, sa grosse défense ainsi que ses solides placages. Son back up est l’inattendu Greg Holmes, rappelé par Cheika après avoir été longtemps snobé par ses prédécesseurs malgré de bonnes prestations avec les Reds. Il se distingue surtout en mêlée. A seulement 26 ans James Slipper possède déjà plus de 60 capes internationales. Membre du leadership group Australien, il est également capitaine des Reds. Surtout réputé pour sa mobilité, sa défense et son soutien rapide, il a progressé ses dernières années en mêlée fermée. Titulaire à gauche devant Scott Sio, le gaucher des Brumbies qui progresse rapidement depuis ses début internationaux au point d’avoir été préféré aux anciens Benn Robinson et Ben Alexander. Enfin Toby Smith a effectué ses débuts internationaux face aux USA Eagles la semaine dernière. Double vainqueur du Super Rugby avec les Chiefs, il s’est engagé avec les Melbourne Rebels l’an passé afin de porter le maillot de son pays de naissance. Polyvalent des deux côtés de la mêlée (bien que généralement aligné à gauche), il est réputé pour ses qualités lors des phases statiques mais aussi pour ses courses ballon en main et sa mobilité.
Le retour du puissant Kane Douglas avec les Wallabies est une belle surprise pour Michael Cheika
Rob Simmons est indispensable à la touche Australienne
L’an dernier, la seconde ligne était le maillon faible des Wallabies suite aux départs et à la relève qui tardait à se pointer. Un an plus tard, Cheika se paye le luxe de laisser James Horwill et Sam Carter à la maison grâce aux retours en Australie de Kane Douglas et Dean Mumm. Et encore, Douglas a juste vu son contrat être racheté au Leinster par la fédération Australienne mais il n’a pas encore porté le maillot des Queensland Reds! Réputé pour sa puissance et son style de seconde ligne “enforcer”, Kane Douglas a eu beaucoup de mal à s’adapter au rugby en Irlande et dans l’hémisphère Nord. Un renfort physique de poids pour Cheika. Plus complet, polyvalent en seconde et troisième ligne et habile sauteur en touche, Mumm n’est revenu qu’en juin de son exil à Exeter et a participé à quelques rencontres des Waratahs en fin de saison. L’ancien capitaine des Chiefs en Angleterre sera aussi un leader expérimenté de ce groupe. Mais en touche Michael Cheika comptera surtout sur le Queenslander Rob Simmons qui a passé cette année la barre des 50 capes. Surnommé the lineout general, il est indispensable au pack Australien. Au fil des saisons il s’est amélioré du point de vue disciplinaire et est aujourd’hui, malgré ce que sa fausse discrétion pourrait laisser supposer, l’un des vice capitaine des Queensland Reds. Enfin, last but not least, le redoutable Will Skelton complète ce groupe de quatre locks. Le puissant deuxième ligne des Waratahs avait déjà marqué les esprits l’an passé et affiché de nombreux progrès mais il a énormément travaillé physiquement afin d’être capable de tenir un match entier. Il doit désormais canaliser son agressivité pour ne plus coûter de pénalités à son équipe.
Michael Hooper et David Pocock sont considérés comme deux des meilleurs flankers Mondiaux… et dire que l’un pourrait ne pas être titulaire!
