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Marian Izaguirre : La vie quand elle était à nous

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La vie quand elle était à nous de Marian Izaguirre   3/5 (02-09-2015)

La vie quand elle était à nous (400 pages) sort le 1er octobre 2015 aux Editions Albin Michel.

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L’histoire (éditeur) :

« Quand la vie était à nous »... Lola regrette le temps où son existence était peuplée de promesses et d’illusions, de livres et de discussions enflammées, d’amour et de projets pour bâtir une Espagne démocratique. L’espoir de 1936.
Quinze années ont passé et ses rêves se sont envolés. Il ne lui reste de cette époque, à elle et à son mari Matias, qu’une petite librairie dans les ruelles sombres d’un quartier de Madrid. C’est dans ce modeste lieu de résistance culturelle que Lola fait la connaissance d’Alice, une anglaise hantée par son passé et particulièrement par la mort de l’homme qu’elle aimait. 
Intriguée par un livre en vitrine, Alice entraîne Lola dans une lecture singulière et bouleversante : La fille aux cheveux de lin, l’histoire de Rose, anglaise comme elle, soupçonnée d’être la fille du duc d Ashford... Une amitié sincère voit le jour à mesure que les deux femmes découvrent ce livre qui va lier leur destin à jamais.

Mon avis :

Lors d’une ballade dans Madrid, Alice croise un homme chargé de livres. Intriguée, elle décide de le suivre et découvre une petite librairie-papeterie tenue par un couple, située dans une ruelle en retrait, loin des grandes avenues.  Lola et Matias rachètent discrètement des service-presse à un critique d’ABC qu’ils revendent, seul moyen de faire fonctionner leur petit commerce tant bien que mal en cette difficile période de dictature franquiste où la censure fait rage.

« Cette guerre a été dévastatrice, pas seulement à cause des morts et de la perte de nos droits. Le pire de tout, du moins pour moi, ça été la perte des illusions. Parce qu’au début du push militaire on était dans une espèce d’aventure donquichottesque : défendre la liberté, les droits de la classe laborieuse, l’indépendance des femmes… (…) et puis tout est devenu mauvais, mesquin, misérable, a-t-elle poursuivi d’une voix légèrement tremblante. La souffrance et la peur ont tout détruit. » Page 119

Un matin, Matias trouve dans une pile de livres le roman de la fille secrète du Duc d’Ashford « La fille aux cheveux de lin ». Il le lit d’une traite et tombe sous le charme de ce roman de 1946 évoquant la guerre d’Espagne. Malgré le sujet, il décide d’exposer dans la vitrine deux pages chaque jour afin d’offrir  cette lecture aux passants. Finalement, peu de badauds s’en intéressent et c’est Alice qui, après avoir lu les premières pages, instaure avec Lola une routine de lecture, se retrouvant deux jours par semaine pour découvrir l’histoire de Rose Tomlin.

La vie quand elle était à nous est une délicieuse lecture qui laisse le lecteur parcourir deux histoires : celle d’Alice se liant d’amitié avec Lola et Matias que l’on apprend à découvrir, et pour lesquels on se prend très vite d’affection, et celle du livre « La fille aux cheveux de lin ». Le récit de Rose est passionnant, elle nous entraîne dans sa vie palpitante et touchante du début du XXème siècle jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.

Il y a une forme de suspens qui se forme et que l’auteure ménage bien, car à chaque fois que les deux femmes reposent le livre l’impatience de retrouver Rose se forme aussi bien chez Alice et Lola que chez le lecteur. La lecture est dynamique, alternant les deux époques et les deux narrations distinctes.  Marian Izaguirre    nous transporte sans peine  dans les deux ambiances qu’elle rend parfaitement, sans pour autant nous assommer de descriptions fastidieuses. Avec quelques détails, des noms de personnalités et un peu d’histoire, on se déplace d’un récit à l’autre avec facilité et plaisir.

« Le livre de Rose Tomlin nous emmenait si loin qu’ensuite il était difficile de revenir à la réalité. Et quand nous y revenions, chacune de nous avait besoin de sentir que l’autre était bien là. (…) Je peux seulement dire qu’après chaque lecture nous nous regardions comme s’il y avait un contact physique entre ses yeux et les miens. » Page 116

Le style est agréable mais j’ai eu parfois un peu de mal avec des tournures (comme s’il manquait des mots, j’ai été obligée de les relire une à deux fois afin de bien les comprendre). D’autre part, la manière dont commencent des chapitres m’a un peu dérangée, n’arrivant pas à déterminer s’il s’agissait d’un point de vue d’Alice ou celui de Lola. J’ai vite finit par savoir de quelle narratrice il était question à force de les connaître mais ce petit temps d’adaptation a plus d’une fois casser mon rythme, sans pour autant me donner envie d’en finir au plus vite ni de l’abandonner.

Au contraire, ceci mis à part, c’est une bonne lecture qui, même si elle possède une part de prévisibilité, réserve des surprises et sait maintenir l’intérêt du lecteur, grâce notamment à cet alternance des scénarios et la grande question : comment ces deux histoires qui n’ont pas grand-chose en commun vont elle finir par se rejoindre ?

La vie quand elle était à nous est un final un beau livre qui parle de rencontres, de courage et d’amour….et de livres !

«  Le voilà. Mon libraire. Celui qui m’approvisionne en rêves et me « soulage de la réalité ». » Page 190

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