Et le combat cessa, faute de combattants… Il paraît loin ce temps où la blogosphère s’écharpait sur la question des tablettes à l’école et peut-être involontairement vais-je rallumer la flamme. Il est bien temps, me direz-vous, de la ramener. Certes… Mais, comme toujours, je préfère laisser les choses s’apaiser et relancer le débat de manière réfléchie.
Alors, des tablettes à l’école, ça m’enchante même s’il faut reconnaître qu’il faut aussi des ordinateurs. Mais peut-être l’école a-t-elle besoin de faire un grand pas en avant et de se rapprocher le plus de l’outil que les élèves utilisent au quotidien : le portable… Je me souviens des TO7 qui ont bercé mes années collège et du doux ronronnement de leur cassette, tandis que chez moi je découvrais la puissance d’ordinateurs comme l’Amstrad CPC 6128. Que l’école rate certaines étapes du développement informatique et passe à la case tablettes directement, pourquoi pas ? D’autant que les tablettes, ça fait déjà un petit bout de temps que cela existe et il serait temps de s’y mettre. Cela ne veut cependant pas dire qu’il faut sauter sur toutes les innovations technologiques sans réflexion. Les tablettes constituent à mon sens une chance, d’autant que, si elles sont loin de permettre toutes les possibilités d’un ordinateur, elles ne sont cependant pas dépourvues d’atouts.
Une tablette, c’est un appareil photo numérique par exemple, doublée d’une caméra et d’un enregistreur sonore, un outil de capture mais aussi de création de ressources, un outil de consultation de ressources quand on voit la richesse du domaine public et du monde libre. C’est un outil d’apprentissage, de découverte doté de nombreuses applications gratuites ou à bas-coût, un environnement de programmation grâce à ScratchJR ou aux applications Python. C’est un outil complet d’éducation grâce à Sugarizer. C’est enfin un outil de partage grâce à l’application permettant de transformer toute tablette en Piratebox.
Halte-là, malandrin, me direz-vous ! Piratebox, partage, pirapartage !!!??? Mais vous êtes fou.
1 – Ce sont des enfants et, rappelez-vous votre enfance, des enfants, ça échange, ça partage (des billes, des images, des jeux, des disquettes… – ça c’était de mon temps -). Allez leur dire qu’en numérique on ne partage pas serait totalement ridicule. Prévenir le piratage (vu que c’est bien de cette peur-là qu’il s’agit), c’est une bonne fois pour toutes oser plonger dans le monde libre et s’en faire l’écho.
2 – C’est le nom qui gêne ? Oserais-je rappeler que ces applications sont libres, que quelques institutions peuvent très bien se mutualiser pour financer un programmeur et développer la version de leurs rêves.
Bref, des tablettes à l’école, oui ! A quelques conditions près cependant, conditions que j’oserais même qualifier de « sine qua none ».
Primo, à condition que l’on ne considère pas les tablettes comme une fin en soi. Une tablette, c’est utile, on peut réaliser de belles choses avec mais cela reste un complément. Je travaille énormément avec ma tablette : capture, écriture, brouillons musicaux, prototypage de code, réseaux sociaux, mails, lecture, veille… Mais il y a toujours un moment où je reviens vers l’ordinateur. Donc fournir des tablettes et ne pas équiper les écoles en ordinateurs dignes de ce nom ou les laisser baigner dans un environnement obsolète serait un non-sens. Faisons ce bond en avant mais équipons un minimum en ordinateurs pour que l’environnement soit idéal.
Secundo, à condition que ces tablettes soient véritablement connectées, pas seulement à Internet mais bel et bien connectées à l’ensemble de l’équipement de l’école, soient intégrées véritablement dans le réseau, dans l’apprentissage et qu’elles ne fassent pas office de gadget.
Tertio, à condition qu’il y ait une formation adéquate autant technique que pédagogique, une formation qui ne se contente pas de présenter des applications mais qui fasse de l’utilisateur un véritable « sachant » et non un simple consommateur de contenus.
Enfin, et j’insiste sur ce dernier point, à la condition expresse que ces tablettes ne soient pas enfermées dans un vaste système hiérarchique nécessitant validation, autorisation, re-validation, re-autorisation… Si une usine à gaz doit gérer le fonctionnement des tablettes et leur contenu, nul doute qu’elles auront plus d’utilité en tant que cale-livres que comme dispositif numérique.
Un entrepreneur me disait récemment que le processus hiérarchique pour être efficace se devait d’être transparent et surtout invisible. Il ne doit pas s’avérer incompréhensible, ni être synonyme de lourdeur. Je me souviens d’un décideur qui, par peur ou plutôt paranoïa totale, voulait interdire que les utilisateurs d’un futur réseau social professionnel puissent mettre une photo sur leur profil. Autoriser la photo et réagir a posteriori était, d’après lui, une attitude non-professionnelle. Devinez ce qu’il advint de ce réseau : il ne vit jamais le jour, les futurs utilisateurs n’en voyant pas l’intérêt et préférant utiliser les réseaux sociaux à leur disposition, soit Facebook, Twitter, Google+ et les applications comme Google Docs…
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