Scott Fardy est l’un des Australiens les plus utilisé par Cheika
Grosse qualité au sein du backrow où tous les postes ont été doublés! Scott Fardy est devenu indispensable au système de Michael Cheika et devrait être titularisé au poste de numéro 6. Le Brumby qui a éclos sur le tard en Super Rugby après une pige au Japon est devenu depuis incontournable chez les Wallabies où les coachs louent son professionnalisme, son expérience mais surtout sa défense acharnée. Polyvalent en seconde ligne, c’est en blindside flanker qu’il devrait porter le maillot des Green & Gold cette année. Outre ses placages rugueux, il est également un atout important en touche. Encore une grosse saison pour Sean McMahon qui s’était révélé après son année pleine en 2014 et qui sera le back up de Fardy. International à VII depuis 2011 alors qu’il n’était encore que lycéen, le natif de Brisbane a débuté à XV avec GPS Rugby en 2013 avant d’être recruté à Melbourne. 2014 était son année car, en plus de ses débuts en Super Rugby et en équipe nationale, il a été nommé capitaine des espoirs Australiens pour la Coupe du Monde -20 ans et a performé en NRC avec les Rising. Il y a du Rocky Elsom en Sean McMahon, un troisième ligne complet rude à l’impact, très présent dans le jeu au sol et capable de placages dévastateurs. C’est au poste d’openside flanker que Cheika va rencontrer un gros problème… de riche! Son premier choix, vice capitaine et titulaire depuis trois ans, Michael Hooper. Son second choix, grand blessé sur le retour et considéré en 2011 comme le meilleur 7 du monde, David Pocock! Impressionnant dès ses débuts internationaux, Hooper n’a pas chômé en passant même un cap supérieur dans son profil de joueur plaqueur/coureur au cours des saisons 2013 et 2014, devenant un rugbyman explosif, disponible et à l’abatage énorme. Contrairement à une sorte de légende urbaine qui circule, Hooper n’est pas vraiment un gratteur, au sens où ce n’est pas sa spécialité. Sa spécialité c’est sa disponibilité, notamment en attaque. En progressant ces dernières saisons sur ses turnovers ainsi que sur son leadership (tout en conservant une communication discrète) il est devenu ce flanker complet et indispensable. Le revenant Pocock, Australien d’origine Zimbabwéenne, a enfin été épargné par les blessures en 2015 après trois saisons cauchemardesques. Il a enfin pu démontrer l’étendue de son talent à Canberra avec les Brumbies, en particulier pour gratter les ballons où il est l’un voire LE meilleur de la planète ovale. Également précieux grâce à ses nombreux ballons portés, il s’est illustré offensivement avec 8 essais à son actif en Super Rugby (dont 2 triplés) faisant de lui l’avant ayant inscrit le plus d’essais de ce tournoi à égalité avec Boom Prinsloo. L’association Hooper (7) et Pocock (8) contre les All Blacks à Sydney a prouvé son efficacité avec le succès des Wallabies 27 à 19 et une belle prestation de la troisième ligne dans son ensemble. Au poste de numéro 8, si l’option Pocock n’est pas privilégiée, nous devrions retrouver Wycliff Palu qui, bien que protégé par Cheika après un enchainement de pépins physiques, reste le numéro 1 de la hiérarchie. Gros plaqueur, bon défenseur et joueur puissant difficile à stopper, il veillera à réussir son dernier rendez vous international avant de poursuivre sa carrière au Japon. Plus discret, Ben McCalman est également une option sérieuse en 8 mais aussi en 6 comme face aux USA Eagles. Il a gagné sa place dans le squad après un Super Rugby de qualité malgré la faiblesse de la Western Force. Véritable tracteur, il fait partie du top 10 de ballons portés du dernier tournoi.
Sans être la charnière la plus impressionante du circuit Mondial, Foley et Phipps offrent plus de sécurité que Genia et Cooper
Plus aussi brillants qu’en 2011, Will Genia & Quade Cooper peuvent encore frapper
Opposition de styles pour les deux charnières emmenés par Michael Cheika en Angleterre. Au choix la paire des Queensland Reds qui bénéficie de 8 saisons d’association en Super Rugby, réputée fantasque et plus adaptée à un jeu offensif. L’autre option sera la charnière des NSW Waratahs, capable du pire comme du meilleur, d’une animation offensive parfaite à la prestation indigente truffée de fautes techniques. Le futur Parisien Will Genia était encore indispensable au début de l’année dernière quand, en plus d’être un joueur individuellement incroyable, il épatait par sa gestion du jeu hors pair, sa passe fluide et sa grande lucidité. Ne se trompant que rarement, le natif de Papouasie a affiché au fil des années un niveau de jeu ne se détériorant pas et pouvait clairement être considéré comme le meilleur demi de mêlée au monde devant Aaron Smith. Il n’est malheureusement plus aussi tranchant depuis sa blessure à la cheville l’an passé et ses performances ont fortement impacté le niveau de jeu des Reds, insipides lors du dernier Super Rugby. Quade Cooper est lui branché sur courant alternatif depuis la dernière Coupe du Monde. Tantôt brillant, tantôt déprimant, toujours critiqué, Cooper n’est plus indiscutable comme il l’était encore en 2011. Le souffre douleur des kiwis ne compense plus ses lacunes défensives criantes par son génie en attaque. Souvent indiscipliné, il coûte également de plus en plus de points à ses équipes. Lui donner les clés du camion est un risque. Nick Phipps est un peu le Morgan Parra (voire le Jean Marc Doussain) Australien quand on parle de vitesse de libération des ballons. Demi de mêlée correct, il peut réussir de belles performances grâce à sa rapidité et sa vision du jeu voire son jeu au pied mais s’il n’est pas dans un grand jour, ses performances impactent drastiquement le niveau de l’équipe. Associé à Bernard Foley, ils offrent toutefois plus de “garanties sécuritaires” que la charnière des Reds. Capable d’attaquer la ligne, sans en abuser, le 10 des Waratahs brille avant tout par sa capacité à faire jouer les autres, un atout précieux quand on connaît la qualités et la polyvalence des 3/4 Australiens. En ajoutant à cela ses qualités de buteur et son sang froid, Cheika pourrait bien tenir là son 10 titulaire et son buteur pour le Mondial 2015.
Puissant, rapide et redoutable finisseur, Tevita Kuridrani est le titulaire de Michael Cheika en 13
En forme, Kurtley Beale est le couteau Suisse des 3/4 Australiens
Abondance de biens au poste de numéro 12, où un “second ouvreur” devrait être aligné. Avec une loi spécifiquement éditée pour lui, Matt Giteau est le grand favori pour occuper le poste lors des matchs importants. Sa mise à l’écart de la sélection nationale en 2011 par Robbie Deans a pu passé pour une sanction injuste mais il ne faut pas oublier le niveau de ses performances à l’époque où il ne pesait sur aucune rencontre et exigeait pourtant de se voir confier les clés de l’attaque Australienne. A Toulon depuis quatre saisons, Giteau a prouvé qu’il n’était pas en pré-retraite et a étoffé son jeu au point de redevenir un joueur cadre des Wallabies et d’apporter sa sérénité et son expérience aux 3/4 Australiens. Sa polyvalence (12-10-9), sa technique balle en main, son expérience des matchs à enjeux (plus fréquents dans le Nord que dans le Sud) ainsi que son jeu au pied seront des atouts précieux pour l’Australie à condition qu’il soit au service du jeu et non pas en charge de celui ci. En fonction de la stratégie du match et/ou de la charnière alignée, Matt Toomua ou Kurtley Beale pourront également évoluer comme inside centres. L’habituel ouvreur des Brumbies est exclusivement utilisé à ce poste en équipe nationale depuis 2013, l’année où il s’est révélé à Canberra grâce à Jake White. Considéré à tort comme un joueur “conservateur”, il est capable de réveiller une attaque comme ce fut le cas lors de la dernière victoire face aux All Blacks lorsqu’il entre en jeu à la place de Bernard Foley. Sa défense sérieuse est surtout mise en avant quand il joue 12 mais aussi sa complémentarité avec ses coéquipiers des Brumbies Kuridrani, Speight et/ou Tomane. Beale a lui retrouvé sa superbe en retournant à Sydney la saison passée. Auparavant, Kurtley Beale était encore trimbalé de l’ouverture à l’arrière en passant par le centre et son rôle aussi bien en franchise (Melbourne Rebels) qu’en équipe nationale semblait tout sauf déterminé. Stop. Désormais Beale a trouvé une vraie équipe (les Waratahs), un poste fixe (premier centre) et un vrai style de jeu, celui de passeur/créateur. Et du coup cela change tout. Beale vient d’enchainer ses deux meilleures saisons. Il fait souvent les bons choix, porte beaucoup (à hauteur de 14 courses par match) et fait les bonnes passes au bon moment. Israel Folau lui doit beaucoup. Enfin le poste d’outside centre revient à Tevita Kuridrani, Adam Ashley Cooper semblant définitivement fixé à l’aile avec les Wallabies. Né sur les iles Fidji en 1991, Tevita Kuridrani n’est arrivé en Australie et plus particulièrement dans le Queensland qu’en 2007. Découvert par Jake White qui l’a rapidement fait signer aux Brumbies en 2012, le cousin de Nemani Nadolo s’est rapidement imposé à Canberra au point de connaître les honneurs d’une première sélection internationale en 2013. Il a depuis enchaîné les titularisations et les observateurs voient en lui le successeur naturel d’un Stirling Mortlock jamais réellement remplacé sous le maillot 13. Puissant et rapide, il est un relais primordial dans une ligne de trois quarts très joueuse où sa capacité à casser les placages fait des merveilles. Il a montré une belle complémentarité avec Folau tout comme avec ses coéquipiers aux Brumbies Toomua et Speight.
Adam Ashley Cooper alias “Mr Versatile”, aussi brillant à l’aile qu’au centre voire à l’arrière
Henry “Jules Winnfield” Speight, pourrait être la bonne suprise Australienne du Mondial
Si le nombre de front rowers faisant le voyage semble restreint par rapport à d’autres sélections nationales, Cheika et Larkham n’ont pas hésité à emmener avec eux 6 joueurs pour composer le back three. Adam Ashley Cooper est l’un des rares joueurs à avoir conservé sa place de titulaire avec les trois derniers coachs Australiens en exercice. Mr Versatile, qui jouera pour Bordeaux dès la fin de la Coupe du Monde, épate par son leadership (Cheika l’a nommé vice capitaine) et sa justesse de jeu. Mr Fix It est aussi un modèle en terme de préparation physique et d’hygiène de vie; il n’a manqué en effet que quelques rencontres avec les Wallabies depuis ses débuts et fait partie à 31 ans du restreint cercle des joueurs sélectionnés à plus de 100 reprises. Toujours excellemment placé, c’est aussi un redoutable défenseur. Il retrouvera son pote Drew Mitchell dans le squad, l’ailier du RC Toulon ayant bénéficié du même amendement au règlement que Matt Giteau. Les trois joueurs sont d’ailleurs réputés très proches ce qui est un atout dans un groupe qui doit vivre ensemble plus de deux mois! Prolifique marqueur d’essai, joueur rapide capable de trouver des intervalles dans la défense adverse, il profite de l’absence de hiérarchie établie pour le second poste d’ailier en équipe nationale. Henry Speight semble toutefois avoir l’avantage même s’il reste relativement novice au niveau international. Personne d’autre n’arrive à se fondre dans un effectif aussi bien que lui, tout en gardant les qualités individuelles qui lui sont propres. Un bon ailier c’est aussi ça : être au service des autres et Speight l’est sans doute plus que Folau and co., rois des statistiques. De toute manière, l’ailier des Brumbies sort de deux saisons de haut niveau et l’on note sa régularité sans faille (hors blessures) à un poste où il est difficile de l’obtenir. Avec 8 essais cette saison, Joe Tomane a marqué le Super Rugby de son emprunte. Mais il peine encore à être considéré comme une valeur sûre en équipe nationale. Puissant ball runner, il a étoffé son jeu en 2015 pour ne plus être le cliché du treiziste passé à quinze. Rob Horne a longtemps été un centre coffre à ballon au potentiel international relativement maigre. Mais c’était avant l’arrivée de Cheika aux Waratahs et son repositionnement à l’aile (au grand dam de David Campese). Utilisé chez les Green and Gold comme impact player pour sa défense, il ne faut toute de même pas lui laisser trop d’espace.
Israel Folau est considéré par beaucoup comme le meilleur arrière du monde
Si plusieurs joueurs cités précédemment peuvent évoluer au poste d’arrière, le poste est déjà réservé par un homme, Israel Folau. S’il se limitait aux ballons hauts, Israel Folau serait déjà un bon arrière. Mais il en a décidé autrement. Fantastique joueur de ballon également, Israel Folau est devenu la meilleure arme offensive des Aussies et leur try scorer attitré. Et pourtant, qui l’eût-cru ? Arrivé en fanfare du rugby à XIII via une pige en footy pour le Super Rugby, Folau aurait pu tout autant décevoir. Oui mais voilà, il n’aura pas fallu longtemps à Folau pour s’acclimater au rugby à XV. S’il n’a pas forcément le jeu au pied d’arrières plus classiques, Folau est imbattable pour ce qui est des relances, des skills et du jeu après-contact. Un joueur d’instinct, offensif dont on ne soulignera jamais assez l’intelligence de jeu et de placement. Sa vitesse, son explosivité et sa puissance physique parlent pour lui mais il sait surtout faire ce qu’il faut faire au bon moment.
QUI A RATE L’AVION ?
Pas de mondial pour James Horwil, capitaine en 2011.
En y regardant de plus près, y a t-il des surprises dans ce groupe de 31 joueurs? Les absences du seconde ligne James Horwill ou du troisième ligne Scott Higginbotham ont pu choquer mais sont elles si surprenantes? Le premier cité, capitaine des Wallabies en 2011, vient de terminer une saison difficile où il a semblé dépassé, hors de rythme. Il a couté de nombreux points aux Queensland Reds avec ses deux rouges cette saison. C’est également l’indiscipline qui a certainement écarté Higgers de la sélection. Le style de jeu voulu en 8 par Cheika et Ledesma n’y est également pas pour rien. Blessé dès le début de saison internationale, Sam Carter a vu le Mondial lui filer sous le nez avec le retour de Kane Douglas. Il s’est engagé pour six semaines avec Bordeaux pour être près de l’Angleterre… au cas où! Longtemps indéboulonnables (et moqués à travers le monde) en mêlée, Benn Robinson et Ben Alexander sont sortis des plans de Cheika. Seuls les Australiens peuvent être surpris par ces omissions! Matt Hodgson, Liam Gill ou Jake Schatz sont tout simplement moins bons que les autres troisièmes ligne sélectionnés. Luke Jones, excellent en Super Rugby, aurait mérité d’être présent mais il devrait devenir l’un des cadres de l’équipe dès les prochaines saisons.
La logique sportive est (enfin) respectée! Mais Stephen Moore sera orphelin de Ben Alexander et Benn Robinson
Le Brumby Christian Lealiifano reste en réserve.
Derrière, les coachs se sont surtout privés de Nic White en décidant de n’emmener que deux demis de mêlée. Il a donc rejoint son exil à Montpellier plus tôt et reste en réserve en cas de blessure. Son coéquipier des Brumbies Christian Lealiifano est la victime collatérale du retour de Matt Giteau en équipe nationale. Nick Cummins n’a jamais été incontournable chez les Wallabies mais réussissait à faire parler de lui grâce à ses déclarations sorties de nulle part. Malheureusement après une pige ratée au Japon et un Super Rugby moyen avec la Western Force, il n’a plus sa place en équipe nationale. Place que n’a également pas pu récupérer James O’Connor, une décision pourtant logique que ceux ne regardant que le Top 14 n’ont toujours pas compris. Karmichael Hunt a manqué son pari et ne participera pas à la Coupe du Monde.
EQUIPE TYPE PROBABLE
1. James SLIPPER – 2. Stephen MOORE (cap) – 3. Sekope KEPU – 4. Kane DOUGLAS – 5. Rob SIMMONS – 6. Scott FARDY – 7. Michael HOOPER – 8. Wycliff PALU ou David POCOCK – 9. Nick PHIPPS – 10. Bernard FOLEY – 11. Henry SPEIGHT – 12. Matt GITEAU – 13. Tevita KURIDRANI – 14. Adam ASHLEY COOPER – 15. Israel FOLAU
NOTRE PRONOSTIC
Les Wallabies ont hérité de la Poule A aka “La Poule de la Mort” où ils affronteront l’Angleterre, le Pays de Galles, les Fidji et l’Uruguay. Pour éviter le cauchemar de 2011 où la défaite face à l’Irlande les avait placé dans le tableau des All Blacks et des Springboks, ils doivent absolument remporter leurs 4 rencontres. Si les Gallois sont à leur portée, le choc de Twickenham face aux Anglais sera plus difficile à aborder, surtout que l’arbitre se nomme Romain Poite. S’ils sortent premiers de leur poule, les Australiens ont un boulevard pour la finale où tout est possible. Le troisième titre Mondial de leur histoire leur tendrait ainsi les bras. S’ils passent en seconde position, il leur serait difficile d’écarter les Springboks en quarts de finale.